L’étude clinique de phase 1 du vaccin candidat développé dans le cadre d'une collaboration de R&D entre Themis Bioscience GmbH et l'Institut Pasteur (Paris) montre que le vaccin est immunogène, inoffensif et bien toléré
Themis Bioscience (« Themis »), une société de biotechnologie dédiée au développement de vaccins prophylactiques innovants contre les infections tropicales émergentes, et l’Institut Pasteur, centre international de recherche biomédicale basé à Paris (France), ont annoncé aujourd'hui la publication dans la revue The Lancet Infectious Diseases des résultats de l'étude clinique de phase I d’un vaccin contre le chikungunya basé sur le virus vaccinal de la rougeole recombinant (MV-CHIK). L'étude a été réalisée en collaboration avec le Département de Pharmacologie Clinique de l'Université Médicale de Vienne, et le Département Maladies Virales de l'Institut de recherche militaire Walter Reed (Walter Reed Army Institute of Research - WRAIR) aux États-Unis. L'article s’intitule « Immunogenicity, safety, and tolerability of a recombinant measles-virus-based chikungunya vaccine: a randomised, double-blind, placebo-controlled, active-comparator, first-in-man trial ».
Communiqué de presse
Vienne, Autriche, le 2 mars 2015
Le chikungunya est une maladie virale transmise par les moustiques et dont les symptômes sont de fortes fièvres et maux de tête, des douleurs articulaires et musculaires, ainsi que des hémorragies. Un grand nombre de patients infectés souffrent de séquelles chroniques durant des mois ou des années après l'infection. Le virus du chikungunya est originaire d’Asie et d’Afrique. Le nombre croissant des voyages et des mouvements de population, ainsi que le réchauffement climatique ont entraîné une augmentation de l’incidence de la maladie et son apparition dans les zones tempérées, étendant ainsi la menace pour la santé mondiale. Depuis fin 2013, plus d'un million de cas ont été recensés rien que dans les Amériques et aux Caraïbes. Le chikungunya est devenu un important problème de santé publique et économique.
L'étude clinique de phase I du vaccin contre le chikungunya de Themis basé sur le vaccin de la rougeole recombinant, a été réalisée entre novembre 2013 et juin 2014, sur un ensemble de 42 volontaires sains des deux sexes âgés de 18 à 45 ans qui ont été randomisés en 4 groupes. Des doses faibles, moyennes ou fortes du vaccin ont été administrées et un groupe contrôle a reçu le Priorix (vaccin standard contre la rougeole). L'objectif de cette étude était de déterminer l'immunogénicité, l'innocuité et la tolérance du vaccin. Les volontaires randomisés ont ensuite reçu un rappel administré 1 mois ou 3 mois après la première vaccination.
Le vaccin expérimental a induit des anticorps neutralisants contre le virus du chikungunya dans tous les groupes dès la première immunisation, les taux de séroconversion* des participants étant de 44 % dans le groupe ayant reçu la dose faible, 92 % dans le groupe ayant reçu la dose moyenne, et 90 % dans le groupe ayant reçu la dose élevée. L'immunogénicité du vaccin expérimental n'a pas été affectée par l'immunité préexistante contre la rougeole. La deuxième vaccination de rappel a entraîné la séroconversion de 100 % des participants dans tous les groupes ayant reçu le vaccin expérimental. Le profil général d'innocuité est bon. Bien que le taux d'effets indésirables augmente avec la dose et le volume de vaccin, aucun effet indésirable grave lié au vaccin n'a été observé.
Pour le Dr Frédéric Tangy, chef de l'unité de Génomique virale et vaccination à l'Institut Pasteur (Institut Pasteur, CNRS UMR-3569), qui a développé cette technologie vaccinale, « Le vaccin contre la rougeole a déjà prouvé son efficacité et son innocuité sur plus d'un milliard d’individus vaccinés au cours des 40 dernières années. Cette plateforme offre donc un excellent profil d'innocuité et les avantages évidents d'un procédé de fabrication validé et éprouvé. Ces résultats montrent en outre que le vecteur rougeole peut être utilisé alors qu'une immunité anti-rougeole est déjà présente, ceci probablement parce qu'il s'agit d'un vecteur vivant réplicatif. Cela confère un autre avantage de poids à cette technologie. »
« Les récentes épidémies ont entraîné une prise de conscience généralisée de la menace que représente le virus du chikungunya partout dans le monde. Bien qu'un travail supplémentaire soit nécessaire pour confirmer à plus grand échelle l'innocuité, la tolérance et la capacité du vaccin à protéger contre le virus du chikungunya, nos premières données laissent penser que ce nouveau vaccin est un excellent candidat pour aider à résoudre cette urgence médicale », explique le PDG de Themis, Dr. Erich Tauber. « Ces résultats prometteurs nous permettent de progresser dans notre programme et d’envisager de tester rapidement ce vaccin contre le chikungunya dans des études cliniques de phase II. »
*Taux de séroconversion : pourcentage de participants/patients qui produisent des anticorps.
À propos de Themis
Themis Bioscience GmbH développe des vaccins prophylactiques en mettant l'accent sur les maladies infectieuses tropicales émergentes et possède des vaccins expérimentaux actuellement en développement pour le chikungunya et la dengue. La société a la licence mondiale exclusive pour les vaccins contre la dengue et le chikungunya, basés sur la plateforme innovante et brevetée de vecteur du vaccin contre la rougeole de l'Institut Pasteur de Paris. Cette plateforme est à la base du nombre croissant de vaccins de Themis. Themis et l'Institut Pasteur collaborent activement sur d'autres cibles. Themis a été fondée en septembre 2009 par des experts en vaccins et est basée à Vienne. Pour plus d'informations, rendez-vous sur le site : www.themisbio.com
À propos de l'Institut Pasteur
Centre de recherche biomédicale de renommée internationale, l’Institut Pasteur, créé en 1887 par Louis Pasteur, est une fondation privée reconnue d’utilité publique. Il a pour mission de contribuer à la prévention et à la lutte contre les maladies, en France et dans le monde, par la recherche scientifique et médicale, l’enseignement et des actions de santé publique. Près de 2400 personnes travaillent sur son campus à Paris. Parallèlement à des recherches sur le fonctionnement du vivant, une grande partie de ses travaux est consacrée à l’étude des maladies infectieuses, de maladies génétiques, neuro-dégénératives ou de certains cancers. L’Institut Pasteur est au cœur d’un Réseau international qui regroupe 32 instituts sur les cinq continents. Depuis sa création, dix chercheurs ont reçu le Prix Nobel de Physiologie ou Médecine. www.pasteur.fr
À propos de la technologie vaccinale
La technologie de base de la plateforme du vecteur rougeole développée à l’Institut Pasteur est concédée en licence à Themis. La plateforme utilise un vecteur dérivé du vaccin anti-rougeole standard. Des gènes codant des antigènes sélectionnés du virus du chikungunya ont été introduits dans le génome du vaccin contre la rougeole. Le vaccin rougeole-chikungunya libère ainsi les antigènes du virus chikungunya directement aux macrophages et aux cellules dendritiques, les cellules présentatrices d'antigène les plus efficaces, déclenchant une réaction immunitaire spécifique, susceptible de conférer une immunité à long terme, comme dans le cas du virus de la rougeole.
Illustration : Particules du virus Chikungunya à la surface d'un fibroblaste. © Institut Pasteur/Thérèse Couderc et Marc Lecuit, unité de Biologie des Infections Inserm U1117
Source
Immunogenicity, safety, and tolerability of a recombinant measles-virus-based chikungunya vaccine: a randomised, double-blind, placebo-controlled, active-comparator, first-in-man trial, The Lancet Infectious Diseases, publié en ligne le 2 mars 2015.
Katrin Ramsauer, PhDb,†, Michael Schwameis, MDa,†, Christa Firbas, MDa, Matthias Müllner, PhDb, Robert J Putnak, PhDe, Stephen J Thomas, MDe, Philippe Desprèsd, Erich Tauber, MDb, Dr Bernd Jilma, MDa, Frederic Tangy, PhDc
a Department of Clinical Pharmacology, Medical University of Vienna, Austria, Europe
b Themis Bioscience GmbH, Vienna, Austria
c Viral Genomics and Vaccination Unit, Institut Pasteur, Paris, CNRS UMR-3569, France
d Department of Infections and Epidemiology, Institut Pasteur, La Réunion, UMR U1187 PIMIT (I2T), France
e Walter Reed Army Institute of Research, Viral Diseases Branch, Silver Springs, MD, USA
† Ces auteurs ont contribué équitablement.