Le 8 juin, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé a déclaré que, bien que la situation épidémique de la maladie Covid-19 s’améliore en Europe, elle s’aggrave dans le monde, mettant en garde contre tout laisser-aller. La situation est en effet complexe. L’Institut Pasteur vous propose ici un point rapide pour y voir plus clair. Quels sont aujourd’hui les enjeux derrière la situation épidémique, les indicateurs de surveillance, et comment suivre et s’adapter à cette épidémie ? Tour d’horizon.
- Mis à jour le 6 juillet 2020 -
Que sait-on de l’épidémie de Covid-19 à ce jour ?
- En France, la circulation du coronavirus SARS-CoV-2 (responsable de la maladie Covid-19) est faible, mais pas nulle : entre 500 et 1000 infections par jour ; et 4 à 5 nouveaux clusters par jour (c’est-à-dire des foyers épidémiques isolés).
- Dans le monde, il n’y a jamais eu autant de cas diagnostiqués (au 6 juillet 2020) selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) :
- l’épidémie est très active sur le continent américain dans son ensemble, au Moyen-Orient, et en Asie centrale et du Sud ;
- l'épidémie est en hausse dans les pays où circule habituellement la grippe à cette période de l’année : Afrique du Sud, Madagascar, Australie ;
- la circulation du virus a beaucoup diminué dans les pays ayant contrôlé leur première vague, mais avant tout parce que les mesures de contrôle sur le virus ont été très fortes partout et sont toujours maintenues ; toutefois, certains pays européens (Allemagne, Italie, Espagne) voient des clusters amenant à des reconfinements partiels, montrant que le virus est bien présent.
- Un ralentissement de la circulation du virus en période estivale (hémisphère nord) est attendu car il y a moins de transmission du virus entre personnes en milieu extérieur et le virus pourrait être sensible à la température (il n’y a pas encore de certitude scientifique à ce sujet).
Le virus SARS-CoV-2 ne va pas disparaître car :
- Si le virus veut bien faire une pause estivale dans l’hémisphère nord, il se déplacera alors dans l’hémisphère sud où les températures baissent avec l’arrivée de l’hiver, comme le font les autres virus respiratoires qui sont saisonniers.
- Et il continuera d’y avoir des hivers en France, donc tant que le virus circulera dans le monde, il peut revenir…
- Il est peu vraisemblable qu’une action conjuguée de TOUS les pays puisse faire disparaître SIMULTANEMENT le virus partout :
- la comparaison avec le SRAS de 2003 (causé par un autre coronavirus) n’est pas valide car la pandémie de Covid-19 est d’une ampleur sans aucune mesure avec celle du SRAS : plusieurs dizaines de millions d’infections Covid-19 comparées à 8000 pour le SRAS ;
- le virus va continuer à circuler chez des personnes pauci-symptomatiques ;
- sans parler de sa réintroduction éventuelle à partir du monde animal, même si ce risque-là est faible…
- Avec environ 5% de personnes immunisées en France au décours de la première vague, on est loin de l’immunité collective (50 % à 70 % des adultes immunisés, selon les hypothèses), et donc les Français ne sont pas protégés.
Pourquoi faut-il rester prudents ?
Il faut donc rester extrêmement prudents en maintenant les gestes barrières et le port du masque en milieu public, et se faire tester si on a des symptômes : c’est le prix de la « liberté » partiellement retrouvée. Le respect de ces mesures de prudence sera d’autant plus vrai à l’automne, si on a bénéficié d’une pause estivale. L’exemple passé des pandémies grippales, y compris celle de la grippe A (H1N1) en 2009, nous a montré qu’en l’absence de mesures de contrôle, il y avait plusieurs vagues épidémiques.
L’enjeu est de trouver le niveau de mesures suffisant pour maintenir la circulation du virus sous contrôle tout en retrouvant une activité sociale et économique nécessaires au bien-être de tous.
Cette étude entre dans le cadre de l’axe scientifique prioritaire Maladies infectieuses émergentes du plan stratégique 2019-2023 de l’Institut Pasteur.