La réponse immunitaire innée est un processus naturel très important qui constitue le premier rempart de l’organisme contre les agressions. Les cellules lymphoïdes innées (ou Innate Lymphoid cells, ILC, en anglais) représentent un élément majeur de cette réponse immunitaire précoce. Des chercheurs de l’unité Immunité innée/Inserm U1223, à l’Institut Pasteur, qui étudient le développement de ces cellules, ont identifié de nouveaux précurseurs des ILC. Cette découverte représente une petite révolution pour les spécialistes du domaine et pourrait avoir un impact sur les thérapies cellulaires humaines basées sur l’utilisation des ILCs.
Les ILCs sont des cellules-clés de l’immunité « innée », qui se caractérisent par la production rapide de cytokines inflammatoires et qui se distinguent des lymphocytes B et T de la voie « adaptative », qui expriment les récepteurs spécifiques d’antigènes. Les ILCs ont été caractérisées comme étant parmi les premiers acteurs de la réponse immunitaire, actives dès les premières heures après la rencontre avec un agent pathogène. Les ILCs contribuent ainsi au maintien de la première barrière de défense de l’organisme et agissent contre les agressions d’origine bactérienne, virale, allergique ou cancéreuse.
Une nouvelle vision du développement des ILC
Pour mieux comprendre comment les ILC se développent, des chercheurs de l’Institut Pasteur ont caractérisé les précurseurs des ILCs (ILCPs) provenant de la moelle osseuse : « Au cours de nos travaux, nous nous sommes aperçus que le modèle existant du développement ILC était incorrect. » Jusque-là, les scientifiques pensaient que les ILCPs se différenciaient précocement en deux voies bien distinctes: une voie génère les cellules dites « tueuses naturelles » (Natural Killer, NK) et une autre voie donne la vie aux cellules dites « auxiliaires » (ILC1, ILC2, ILC3). « Nous avons développé un nouveau modèle murin qui nous a permis de réexaminer le phénotype et la fonction des ILCPs. Nous avons ainsi pu identifier les nouvelles sous-populations de ILCPs, qui conservent la capacité de se développer simultanément en cellules NK et en ILCs auxiliaires » explique James Di Santo, responsable de l’unité Immunité innée. Ces ILCP « multi-potents » fournissent ainsi une source cellulaire unique pour la production de diverses cellules effectrices de l’immunité innée.
Un progrès pour la recherche et les thérapies cellulaires humaines
« Nous proposons donc un modèle révisé de la différenciation des ILC, qui redéfinit le destin cellulaire de certains types de cellules immunitaires », poursuit James Di Santo. Cela constitue une avancée importante pour les chercheurs de ce domaine, car ce modèle oriente une grande partie des recherches actuelles sur les ILC. La compréhension des signaux responsables de la survie et de l’expansion de ces nouvelles ILCP pourrait redéfinir la méthode de production d’ILC dans la perspective de futures thérapies cellulaires humaines.
Source
An Id2RFP Reporter Mouse Redefines Innate Lymphoid Cell Precursor Potentials, Immunity, March 26th, 2019
Wei Xu1,2,3,7, Dylan E. Cherrier1,2,4,7 , Sylvestre Chea2,5, Christian Vosshenrich1,2 , Nicolas Serafini1,2 , Maxime Petit2,4,5, Pentao Liu6 , Rachel Golub2,5 and James P. Di Santo1,2
1 Innate Immunity Unit, Institut Pasteur, Paris 75724, France
2 Inserm U1223, Institut Pasteur, Paris 75724, France
3 Department of Immunology, Shanghai Medical College, Fudan University, Shanghai, China
4 Paris Diderot University, Paris, France
5 Lymphopoiesis Unit, Institut Pasteur, Paris, France
6 Li Ka Shing Faculty of Medicine, University of Hong Kong, Hong Kong, China
7 These authors contributed equally