Guidé par la curiosité, Lhousseine Touqui a passé de nombreuses années à mener des recherches fondamentales sur le système respiratoire. Aujourd’hui son travail dans l’unité mixte Institut Pasteur/Hôpital Cochin-université PARIS 5 vise à répondre à des attentes concrètes.
Lhousseine Touqui est né à Marrakech au Maroc où ses parents sont agriculteurs. Assez à l’aise en mathématiques, il opte pour un bac C, spécialisé dans cette discipline. Une fois le diplôme obtenu il cherche encore sa voie. Ce qu’il souhaite avant tout, c’est trouver un métier utile aux autres et pouvant servir à l’activité de ses parents. Finalement, il s’inscrit à l'Institut agronomique et vétérinaire de Rabat, pour étudier la science du vivant. Ce choix va finalement s’avérer judicieux, car c’est au cours de ces années, grâce à un partenariat entre son Institut et l’Ecole nationale vétérinaire d’Alfort qu’il a l’opportunité d’assister à de nombreux séminaires scientifiques, notamment à l’Institut Pasteur à Paris. Lors de ces prestigieuses rencontres scientifiques, il se passionne pour la recherche. Des experts venus du monde entier aiguisent sa curiosité. Sa soif de connaissances finit par lui indiquer le chemin à suivre ; c’est décidé, Lhousseine sera chercheur.
DEA à l’université Paris 7 de la Faculté de Science de Jussieu, thèse à l’Institut Pasteur, post-doctorat à l’université de Toulouse et le voilà spécialiste du système respiratoire, de la réaction inflammatoire et de ses médiateurs en particulier.
Notre expert commence ces recherches dans l’unité dirigée par le Professeur Boris Vargaftig qui travaille sur l’asthme. Il dirige ensuite une équipe au sein de l’unité Défense innée et inflammation, dirigée par Michel Chignard, puis à partir de 2006 il répond à un appel d’offre concernant des recherches sur la mucoviscidose. Cette maladie génétique grave a pour particularité d’affecter la production du mucus dans les voies respiratoires et digestives. Épais, visqueux, difficile à évacuer, cette accumulation de mucus favorise les infections pulmonaires et les antibiotiques ne sont parfois d’aucun recours. Si des traitements existent à ce jour tels que la kinésithérapie respiratoire, des bronchodilatateurs, des anti-inflammatoires et des fluidifiants mucolytiques, de nombreux défis restent à relever. Pour cela, l’unité mixte (Institut Pasteur-Paris 5) Mucoviscidose et bronchopathies chroniques qu’il codirige avec Isabelle Fajac est associée directement à l’hôpital Cochin. Concrètement leur laboratoire se situe en face de l’hôpital, dans l’université Paris 5. Cette proximité géographique permet une transversalité de travail avec les cliniciens.
« Ces échanges multidisciplinaires sont essentiels et constructifs, les pneumologues connaissent la maladie, les patients et les traitements en cours. Cette collaboration entre médecine et recherche permet d’être au plus près de la maladie. Par exemple, lorsqu’un patient reçoit une greffe de poumons, l’hôpital peut nous transmettre rapidement des échantillons primordiaux pour nos recherches. »
Actuellement, deux voies thérapeutiques sont en cours d’étude, l’une vise à bloquer la production de mucus via un inhibiteur découvert par l’équipe de Lhousseine, l’autre s’intéresse à l’étude de nouvelles molécules pour tuer les bactéries multirésistantes qui infectent les bronches.
Il s’agit de synthétiser chimiquement des peptides qui sont naturellement produits par un organisme en bonne santé face à une attaque bactérienne, mais qui, dans le cas de malades atteints de mucoviscidose, sont altérés.
« Pour l’instant il s’agit encore de recherches fondamentales, nous testons les résultats en laboratoire mais sur des cellules bien réelles, celles des patients. Notre objectif : améliorer le quotidien des malades et innover face à la résistance aux antibiotiques. Ma plus grande frustration, comme la plupart des chercheurs, est de ne pas pouvoir pour le moment réaliser d’essai clinique, qui requiert de remplir de multiples conditions, scientifiques, législatives, etc... Cela exige beaucoup de temps et bien sûr, un sponsor financier ! ».
Si la recherche a pu progresser et progresse encore c’est en grande partie grâce aux institutions de recherche et grâce à la générosité du public. Sans cette mobilisation rien ne serait vraiment possible. Lhousseine tient à rendre hommage à tous ceux qui, années après années se sont investis pour combattre la maladie. « Ce soutien nous permet d’être une équipe solide, de pouvoir recruter des étudiants en thèse, des post-doctorants et avec eux, d’obtenir des résultats. »
Lhousseine Touqui en quelques dates
2016 : Codirection de l’unité mixte Institut Pasteur/Hôpital Cochin-université PARIS 5
2006 : Début des recherches sur la mucoviscidose
1998 : Directeur de recherche à l’Institut Pasteur
1988-1990 : Post-doctorat à la faculté de Toulouse
1983-1988 : Doctorat en pharmacologie à l’Institut Pasteur/Paris 7
1975-1981 : Institut agronomique et vétérinaire Hassan II, Rabat, Maroc