L’hépatite B est une infection virale du foie qui peut être à l’origine de maladies aiguës ou chroniques. Bien qu’il existe un vaccin pour se prémunir du virus, les traitements actuels ne sont pas curatifs pour les personnes infectées mais permettent d’empêcher la réplication du virus. Des chercheurs de l’Institut Pasteur en collaboration avec le CNRS ont montré qu’une protéine cellulaire est capable d’agir comme un facteur de restriction pour le virus de l’hépatite B en dégradant l’ADN viral.
L’infection chronique par le virus de l’hépatite B (VHB) touche plus de 250 millions de personnes dans le monde qui encourent un risque très élevé de développer des maladies graves du foie dont le cancer du foie, une tumeur extrêmement sévère pour laquelle les scientifiques ne disposent pas encore de traitement efficace.
Bien, qu’il existe de nombreux traitements antiviraux qui permettent d’inhiber de façon efficace la réplication du VHB, ils ne sont pas curatifs et ne permettent pas une élimination totale du virus. Il est donc important d'éliminer le virus chez les porteurs chroniques afin d'éviter l'évolution de la maladie vers le cancer.
Lorsque les virus infectent des cellules, ils utilisent la machinerie cellulaire, c’est-à-dire les mécanismes intrinsèques à la cellule pour se multipler. Pour lutter contre ces virus, certaines protéines cellulaires sont capables d’interférer avec ces mécanismes. Elles deviennent alors des facteurs de restriction viraux.
Des chercheurs de l’Institut Pasteur ont fait l’hypothèse qu’une protéine principalement produite dans plusieurs organes dont le foie, pourrait jouer ce rôle de facteur de restriction. « Au cours de cette étude, nous avons montré qu’une protéine cellulaire, capable de dégrader l’ADN, peut être incorporée dans la particule virale et induire la dégradation du génome du virus l’hépatite B », explique Jean-Pierre Vartanian, de l’unité de Rétrovirologie Moléculaire à l’Institut Pasteur. Cette enzyme, appelée DNase I, produit ainsi des particules virales vides. La DNase I, considérée comme un nouveau facteur de restriction antiviral est exprimée in vitro dans un environnement hypoxique (pauvre en oxygène), mais également chez les patients infectés par le virus de l’hépatite B.
« Le but de notre travail est d’utiliser cette protéine pour produire des particules virales contenant cette nucléase afin de produire des particules de type «cheval de Troie» » poursuit Jean-Pierre Vartanian. Ces particules vont cibler les cellules du foie infectées et induire la dégradation des ADN viraux et cellulaires résidents dans la cellule.
Source
Hypoxia-induced human deoxyribonuclease I is a cellular restriction factor of hepatitis B virus, Nature Microbiology, 1er avril 2019
Camille Hallez1,2, Xiongxiong Li1,2,5, Rodolphe Suspène1, Valérie Thiers1, Mohamed S Bouzidi1,2, Cristina M Dorobantu3, Vincent Lucansky3, Simon Wain-Hobson1, Raphaël Gaudin3,4 and Jean-Pierre Vartanian1
1 Molecular Retrovirology Unit, Institut Pasteur, Paris, France
2 Sorbonne Université, Collège doctoral, Paris, France
3 Institute of Viral and Liver Disease Unit, INSERM, Université de Strasbourg, Strasbourg, France
4 Institut de Recherche en Infectiologie de Montpellier, CNRS, Université de Montpellier, Montpellier, France.
5 Lanzhou Institute of Biological Products Co., Ltd, China National Biotec Group Company Limited, Lanzhou, China