En 1983, le VIH (le virus du sida) est isolé par des virologues de l’Institut Pasteur. Une première observation sous l’œil du microscope en février est confirmée en mai 83 par une publication dans la prestigieuse revue Science. La révélation d’un rétrovirus modifiera progressivement les croyances autour de cette maladie. Cette découverte rassemblera patients et chercheurs autour d’un des plus grands défis contemporains de la santé humaine.
C’est ainsi qu’un nouveau rétrovirus humain, d’abord baptisé Virus associé à une lymphadénopathie (LAV), est détecté en seulement deux semaines environ. Le “microscopiste” de l’unité, Charlie Dauguet, se voit confier la tâche délicate de visualiser au microscope électronique des particules de type rétrovirus dans la culture. Après beaucoup de patience, le 4 février 1983, à 17h45, il hurle : « Eurêka, ça y est, je le vois, je l’ai ! ».
La première photographie du virus est réalisée le 4 février 1983.
Une publication de l’Institut Pasteur en mai 1983, récompensée d'un prix Nobel en 2008
Le 20 mai 1983, les premiers travaux menés à l’Institut Pasteur sur ce nouveau rétrovirus humain sont publiés dans la revue Science. Il sera rebaptisé Virus de l’immunodéficience humaine (VIH) en 1986.
Dès 1984, des patients se rendent en nombre à l’Institut Pasteur, qui dispose d’un hôpital.
Le VIH-1 est séquencé en 1985, puis le VIH-2 quelques années plus tard. C’est notamment grâce au séquençage de la reverse transcriptase, enzyme indispensable à la réplication virale, que le premier médicament antirétroviral AZT voit le jour en 1987. La collaboration avec Françoise Brun-Vezinet et Christine Rouzioux, virologistes à l’hôpital Bichat, permet de mettre au point et de commercialiser dès 1985 un test de diagnostic sérologique pour les patients infectés.
En 2008, 25 ans après la découverte du VIH, le travail de Françoise Barré-Sinoussi et de Luc Montagnier est récompensé par le prix Nobel de physiologie ou médecine. Comme le rappelle Françoise Barré-Sinoussi, ce prix célèbre aussi la mobilisation des patients aux côtés des chercheurs : « Essayer de travailler le plus proche possible de l‘attente des patients, c’est quelque chose qui m’a totalement transformée » (voir ci-dessous l’interview de Françoise Barré-Sinoussi).
Du virus de la panique... à l’espoir
- 1985 – Le « virus de la panique »
La peur face à ce virus s’installe : le journal Le Point parle de « virus de la panique ».
- 1986 – Le terme « HIV / VIH » est né
Le virus responsable du sida, nommé LAV côté français et HTLV-3 côté américain, sera baptisé HIV (Human Immunodeficiency Virus) ou VIH (Virus de l’immunodéficience humaine) en français.
- 1987 – « Le sida, il ne passera pas par moi »
Une première campagne française d’information sur le sida est lancée. Son slogan « Le sida, il ne passera pas par moi » marquera les esprits.
- 1991 – Le ruban rouge
Le ruban rouge devient le symbole international de sensibilisation au sida.
- 1993 – Le préservatif à 1 franc
L’opération « préservatif à 1 franc » est lancée en 1993 par l’Agence française de lutte contre le sida (AFLS), afin d’encourager son utilisation auprès des jeunes.
- 2013 – Un objectif « 90-90-90 » pour mettre fin à l’épidémie
L’Onusida établit en 2013 les objectifs « 90-90-90 » pour mettre fin à l’épidémie de VIH d’ici 2020 : 90 % des personnes séropositives diagnostiquées, 90 % des personnes diagnostiquées sous traitement anti-VIH, et 90 % des personnes sous traitement avec une charge virale contrôlée.
- 2016 - Une campagne d’information internationale
Une campagne d’information internationale reprenant le slogan U=U (Undetectable = Untransmittable) est lancée en 2016. En France U=U devient I=I (Indétectable = Intransmissible).
- Aujourd’hui
En France, en 2015, environ 85 % des patients porteurs du VIH sous traitement sont « indétectables », ce qui signifie que le virus est indétectable dans leur sang. Et les études sont aujourd’hui unanimes : une personne indétectable ne peut pas transmettre le VIH. Environ 5000 personnes ont découvert leur séropositivité en 2020, et 26 000 personnes vivent encore avec le VIH sans le savoir.
Dans le monde, en 2021, il y a eu 1,5 million de nouveaux cas. Aujourd’hui, 38 millions de personnes vivent avec le VIH. Autant sont décédées à la suite de maladies liées au sida depuis le début de l’épidémie.
Des essais cliniques vont débuter en 2023 pour tester de nouveaux anticorps neutralisants à large spectre, ainsi que mettre à l'épreuve des cellules naturelles tueuses prometteuses. Un colloque scientifique international aura lieu à l’Institut Pasteur du 29 novembre au 1er décembre 2023 et fera un état des lieux de ces avancées.
Les connaissances accumulées sur le VIH ont également été utiles dans la lutte contre le SARS-CoV-2 et le Monkeypox : outils de diagnostic, techniques d’analyse et de fabrication des anticorps à large spectre...
- 2030 – La « fin du sida » en 2030…
L’objectif « zéro décès du VIH en 2030 » fait partie des stratégies internationales (Onusida, Unicef et OMS) d’atteindre la « fin du sida en 2030 », avec les objectifs « zéro transmission » et « zéro discrimination ».
La recherche progresse à l’Institut Pasteur, quelques exemples récents :
- 17 mai 2021 _ Une immunothérapie permet à des cellules du système immunitaire inné de contribuer au contrôle du VIH après un arrêt du traitement antiviral
- 01 Mars 2021 _ Comment les cellules immunitaires NK apprennent à contrôler la réplication du virus dans un ganglion lymphatique
- 20 février 2023 _ Troisième cas de probable guérison dans le monde après une greffe de moelle osseuse