« Épidémies, pandémies, une histoire sans fin ? » : une question pour la recherche, les citoyens et la société
Ce texte n'est pas un compte-rendu complet des actes du colloque mais se veut un retour sur quelques grands thèmes exposés durant la journée. Vous pouvez retrouver un résumé de chaque intervention ici (cliquez sur le visage de l'orateur pour accéder au contenu)
Voir ci-dessous le replay du colloque « Épidémies, pandémies : une histoire sans fin ? », organisé le 7 décembre 2022 à l’Institut Pasteur.
Après trois ans de pandémie de Covid-19 et dans un contexte où le dérèglement climatique risque d’accélérer les émergences virales, l’Institut Pasteur a organisé le 7 décembre 2022 le colloque Épidémies, pandémies : une histoire sans fin ? placé sous le haut patronage de Monsieur Emmanuel Macron, président de la République. Cette conférence était ouverte au grand public, et son programme scientifique a été établi par deux experts de l’Institut Pasteur : Pascale Cossart, biologiste spécialisée en microbiologie cellulaire et membre de l’Académie des sciences depuis 2002 ; et Oliver Schwartz, virologue et responsable de l’unité Virus et immunité de l’Institut Pasteur. Les maladies infectieuses émergentes sont en effet toujours d’actualité, d’autant plus mises au-devant de la scène avec la pandémie de Covid-19. Mais tout n’est pas que l’affaire des épidémiologistes : les contextes sociaux, économiques, politiques... ont également leur rôle à jouer dans la gravité et la durabilité des épidémies. C’est pourquoi une approche multidisciplinaire One Health, qui consiste à surveiller l’environnement et les populations animales et humaines, représente le plus grand espoir pour comprendre, prévenir et endiguer les épidémies et les pandémies futures.
Lors de ce colloque, les allocutions de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et du ministre de la Santé et de la Prévention ont rappelé les liens indissociables entre excellence de la recherche et enjeux de santé publique.
La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Sylvie Retailleau a ouvert la session en insistant notamment sur « la nécessité de mieux coordonner notre réponse aux crises sanitaires ». Elle a mentionné également l’importance de « redonner confiance en la science dans une période de diffusion de fake news et théories complotistes ». Elle a enfin souligné que la crise sanitaire traversée était un enjeu « pour la santé psychique, en particulier des personnes précaires ».
Des solutions viables existent-elles, ou est-ce que les épidémies et les pandémies seraient une histoire sans fin ? Éclairer, informer, dénouer le vrai du faux, apporter du rationnel, voilà ce que ce colloque de l’Institut Pasteur a mis en avant, donnant ainsi un écho à l'esprit de son fondateur, Louis Pasteur, à l’heure de la célébration du bicentenaire de sa naissance.
Les pandémies du XXe siècle et leur héritage
Plusieurs interventions, lors de ce colloque, ont été l’occasion de revenir sur la longue histoire des épidémies. D'où le sous-titre “Une histoire sans fin" car non seulement il est difficile de fixer précisément la fin d'une épidémie ou d'une pandémie (les résurgences restent possibles, comme l’a rappelé Philippe Sansonetti, microbiologiste, professeur émérite à l’Institut Pasteur et au Collège de France et membre de l’Académie des sciences) mais d’autres épidémies émergeront immanquablement.
- Lire Les émergences, un fait fatal et imprévisible, de Jean-Claude Manuguerra, responsable de l’unité Environnement et risques infectieux, à l'Institut Pasteur. -
Patrick Berche, ancien directeur général de l'Institut Pasteur de Lille, a même ajouté que les pandémies (épidémies à l’échelle mondiale) ne sont pas des phénomènes nouveaux, puisque l’humanité a dû les affronter dès le Néolithique. Les primates, les rongeurs, les chauves-souris, les oiseaux, les animaux de compagnie et le bétail, sont historiquement le point de départ de la majorité des maladies infectieuses émergentes. Antoine Gessain, responsable de l’unité d'Epidémiologie et physiopathologie des virus oncogènes, a rappelé que 70% des maladies infectieuses émergentes sont des zoonoses. Les réservoirs animaux et les modes de transmission sont variés mais se font surtout par contact avec les fluides biologiques des animaux (sang, salives, urines, …)
- Lire aussi Variole du singe / MonkeyPox : un « portrait-robot » de la maladie - (avec Antoine Gessain de l’Institut Pasteur)
Maladies et autres facteurs sociaux et environnementaux peuvent en outre synergiser pour produire des effets encore plus délétères : on appelle cela une syndémie. Le sida et la Covid-19 sont des exemples de syndémies, les deux maladies perdurant entre autres à cause des inégalités d’accès aux soins.
Epidémie, censure et conflits politiques
Laura Spinney, journaliste scientifique et romancière, est spécialiste de l’épidémie de grippe espagnole ayant sévi en 1918. L’auteure du livre La grande tueuse : comment la grippe espagnole a changé le monde (éditions Albin Michel) est venue rappeler l’impact humain de cette pandémie historique. Lors de la Première Guerre Mondiale, la censure de la presse était courante concernant l’épidémie, ce dans l’objectif de consolider l’effort de guerre. L’Espagne, qui ne prenait pas part au conflit, était le seul pays d’Europe à laisser les journaux parler de l’épidémie, ce qui amena à donner à la maladie le nom de “grippe espagnole”. Alors qu’en réalité, le départ de l’épidémie aurait eu lieu au Kansas (Etats-unis), en Angleterre ou en France, selon les sources. En prenant en compte les populations les plus vulnérables, le nombre de morts atteindrait facilement les 100 millions, contre les 24 à 30 millions officiels souvent rapportés.
- Lire aussi 1918-2018 - Les 100 ans de la pandémie de grippe “espagnole” -
« - Quel goût étrange a votre gâteau !
- Une fève à l’antipyrine, à cause de l’Influenza ! »
Les enseignements de la crise Covid sur d’autres maladies
La pandémie de SARS-CoV2 -encore en cours- a eu de lourdes conséquences, sanitaires et sociales notamment. Elle a également eu des effets ambivalents sur la gestion des maladies endémiques. Plus concrètement, elle a bouleversé les activités scientifiques. Les efforts de recherche se sont ainsi largement reportés sur les projets en lien avec la Covid-19, au détriment d’autres maladies. Les périodes de confinement mises en place dans de nombreux pays ont entraîné une interruption forcée des projets de recherche non-Covid à l’échelle mondiale. Cette pause imposée a été un coup d’arrêt brutal dans les progrès effectués dans la recherche contre le sida ou d’autres maladies. Si le retour à la normale des activités de recherche s’est effectué progressivement, la question de la répartition des fonds alloués aux différents projets scientifiques s’est posée dans un second temps. Quelles activités de recherche soutenir en priorité dans le contexte pandémique de la Covid-19 alors que le sida, la tuberculose ou le paludisme, pour ne citer que ces maladies, continuent de faire des centaines de milliers de morts chaque année ?
Si la coordination des réponses à apporter aux multiples menaces microbiennes s’avère délicate, la crise de la Covid-19 a également été un moment où le développement technologique s’est considérablement accéléré. Le déploiement à grande échelle de la vaccination par ARN messager (ARNm) a ainsi très largement permis d’atténuer les conséquences sanitaires de la Covid-19. Par ailleurs, les résultats préliminaires d’un vaccin à ARNm contre le sida s’avèrent pour le moment “très décevants” selon Françoise Barré-Sinoussi, virologue française, Prix Nobel de physiologie ou médecine (2008) pour sa découverte du virus du sida à l’Institut Pasteur en 1983. Toutefois, la pandémie de Covid-19 ouvre potentiellement une nouvelle ère dans l’approche thérapeutique des maladies infectieuses. Outre les réponses thérapeutiques, la crise de la Covid-19 a également abouti à la mise en place d’approches innovantes pour le dépistage, l’intensification des autotests, la préplanification de la télémédecine... : autant d’outils qui pourront être appliqués dans le futur à d’autres maladies.
Car, comme l’a rappelé Philippe Sansonetti en citant Charles Nicolle, “il y aura toujours des maladies nouvelles, c’est un fait fatal”. La période d’urgence sanitaire que nous traversons doit nous permettre de mieux nous préparer aux futures épidémies. Les confinements imposés ont montré leur efficacité pour limiter la propagation virale, surtout ceux ayant été mis en place précocement. Arnaud Fontanet, responsable de l’unité Epidémiologie des maladies émergentes (Institut Pasteur), a ainsi indiqué que les pays ayant appliqué des confinements anticipés ont pu déconfiner plus rapidement. “Ce n’est pas la santé contre l’économie. C’est la santé avec l’économie.” a-t-il ainsi expliqué pour souligner que les conséquences socio-économiques de l’épidémie ne s’opposaient pas à ses conséquences sanitaires, mais bien qu'elles allaient de pair. En outre, Sylvie Retailleau et François Braun ont rappelé le rôle capital des modélisations épidémiologiques pour les instances publiques. Bien qu’encore imparfaites, elles ont montré, dans un contexte pandémique inédit, leur pertinence afin notamment d’anticiper l’afflux de malades dans les structures hospitalières.
- Lire aussi Livre : Tempête parfaite de Philipe Sansonetti -
- Lire aussi Covid-19 : chronique d’une émergence annoncée / sortie de confinement -
Des enjeux éthiques, économiques et sociaux
Frédérick Keck, directeur du laboratoire d'anthropologie sociale (Collège de France, CNRS, EHESS), est revenu sur la grippe aviaire, causée par le virus H5N1. Cette maladie grave affecte de nombreuses espèces d’oiseaux (entre autres les oiseaux d’élevage), mais très rarement l’être humain. Le chercheur a en particulier souligné les enjeux parfois contradictoires pour contrer ces épidémies. une première solution est d'éliminer les animaux infectés ou soupçonnés de l’être. Or, abattre la totalité d’un élevage représente une perte considérable pour les éleveurs de volailles et l’élevage traditionnel en plein air (sans compter le poids psychologique supporté par les éleveurs). Ces réponses radicales et la chasse des oiseaux sauvages suspectés d’être contaminés, provoquent également la colère des animalistes qui ne supportent pas qu’autant d’oiseaux meurent en faveur d’une logique de rentabilité. D'un autre côté, la vaccination des volailles est une solution alternative théoriquement applicable, mais elle risque de favoriser le développement de souches résistantes. L’exportation des volailles vaccinées se heurterait aussi à des obstacles législatifs, tandis que les consommateurs seraient moins enclins à manger de la volaille vaccinée.
Comment comprendre la sensibilité des populations à certaines infections ?
Comment la sélection naturelle a-t-elle joué sur les gènes de l’immunité ? Comment une population arrivant sur un nouveau territoire va s’adapter à son nouvel environnement ? Pour Lluis Quintana Murci, responsable de l’unité de Génétique évolutive humaine à l’Institut Pasteur, il y a une méthode rapide : “se métisser avec la population locale”. Le peuple bantou a ainsi amené le paludisme chez les Pygmées mais leur a aussi apporté un gène de résistance.
- Lire aussi La date d’apparition du paludisme en Afrique remise en question -
L’étude de l’ADN ancien peut ainsi donner beaucoup d’informations sur la compréhension de la sensibilité des populations à certaines infections. Des travaux menés en 2016 ont par exemple démontré qu’il existe bel et bien une différence dans la manière dont ces populations répondent aux infections ; mais aussi que cela est, en grande partie, sous contrôle génétique, et que la sélection naturelle a également participé à modeler nos profils immunitaires. Ils apportent en outre la preuve que l’héritage que les Européens tiennent de l’Homme de Néandertal a en particulier influencé leur aptitude à se protéger des virus.
La multirésistance à l’épreuve de l’innovation
Le paludisme est la maladie parasitaire la plus meurtrière, avec presque un demi-million de morts chaque année dans le monde. Odile Mercereau-Puijalon, aujourd’hui chercheuse invitée à l'Institut Pasteur, a présenté Plasmodium falciparum. Il s'agit de l’agent du paludisme le plus commun et le plus dangereux, qui aurait été transmis des singes vers les humains il y a environ 35 000 ans, et se serait peu à peu adapté à ce nouvel hôte.
Enrayer l’épidémie de paludisme n’est pas chose facile. La prévention consiste notamment à tuer les moustiques vecteurs en utilisant des insecticides, mais des individus résistants font leur apparition. La chloroquine était un médicament couramment utilisé à partir des années 1950 pour éliminer le parasite, avant d’être remplacé par l’artémisinine, moins toxique et bien plus efficace ; mais c’est au tour du Plasmodium de commencer à devenir résistant à ces médicaments. Les vaccins sont, quant à eux, d’une efficacité relative (environ 30 à 40%). À partir de 2015, plusieurs tentatives d’enrayer l’épidémie se sont soldées par un échec, le nombre de personnes contaminées restant à peu près constant à travers le monde.
De nouveaux vaccins sont en développement pour empêcher des Plasmodium moins dangereux, P. vivax et P. chitnis, de pénétrer dans les globules rouges : ces vaccins pourraient à terme être adaptés pour contrer l’infection par P. falciparum. En outre, il a été remarqué que les mutations de certains gènes ont la particularité d’altérer l’hémoglobine humaine et de la rendre moins exploitable par le parasite. Clarifier les effets de ces mutations représente une piste originale et prometteuse pour le développement de traitements basés sur la génétique.
- Lire aussi Paludisme : recréer le cycle sanguin du parasite in vivo pour mieux lutter contre la maladie -
- Lire aussi Une nouvelle cible médicamenteuse contre le paludisme -
Globule rouge humain (en bas à gauche), globule rouge humain infecté par Plasmodium falciparum au stade schizonte (en bas à droite) et globule rouge humain infecté par Plasmodium falciparum au stade gamétocyte IV (en haut), observés au microscope électronique à balayage. Unité de recherche : Biologie des Interactions Hôte-Parasite.
Crédit : Institut Pasteur/Aurélie Claës - colorisation Jean-Marc Panaud
Comment prévenir et affronter les épidémies ?
Encore aujourd’hui, plus de la moitié des menaces qui pèsent sur la santé humaine sont des maladies infectieuses. Sachant que des événements non-biologiques peuvent aussi affecter la santé humaine : guerres, pollution, événements climatiques...
D’après Philippe Sansonetti, une pandémie évolue suivant trois étapes successives : l’apparition de la maladie, son extension, et enfin sa régression. La régression d’une pandémie peut s’effectuer de deux façons : soit la maladie est maitrisée grâce aux traitements sans être éradiquée (arrêt médical), soit les populations apprennent à vivre avec une maladie qui désormais fait partie de leur quotidien (arrêt socio-économique). Pour autant, l’arrêt définitif d’une pandémie à l’échelle planétaire est rare : d’innombrables facteurs géographiques et socio-démographiques compliquent le suivi et le contrôle de la maladie.
Il y a eu cependant des exceptions dans l’histoire. Le virus de la variole a été officiellement éradiqué en 1980, non sans difficultés et faux espoirs. En revanche, le SARS-CoV-1, responsable du SRAS, a pu être isolé en l’espace de quelques mois sans provoquer d’épidémie grâce à un protocole très strict (tester, tracer, isoler) appliqué aux patients suspectés d’être infectés. Une série d’exemples à travers l’histoire, qui montrent l’importance d’un agissement rapide et rigoureux contre les maladies infectieuses émergentes.
Les décisions d’institutions majeures telles que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont un rôle important dans le contrôle des épidémies. Lorsque, trop tôt, l’OMS avait annoncé que l’épidémie d'Ebola était terminée, les campagnes vaccinales et les aides aux pays défavorisés ont été suspendues, ce qui laissa à l’épidémie la possibilité de rebondir. La même erreur avait été commise auparavant avec la grippe espagnole, et sera refaite plus tard avec la Covid-19. Cependant, même en prenant les meilleures décisions, éliminer la Covid-19 demanderait par exemple de vacciner au moins 90% de la population mondiale (comme pour la rougeole actuellement), ce qui représente un défi humanitaire et logistique considérable.
La question de la surveillance des maladies infectieuses dans les populations a également été abordée, une surveillance qui s'exerce même hors période pandémique (c’est le rôle des CNR). Dans l’exemple de la pandémie actuelle de Covid-19, la surveillance permet d’observer l’émergence des variants. Avec tout l’effort de recherche qui découle de cette surveillance pour comprendre les mécanismes de leur apparition, un sujet encore discuté d’après Etienne Simon-Lorière, responsable de l’unité Génomique évolutive des virus à ARN, à l’Institut Pasteur.
Un autre exemple est la surveillance des moustiques, vecteurs de maladie, qu’a évoquée Anna-Bella Failloux, entomologiste et responsable de l’unité Arbovirus et insectes vecteurs à l’Institut Pasteur. Avec le changement climatique, et avec l’intensification des échanges humains, l'impact sur les écosystèmes est aujourd’hui incontestable. L’augmentation moyenne des températures entraine également une hausse de la densité de moustiques, mais aussi l'élargissement progressif des zones géographiques où ils vivent et l’allongement de leurs périodes d’activité. Dans ce contexte, les pathogènes que les moustiques transmettent deviennent des sources potentielles d’épidémies.
- Lire aussi le dossier Une lutte historique contre les maladies infectieuses émergentes -
Surveiller l’environnement et les populations animales et humaines
De nombreux orateurs sont revenus sur l’importance de passer d’une vision anthropocentrique à une vision plus globale dite One Health : comment devons-nous reconsidérer notre rapport au monde vivant et davantage l'étudier afin de mieux comprendre les épidémies et anticiper leurs émergences. En particulier dans un contexte où il devient nécessaire de lutter contre le changement climatique et de prendre en compte l’ensemble du vivant. Monique Eloit, directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé animale, est revenue sur cette approche intégrée et unifiée qui vise à optimiser durablement la santé des personnes, des animaux et des écosystèmes. Elle a insisté sur le fait que “médecine humaine et médecine vétérinaire doivent être imbriquées”. Ce concept One Health n’est évidemment pas nouveau mais après plusieurs décennies d’approches de plus en plus ciblées, l’hyperspécialisation a fait perdre de vue une approche plus globale qui, désormais, est incontournable.
- Lire aussi sur le concept One Health, le paragraphe Bienvenue dans l’ère des émergences -
Les conséquences des crises sanitaires sur nos sociétés
Nombre d’intervenants sont également revenus sur la reconfiguration des interactions sociales en contexte épidémique. Pourquoi certaines épidémies semblent “oubliées” tandis que d’autres continuent d’occuper une place centrale dans l’agenda politique ? Le rôle clé des associations de malades a ainsi notamment été mis en exergue. La pandémie de SARS-CoV2 a également marqué une nouvelle phase dans les relations entre science et société. Si les controverses scientifiques font partie intégrante de la recherche, Françoise Barré-Sinoussi a souligné qu'elles ont été largement instrumentalisées. Leur mise en scène sur la place publique a pu décontenancer une partie de la société civile, surtout dans une période confuse où le nombre d’informations -vraies ou fausses- a explosé.
Enfin, les pandémies sont peut-être d’abord et avant tout des faits sociaux. En prenant l’exemple du sida et de la tuberculose, Stewart Cole, directeur général de l’Institut Pasteur, et Françoise Barré-Sinoussi, ont successivement rappelé que les épidémies impactent plus fortement les populations fragiles et contribuent à les appauvrir encore plus. D’où l’importance de se remémorer la vision humaniste de Louis Pasteur, vision que l’on pourrait résumer ainsi : solidarité, équité et partage des connaissances.