« La dépression, parlons-en » : tel est le slogan de la Journée mondiale de la santé 2017, ce 7 avril. L’Organisation mondiale de la santé souhaite ainsi lutter tout particulièrement contre la stigmatisation entourant cette maladie « qui touche les personnes de tous les âges, de tous les horizons et dans tous les pays ». Un test pronostic est développé à l’Institut Pasteur pour évaluer la réponse des patients aux différents médicaments antidépresseurs.
Chaque année, 350 millions de personnes dans le monde en souffrent, dont plus de 3 millions en France : 19 % des Français de 15 à 75 ans - soit près de 9 millions de personnes - ont vécu ou vivront une dépression au cours de leur vie.
La dépression : une conjonction de symptômes
Selon les critères fixés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Association américaine de psychiatrie, le diagnostic de dépression peut être posé si le patient présente au moins cinq des symptômes ci-dessous (dont deux des trois premiers) presque tous les jours depuis plus de deux semaines.
- Tristesse persistante ;
- Perte d’intérêt pour les activités qui, normalement, procurent du plaisir ;
- Incapacité à accomplir les tâches quotidiennes ;
- Sentiments de culpabilité ou de dévalorisation de soi;
- Idées de mort ou de suicide récurrentes (sentiment que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue) ;
- Ralentissement psychomoteur ;
- Fatigue, souvent dès le matin ;
- Perte d’appétit, troubles du sommeil (insomnie ou hypersomnie) ;
- Difficultés de concentration et de mémorisation.
La survenue de la dépression résulte d’une interaction complexe entre des facteurs sociaux, psychologiques et biologiques. Les personnes exposées à des événements malheureux dans leur vie (chômage, deuil, traumatisme psychologique) sont par exemple plus susceptibles de développer une dépression. Il existe aussi une vulnérabilité génétique : un individu dont l’un des parents a fait une dépression présente deux à quatre fois plus de risque d’être lui-même dépressif au cours de sa vie.
Des traitements efficaces contre la dépression… mais pas chez tous
Heureusement, la dépression se soigne : les traitements médicamenteux ou psychologiques permettent d’obtenir une guérison dans près de 70% des cas. Devant une dépression « légère », une psychothérapie peut suffire. Dans les cas plus sévères, des médicaments antidépresseurs sont prescrits (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine ou antidépresseurs tricycliques). Leur effet n’est pas immédiat : l’amélioration des symptômes s’observe le plus souvent après trois semaines de traitement, parfois plus. Le traitement doit être pris régulièrement pendant plusieurs semaines pour surmonter la phase aiguë de la dépression, puis prolongé 4 à 9 mois pour réduire le risque de rechute.
Mais si l’efficacité des antidépresseurs est démontrée, les praticiens font face au problème de la résistance au traitement. Après 8 semaines d’un traitement donné, une réponse correcte est observée chez un tiers des patients, une réponse partielle pour un autre tiers, et pas de réponse pour un dernier tiers, ce qui oblige à changer d’antidépresseur et retarde les chances de guérison.
A l’Institut Pasteur
Un test pronostic qui permettrait d’évaluer la réponse des patients aux différents médicaments antidépresseurs a notamment été développé dans l’unité Perception et mémoire, dirigée par Pierre-Marie Lledo.
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