Jeux de Paris 2024 : l’Institut Pasteur impliqué dans la surveillance sanitaire
L’Institut Pasteur est particulièrement impliqué aux côtés des autorités de santé pour assurer la sécurité sanitaire des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024. Voici un aperçu des actions et initiatives mises en place par l'Institut Pasteur pour répondre au défi de la surveillance sanitaire durant cette période critique.
Les Jeux Olympiques 2024 à Paris représentent non seulement un événement sportif majeur mais aussi un défi sanitaire d'envergure : 15 millions de personnes dont près de 3 millions de touristes sont attendus à Paris et en Île-de-France pour suivre cet évènement.
En France, pendant la période des JO, les établissements de santé de référence seront en première ligne pour le diagnostic des personnes présentant des symptômes évocateurs de maladies contagieuses.
- Par exemple, depuis début 2024, un record de cas importés de dengue a été recensé en France métropolitaine. Les JO vont connaître un afflux d’athlètes et de visiteurs venus du monde entier et potentiellement présenter un risque d’émergence d’arboviroses comme la dengue, le chikungunya, Zika, ou encore de cas de grippe importée par des personnes provenant de l'hémisphère Sud où c’est actuellement l’hiver.
- La recrudescence des cas de coqueluche et de Covid-19 récemment observée en France demande une surveillance accrue car elle pourrait impacter la population de voyageurs cet été dans l’Hexagone.
L'Institut Pasteur est particulièrement impliqué aux côtés des autorités de santé pour assurer la sécurité sanitaire des Jeux Olympiques 2024. L’Institut, à travers les centres nationaux de référence (CNR) adossés à ses unités de recherche et à la cellule d’intervention biologique d’urgence (CIBU), renforce pendant cette période le système de détection, d’expertise et d’alerte permettant une surveillance épidémiologique optimale, en collaboration étroite avec les autorités sanitaires françaises et internationales. Cette surveillance implique la détection rapide des cas de maladies infectieuses, telles que les infections respiratoires, les infections digestives et les maladies transmises par les moustiques qui pourraient émerger à l’occasion de ces grands rassemblements.
Les CNR et la CIBU ne sont pas les seuls sur le pont. Voici un aperçu des actions et initiatives mises en place par l'Institut Pasteur pour répondre au défi de la surveillance sanitaire durant cette période critique.
Concernant la surveillance et l'investigation - Une surveillance épidémiologique renforcée à l’Institut Pasteur
- Les centres nationaux de référence (CNR) sur le pont
- Le rôle de la cellule d’intervention biologique d’urgence (CIBU)
Concernant le Covid-19, la grippe, la bronchiolite - Le réseau RENAL/RELAB : une surveillance renforcée de trois virus respiratoires
Concernant les patients - Le centre médical de l’Institut Pasteur prêt à accueillir des patients
Concernant les coopérations internationales - L’Institut Pasteur dans des coopérations internationales face aux risques sanitaires
Une surveillance épidémiologique renforcée à l’Institut Pasteur
Les centres nationaux de référence (CNR) sur le pont
Quinze CNR sont hébergés à l’Institut Pasteur et quatre à l’Institut Pasteur de la Guyane impliquant 16 unités ou laboratoires de recherche. Les CNR, avec la cellule d’intervention biologique d’urgence (CIBU) sont regroupés dans le laboratoire de référence et d’expertise multisite (LREMS) qui est une structure apparentée à un laboratoire de biologie médicale.
Pour les Jeux Olympiques 2024, huit CNR sont plus particulièrement mobilisés, à savoir ceux impliqués dans la surveillance des :
- Infections bactériennes :
- la coqueluche, du fait de la recrudescence des cas en ce moment en France
- la méningite, dont le risque peut augmenter du fait des grands rassemblements et de la concentration potentielles de jeunes adultes
Lire Tout savoir sur les méningites, un enjeu de santé publique - la leptospirose, à laquelle pourraient être plus particulièrement exposés les athlètes des sports pratiqués en eaux vives.
Lire Leptospirose : mieux comprendre pourquoi certaines bactéries présentes dans l’eau douce sont virulentes
- Infections bactériennes d’origine alimentaire :
- la listeriose (la Listeria est parfois appelée la « bactérie des réfrigérateurs ») ;
- les infections à Escherichia coli, salmonelles ou shigelles ;
Lire E. coli, Listeria, Salmonella... - Anatomie d'une alerte - le botulisme.
Lire Botulisme alimentaire : retour sur la crise sanitaire de septembre 2023
Le risque de telles infections d'origine alimentaire reste faible mais les maladies sont graves lorsqu'elles se déclarent d'où la surveillance active.
- Infections virales provocant des :
- Infections respiratoires dont la grippe et le SARS-CoV-2, dans un contexte de recrudescence des cas de COVID ces dernières semaines (voir réseau Renal/Relab plus loin) ;
- Arboviroses : la CIBU pourra être sollicitée s’il y a un risque identifié de chikungunya, dengue et peut-être Zika selon les cas d’importation et l’activité des moustiques tigres (ou Aedes albopictus) présents sur le territoire métropolitain ; notons que le CNR concerné n’est pas hébergé à l’Institut Pasteur, à Paris, mais l’Institut Pasteur de Guyane y est associé ;
Lire le communiqué de presse : En combien de jours les moustiques d’Île-de-France pourraient transmettre des arbovirus et comment s’en prémunir ? - Fièvres hémorragiques virales : la probabilité de telles maladies reste faible mais elles sont surveillées du fait de leur gravité importante lorsqu’elles surviennent.
Quelques exemples de maladies concernées : Fièvre hémorragique de Crimée-Congo, Fièvre de Lassa, Ebola, ...
Les autres CNR de l’Institut Pasteur (rage, peste, choléra, mycoses, hantavirus, diphtérie et entérovirus - poliomyélite en France - ...) sont globalement peu concernés en raison des maladies surveillées : petit nombre de cas, relativement localisés et mode de contamination.
Anna-Bella Failloux, entomologiste médicale à l'Institut Pasteur, noux explique comment vivre avec le moustique tigre cet été. Crédit : Institut Pasteur
Le rôle de la cellule d’intervention biologique d’urgence (CIBU)
À l’Institut Pasteur, la CIBU se mobilise pendant les JO et est prête à intervenir si des cas suspects de fièvres ou autres symptômes sont déclarés. Son rôle est d’identifier rapidement le pathogène à l’origine des symptômes observables sur une personne malade et prélevé d’un échantillon envoyé par les hôpitaux parisiens pour éviter un départ d’épidémie.
Depuis un an et demi, la CIBU se prépare pour pouvoir répondre à un maximum de demandes en développant de nouveaux tests élargis aux maladies tropicales et en renforçant ses méthodes ainsi que son équipe.
Là où la cellule pouvait rechercher 3 à 5 virus en un seul test, à partir s’un seul échantillon prélevé sur une personne malade, jusqu’à 24 virus et bactéries différents en moins de 2 heures pourront être identifiés.
Il est important de pouvoir avoir des résultats très rapidement afin de pouvoir isoler les patients le plus rapidement possible.
27 chercheurs et ingénieurs seront mobilisées nuit et jour sept jours sur sept dont 3 recrues supplémentaires pendant la période des JO.
Intervention de la Cellule d'Intervention Biologique d'Urgence (CIBU) de l'Institut Pasteur face à une potentielle crise sanitaire durant les Jeux 2024. Crédit : Institut Pasteur
Le réseau RENAL/RELAB : une surveillance renforcée de trois virus respiratoires
Durant les des JO de Paris, le réseau RELAB sera particulièrement actif, tout comme le réseau RENAL au niveau hospitalier, et en mesure d’informer les autorités de santé, semaine après semaine, de la situation épidémique concernant les virus respiratoires.
Le réseau RELAB est un réseau de surveillance basé sur les laboratoires de biologie médicale de ville. Ce réseau suit, en temps réel, dans toutes les régions de France et à travers les différentes classes d’âge de la population, la propagation des virus respiratoires responsables de :
- la Covid-19 ;
- la grippe ;
- et la bronchiolite.
Dans sa configuration pilote, des milliers d’échantillons biologiques sont analysés quotidiennement par les laboratoires de biologie médicale Biogroup et Cerballiance, et des informations cliniques sont collectées auprès des patients prélevés. Les données anonymisées sont ensuite transmises et exploitées par le Centre National de référence des Virus des infections respiratoires (Hospices civils de Lyon et Institut Pasteur à Paris).
Le réseau RELAB, associé aux réseaux RENAL et Sentinelles, offre ainsi une vision très complète de la dynamique épidémique des virus respiratoires au sein de la population française. Il permet de savoir, chaque semaine et durant toute l’année, quelles sont les régions et les personnes les plus exposées, offrant la possibilité d’adapter au mieux nos comportements, d’informer les autorités de santé sur les situations épidémiques et d’anticiper l’engorgement des hôpitaux.
Lire le communiqué de presse : Réseau RELAB : pour un suivi en temps réel des virus respiratoires au sein de la population française
Le centre médical de l’Institut Pasteur prêt à accueillir des patients
Le centre médical de l’Institut Pasteur (CMIP) est spécialisé dans la prévention, en particulier avant un voyage à l’étranger, avec son centre de vaccinations internationales, et plus généralement dans la prise en charge des maladies ou des expositions à risque liées aux voyages. Il héberge en particulier le centre antirabique de l’Île-de-France ainsi qu’une consultation de maladies infectieuses et tropicales, dans laquelle sont pris en charge des patients présentant des infections chroniques, mais aussi des maladies infectieuses aiguës, tropicales ou non.
Il est, à ce titre, accessible de façon rapide par toute personne présentant un syndrome fébrile, y compris sans rendez-vous, après régulation téléphonique initiale. La collaboration avec un laboratoire d’analyses médicales à proximité immédiate permet la prise en charge diagnostique rapide de la plupart des maladies infectieuses, en particulier au retour du voyage, comme le paludisme, la dengue ou d’autres maladies plus bénignes comme les diarrhées du voyageur ou les affections cutanées tropicales (leishmaniose, larva migrans, etc.).
Le CMIP est prêt à accueillir pendant les Jeux Olympiques – Jeux Paralympiques toute personne qui relèverait des pôles d’expertise du centre médical, particulièrement en cas de syndrome fébrile, y compris par toute personne en voyage en France à cette occasion.
L’Institut Pasteur dans des coopérations internationales face aux risques sanitaires
Rassemblements de masse et composition microbienne (virome et microbiome) de l’air en milieu communautaire en Île-de-France
Un projet, mené à l'Institut Pasteur au sein de l'unité Environnement et risques infectieux, vise à caractériser la composition microbienne (virome et microbiome) de l'air dans les espaces très fréquentés en milieu urbain (restaurants et bars). L'étude s'appuiera sur des échantillons d'air collectés deux fois par semaine sur une période de 6 semaines allant du 15 juillet au 25 août 2024 : avant, pendant et après les Jeux Olympiques. L’objectif est d’évaluer si un rassemblement de masse de cette ampleur a un impact sur la diversité et la charge génomique microbienne de l’air en milieu communautaire. Cette diversité génomique microbienne sera caractérisée par des méthodes de détection moléculaire à large spectre (PCR syndromiques multiplex) et par métagénomique.
Cette recherche sera réalisée en collaboration avec le Laboratoire de Microbiologie Clinique et le Laboratoire de Métagénomique Virale de la KU Leuven, dans le cadre du réseau DURABLE (Delivering a Unified Research Alliance of Biomedical and public health Laboratories against Epidemics - lire plus bas). Ces équipes ont plusieurs années d’expérience dans la mise en place de ce type d’études, ils ont mené des recherches sur l'échantillonnage de l'air en Belgique dans des contextes variés, notamment communautaires (hôpitaux, stades, cantines, écoles, maisons de retraite).
Ce projet est rendu possible par une collaboration unique entre l'Institut Pasteur et la KU Leuven, où les personnes, le matériel et l'expertise des deux institutions sont mobilisés.
Au-delà des Jeux Olympiques, l’Institut Pasteur poursuit ses coopérations avec plusieurs institutions internationales pour partager des données, des ressources et des expertises. Ces coopérations permettent de mieux étudier certains risques sanitaires (étude de la composition microbienne de l’air, cf. supra), de répondre plus vite et de façon coordonnée en cas d'apparition de foyers épidémiques, d’améliorer la connaissance des maladies transmises par des insectes vecteurs ou encore d’étudier les risques sanitaires.
- DURABLE : un projet à grande échelle sur les maladies émergentes mené dans le cadre du programme européen EU4Health
- AMAZED : étudier les maladies vectorielles grâce à la puissance du Pasteur Network
- MediLabSecure : renforcer la coopération régionale et multisectorielle pour atténuer les maladies à transmission vectorielle dans la région méditerranéenne