L’Institut Pasteur a inauguré le 13 septembre 2018 un ensemble de bâtiments dits « Omics », destiné à explorer les possibilités offertes par le développement de la biologie computationnelle. Ces bâtiments réunissent des chercheurs de toutes disciplines et des technologies de pointe.
L'inauguration de cet ensemble « Omics » s'est déroulé en présence de Christian Vigouroux et de Stewart Cole, respectivement président du conseil d’administration et directeur général de l’Institut Pasteur, Erik Orsenna, ambassadeur de l’Institut Pasteur, François Romaneix, directeur général adjoint administration et finances, et Olivier Schwartz, directeur scientifique. Les chercheurs de l’Institut Pasteur qui vont exercer au sein de ces nouveaux bâtiments, Marc Eloit, Vincent Enouf, Olivier Gascuel et Marc Monot, étaient également présents.
Les bâtiments inaugurés portent les noms de deux personnalités marquantes de l’histoire de l’Institut Pasteur, Simone Veil et Alexandre Yersin : leurs descendants étaient là pour les représenter, Jean et Pierre-François Veil (fils de Simone Veil), et Geneviève Minssen (petite nièce d’Alexandre Yersin). L'inauguration a aussi été l'occasion de rendre hommage au Docteur et à son épouse Mme Gillot, présente à la cérémonie et dont le don a généreusement contribué à la construction de ces nouveaux lieux de recherche. Enfin, l’artiste ORLAN était là pour présenter son œuvre intitulée Les Phages d'ORLAN, qui colore l’espace de convivialité des bâtiments Omics et témoigne de son vif intérêt pour les relations entre art et science, et plus particulièrement entre l’art et la recherche biomédicale.
Omics et big data à l’honneur à l’Institut Pasteur
L'ensemble des bâtiments Omics est un pôle d’expertise, unique en France, qui positionne l’Institut Pasteur comme un acteur de niveau mondial capable de générer des données massives en santé et surtout de les analyser et d’en extraire les connaissances nécessaires à une meilleure compréhension du vivant et à l’amélioration de la santé.
Fer de lance de cette révolution, l’Institut Pasteur a créé une structure unique rapprochant différents domaines d’expertise au service de la santé telle que la biologie, l’informatique, les mathématiques, les statistiques, la physique et les sciences sociales. Cet ensemble « Omics » est composé de deux bâtiments qui s’organisent autour d’une double compétence : le séquençage et la bioinformatique.
- Le bâtiment Simone Veil accueille le pôle Biomics. Le pôle Biomics a pour mission de fournir un service d’expertise en séquençage à la communauté scientifique.
- Le bâtiment Alexandre Yersin abrite le Centre de bioinformatique, biostastistique et biologie intégrative (C3BI). Le C3BI est une structure multidisciplinaire et transversale dédiée à l'analyse de données à grande échelle à l'Institut Pasteur (échanges autour des questions de bioinformatique, recherche méthodologique en sciences de l’information et en statistiques, etc.).
Les projets phares de cette multidisciplinarité porteront notamment sur l’analyse de la propagation des épidémies, la compréhension de l’évolution des microbes et des virus et de leurs résistances aux traitements, ou encore l’exploration des données de génomique humaine pour comprendre les facteurs de prédisposition aux maladies.
Plus de 9 millions d’euros ont été nécessaires pour construire et équiper les bâtiments Omics (2 865 mètres carrés). Cette somme, qui représente un investissement important à la hauteur des ambitions de l’Institut Pasteur, a été financée intégralement par la générosité du public.
Le contexte du big data en santé
Lorsqu’en 1985, des biologistes ont évoqué l’idée de séquencer le génome humain dans son intégralité, le projet était titanesque. On pensait qu’il faudrait trente ans pour lire l’ensemble des informations contenues dans les 46 chromosomes, soit 3,2 milliards de nucléotides. Or, à l’époque, les méthodes de lecture de l’ADN étaient balbutiantes. Néanmoins, un consortium international de six pays (dont la France) s’est lancé dans l’aventure en 1990. En 2001, il livrait la séquence quasi-complète du génome humain… pour un coût total d’environ 3 milliards de dollars. Aujourd’hui grâce au séquençage à haut débit, il est possible de séquencer le génome d’une personne en quelques heures, pour moins de 1000 euros. Les débits de séquençage actuels atteignent 60 milliards de nucléotides par jour.
Aujourd’hui, des données massives sont générées dans le domaine des sciences de la vie, qui transforment profondément l’approche de la biologie. On parle de big data (lire notre dossier Comment le Big data révolutionne la recherche en santé). Et la modélisation mathématique, les statistiques et l’informatique sont devenues des approches incontournables pour gérer et analyser ces masses de données.
Stewart Cole, directeur général de l’Institut Pasteur
L’Institut Pasteur a toujours eu l’ambition d’adapter son organisation, de recruter les talents nécessaires pour répondre aux défis sans cesse renouvelés des maladies qui menacent la santé humaine. Ce pôle multidisciplinaire est aujourd’hui un des piliers de notre puissance de recherche, pour répondre autant aux enjeux de la recherche fondamentale qu’à ceux de santé publique. Nous sommes très fiers d’inaugurer une nouvelle ère numérique à l’Institut Pasteur avec ce nouvel ensemble, financé par la générosité du public.
Les deux bâtiments Omics portent le nom de deux personnalités marquantes de l’histoire de l’Institut Pasteur
- Simone Veil (1927-2017), « chevalier blanc » de l’Institut Pasteur
Le 12 juin 1975, Simone Veil, alors ministre de la Santé et de la Famille, reçoit Jacques Monod, directeur général de l’Institut Pasteur et Jean Royer, président de son conseil d’administration, pour leur annoncer que l’État va porter de 20 à 50,5 millions de francs la subvention dont bénéficie l’Institut Pasteur. Cet apport financier, considérable pour l’époque, était réellement indispensable et urgent pour permettre à l’Institut Pasteur de dépasser la grave crise financière dans laquelle il se débattait depuis plusieurs années.
Lire l'hommage de l'Institut Pasteur à Simone Veil
- Alexandre Yersin 1863-1943), le découvreur de la bactérie responsable de la peste
Né en Suisse, Alexandre Yersin rejoint l’Institut Pasteur en 1885, à 22 ans, sous l’égide d’Émile Roux. À Hong Kong, il découvre le bacille de la peste. Brillant scientifique, il fut également explorateur et pionnier dans de nombreux domaines. Enterré à Nha Trang (Viêt Nam), Alexandre Yersin possède, à côté de sa tombe, un petit pagodon toujours orné de fleurs et d’encens, ce qui représente un honneur sans précédent pour un étranger.
Lire le portrait d'Alexandre Yersin
Avec les nouveaux bâtiments "OMICS", l'Institut Pasteur poursuit sa révolution numérique