Ce vendredi 9 décembre, les 19 étudiants* de l’équipe iGEM-Pasteur 2016 vont se voir remettre leurs diplômes, dans l’amphithéâtre Duclaux de l’Institut Pasteur à Paris. Pour la deuxième année consécutive, l’équipe pasteurienne a brillé lors du concours international iGEM (international Genetically Engineered Machine), qui fait chaque année la promotion de la recherche en biologie synthétique. Revenue du Massachusetts Institute of Technology (Etats-Unis) avec trois trophées et une médaille d’or, l’équipe conclut avec succès une année de travail intense et très enrichissante pour chaque étudiant et pour tous les partenaires de l’opération.
* Issus de l’ESPCI (Ecole Nationale Supérieure de Chimie et Physique Industrielle de la ville de Paris), l’ENSCI (Ecole Nationale Supérieure de Création Industrielle), Université Paris Sud – Jean Monnet (Droit), Université Paris Diderot et Pierre-et-Marie-Curie (Sciences de la vie), ETSL (Ecole de Techniques Supérieures de Laboratoire).
Près de 5600 participants, 300 projets et 42 pays. Cette année encore, le concours iGEM qui fait la promotion de la recherche en biologie synthétique était de haut niveau et toujours prisé par les étudiants qui y voit une occasion unique de présenter un projet très abouti. D’ailleurs, le Giant Jamboree, ce rassemblement géant point d’orgue de la compétition, organisé fin octobre, a vu 3000 participants venir du monde entier à Boston (Etats-Unis) pour présenter leur projet. Parmi eux, 16 des 19 étudiants de l’équipe iGEM-Pasteur 2016 et leur quatre coachs, venus défendre leur projet Mos(kit)o, un kit de détection et de cartographie des moustiques vecteurs porteurs de pathogènes tels que les arbovirus (Zika, dengue, Chikungunya…), utilisant une trappe, un patch composé de biosilice fonctionnalisé et un logiciel de cartographie.
Trois trophées, dans les catégories Best Diagnostics Project, Best Applied Design, et Best Entrepreneurship, ont récompensé leur travail. « Et même une nomination pour la meilleure présentation et le meilleur projet !, ajoute Deshmukh Gopaul, chercheur de l’Unité de Plasticité du Génome bactérien, et pilote du projet iGEM-Pasteur. Nous sommes très fiers de ces prix car ils traduisent la diversité des compétences, avec des étudiants formés dans des domaines aussi variés que la biologie, la chimie, la physique, le droit, ou encore le design industriel. » Le prix Diagnostics Project récompense les efforts de l’équipe pour élaborer un kit de détection fonctionnel, facile à utiliser et efficace. Elle a beaucoup travaillé l’aspect Human practice, un axe qui porte l’accent sur le développement durable et la recherche responsable, « pour lequel nous avons aussi reçu le prix Synenergene 2016 », poursuit Deshmukh Gopaul. Le prix Applied Design récompense le produit fini (voir photo ci-dessous) et le Best Entrepreneurship, tout le travail effectué pour rendre ce kit industrialisable.
Mais d’où est venue l’idée de fabriquer un kit de détection Mos(kit)o ? « Nous avons réuni, dès janvier, l’équipe d’étudiants iGEM-Pasteur, pour des séances de brainstorming et de bibliographie, jusqu’en mars, explique Deshmukh Gopaul. Plusieurs idées de projets ont émergé, celle du kit de détection à base de biosilice a semblé la plus intéressante, réalisable et dans l’air du temps. » En mars, le choix était fait, et le travail commençait pour dessiner le kit, imaginer ses scénarios d’application, former les étudiants en droit de propriété industrielle, biologie et sécurité au laboratoire, crée des documents de communication (flyers, site wiki…), pour lever des fonds et pour présenter le projet lors du concours… « La levée de fonds est importante, ne serait-ce que pour couvrir les frais d’inscription au concours, les billets d’avion pour Boston et l’hébergement sur place, pour une vingtaine de personnes. Cet aspect-là du projet coûte déjà près de 40 000 euros… »
Mais cet investissement est loin d’être inutile au regard de la qualité du projet de l’équipe iGEM-Pasteur ! « Des professionnels se montrés intéressés par notre kit de détection, avec des contacts au sein de l’Organisation mondiale de la Santé - OMS -, de la ville de la Nouvelle-Orléans, de l’Entente Interdépartementale de Démoustication - EID -, du réseau Medilab Secure, ou encore du réseau international des Instituts Pasteur… Ce sont des pistes sérieuses pour une éventuelle industrialisation du dispositif. » Ce qui fait dire à Deshmukh Gopaul que le projet iGEM doit s’envisager sur trois ans :
- une année exploratoire où le projet se crée, et qui s’achève par le Giant Jamboree à Boston ;
- une année de consolidation où le projet peut être valorisé par les équipes de l’Institut Pasteur, en droit, en lien avec des partenaires industriels… ;
- et une année d’innovation où la technologie peut trouver un débouché commercial.
En ce mois de décembre 2016, alors que les étudiants reçoivent leurs diplômes, les inscriptions commencent pour l’équipe iGEM-Pasteur 2017. Dans quelques mois, un autre projet innovant et performant en biologie synthétique verra le jour. Il s’appuiera peut-être sur le Pasteur Fab Lab, un nouveau service de l’Institut Pasteur pour assister les scientifiques dans la conception et la fabrication de leurs projets, avec des moyens de prototypage (imprimante 3D, CNC, CAO).
Pour plus d'informations, rendez-vous sur le site