Le 16 juillet dernier, le concours d'innovation i-Lab 2020 a distingué 73 lauréats parmi lesquels les projets D4Zin (Grand Prix) et AVATAR MEDICAL issus de travaux de recherche menés à l’Institut Pasteur et ayant bénéficié du soutien de l’institut Carnot Pasteur Microbes et Santé.
Porté par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et organisé en partenariat avec Bpifrance Financement, i-Lab est le plus grand concours d'innovation deep tech de France. Il soutient les meilleurs projets de création d’entreprise à forte composante technologique avec une aide financière importante (jusqu’à 600.000 €) et un accompagnement adapté.
Porté par la société en création V4C (« Vaccine for Communities »), le projet D4Zin (« Dengue 4 Zika Vaccine ») vise à développer un vaccin à cellules T innovant offrant une immunisation de longue durée contre les 4 sérotypes du virus de la dengue et contre le virus Zika, tout en évitant le phénomène d’ADE (« Antibody-Dependent Enhancement ») qui conduit à une aggravation de l’infection induite par les anticorps.
Contrairement au seul vaccin disponible contre la dengue ou aux vaccins actuellement en développement, le vaccin D4Zin ne cible par l’immunité conférée par les anticorps (réponse humorale), mais celle assurée par les lymphocytes T (réponse cellulaire).
A l’origine de cette innovation, la découverte en 2017, par l’équipe dirigée par Anavaj Sakuntabhai (responsable du laboratoire Génétique fonctionnelle des maladies infectieuses à l’Institut Pasteur) du mécanisme d’immunité via les lymphocytes T mis en jeu chez les patients asymptomatiques infectés par le virus de la dengue, et les travaux d’identification des épitopes T humains de chacun des sérotypes du virus. Ces travaux ont fait l’objet de deux demandes de brevets.
Déjà explorée en cancérologie, l’immunité cellulaire constitue une approche innovante en vaccinologie anti-infectieuse. Elle devrait permettre d’apporter une protection de long terme et contourner le problème de l’ADE.
La dengue, transmise par des moustiques, infecte 390 millions de personnes chaque année, avec 3 millions de cas graves, 500.000 hospitalisations et 25.000 décès, principalement de jeunes enfants. Le virus Zika, responsable de maladies neurologiques et de malformations congénitales, se propage également à travers le monde.
Il n’existe aujourd’hui aucun traitement, le seul vaccin disponible contre la dengue ne protège que les individus déjà infectés une première fois, et n’est pas indiqué pour les jeunes enfants et les voyageurs notamment.
« Notre objectif est d’aboutir à un vaccin protégeant tous les individus, y compris les personnes séronégatives n’ayant jamais été en contact avec les virus. Utilisé seul ou en complément du vaccin existant, avec un schéma vaccinal court, d’environ 3 ou 4 semaines entre 2 doses, le vaccin devrait offrir une solution pour les voyageurs et les jeunes enfants des pays endémiques notamment » précise Anavaj Sakuntabhai.
Grâce au soutien d’i-Lab, la startup V4C sera créée d’ici la fin de l’année 2020 et pourra lancer le développement préclinique du vaccin en 2020-21, en vue de son entrée en essais cliniques en 2022, cette subvention permettant un gain de temps précieux dans les phases de développement, dans l’attente d’une première levée de fonds dilutifs.
Lauréats : Anavaj Sakuntabhai (porteur du projet et responsable du laboratoire Génétique fonctionnelle des maladies infectieuses à l’Institut Pasteur), Pascal Breton (futur Président de la startup), Angelita de Francisco (future CEO de la startup), Cécile Artaud (cheffe de projet préclinique, Institut Pasteur), Etienne Simon-Lorière (responsable du G5 Génomique évolutive des virus à ARN à l’Institut Pasteur), Claude Roth (chercheur au laboratoire Génétique fonctionnelle des maladies infectieuses à l’Institut Pasteur).
Chercheurs fondateurs : Anavaj Sakuntabhai, Etienne Simon-Lorière et Claude Roth.
En utilisant la réalité virtuelle et la réalité augmentée, AVATAR MEDICAL offre aux chirurgiens une visualisation immersive et interactive des images médicales 3D des patients obtenues par IRM ou scanner avant opération.
Avec cette solution, les médecins peuvent visualiser des organes, des vaisseaux sanguins ou encore des tumeurs, et ainsi préparer des interventions médicales complexes grâce une navigation ultra-fluide au sein de l’intégralité des données, sans prétraitement.
Cette innovation dans l’analyse et la visualisation des images repose sur des approches bayésiennes du traitement des données. AVATAR MEDICAL est en effet basé sur la technologie DIVA codéveloppée depuis quatre ans par l’équipe de recherche Décision et processus bayésiens, dirigée par Jean-Baptiste Masson à l’Institut Pasteur, et par l’équipe Imagerie et contrôle de l’organisation cellulaire, à l’Institut Curie, anciennement dirigé par feu Maxime Dahan.
Outre la préparation rapide et intuitive des opérations, les chirurgiens peuvent également changer les paramètres d’affichage en temps réel, et naviguer en 3D le long du chemin opératoire envisagé. AVATAR MEDICAL facilite aussi l'échange d'information entre radiologues et chirurgiens. Les chirurgiens peuvent visualiser en 3D des structures annotées par les radiologues et ainsi se mettre d'accord sur ce qui sera découvert lors de l'opération.
Actuellement, une quinzaine de chirurgiens utilise le procédé et de nombreux patients ont déjà bénéficié de cette innovation.
« Nous constatons un réel engouement, notamment auprès de la jeune génération de médecins. AVATAR MEDICAL apporte à la fois un gain en qualité des chirurgies et un gain de temps dans la préparation des chirurgies complexes » résume Xavier Wartelle, un des cinq fondateurs d’AVATAR MEDICAL et futur CEO de la startup.
Grâce au soutien d’i-Lab, la startup AVATAR MEDICAL sera créée en 2020 et pourra développer la partie intelligence artificielle du produit afin de proposer des modules cliniques plus fins (pré-réglage des filtres), notamment pour le cas des chirurgies du cancer du sein où les cellules tumorales sont parfois difficiles à identifier. L’objectif d’AVATAR MEDICAL est de permettre aux chirurgiens de diminuer le taux de récidives et le nombre de mastectomies grâce à une meilleure visualisation des cas complexes.
Lauréats (de gauche à droite): Elodie Brient-Litzler (future directrice opérationnelle de la startup), Mohamed El Beheiry (équipe de recherche Décision et processus bayésiens, Institut Pasteur et laboratoire d’observation et de contrôle de l’organisation cellulaire, Institut Curie), Jean-Baptiste Masson (équipe de recherche Décision et processus bayésiens, Institut Pasteur), Xavier Wartelle (futur CEO de la startup) et Marie Buhot-Launay (future directrice ventes et marketing de la startup).
Chercheur(s) fondateur(s) : Jean-Baptiste Masson et Mohamed El Beheiry.
Site web : avatarmedical.ai
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DIVA est une plateforme logicielle développée à l’Institut Curie et à l’Institut Pasteur, respectivement par :
• l’équipe de Maxime Dahan† (PhD, ancien directeur de l'équipe Imagerie et contrôle de l’organisation cellulaire ; Institut Curie), aujourd’hui dirigée par Mathieu Coppey et Bassam Hajj ;
• et l’équipe de Jean-Baptiste Masson (PhD, directeur du laboratoire Décision et processus bayésiens ; Institut Pasteur).
Mohamed El Beheiry (équipe de recherche Décision et processus bayésiens à l'Institut Pasteur, ancien post-doctorant de l'équipe Imagerie et contrôle de l’organisation cellulaire de l'Institut Curie) dirige aujourd’hui le projet DIVA avec une équipe de trois personnes.
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