L’Union européenne a financé un projet d’étude du système immunitaire de la vessie, dirigée par Molly Ingersoll, chercheuse à l’Institut Pasteur, visant à améliorer notre compréhension de l’infection urinaire et du cancer de la vessie et donc le traitement de ces maladies.
Essentielle au stockage des déchets métaboliques, la vessie reste pourtant un organe méconnu. Nous ne savons, en effet, pas comment son environnement particulier influe sur son immunité aux maladies courantes, comme les infections urinaires et le cancer de la vessie.
L’infection urinaire étant la deuxième infection la plus prévalente après l’infection respiratoire, et le cancer de la vessie, le cinquième cancer le plus fréquent chez les hommes, une meilleure compréhension de l’immunité de la vessie s’imposait. « Le financement de l’UE m’a apporté l’assise nécessaire pour constituer une équipe et me concentrer sur deux des principales priorités de recherche de l’Institut Pasteur, à savoir les bactéries résistantes aux antibiotiques et le cancer », déclare le Dr Molly Ingersoll, chercheuse de l’Institut Pasteur qui a mené le projet UPECBCG (mécanismes cellulaires et moléculaires des réponses immunitaires de la vessie aux uropathogènes et aux traitements). « Je suis reconnaissante envers l’UE d’avoir soutenu mon travail. »
Impact néfaste des cellules immunitaires sur l’immunité à l’infection vésicale
Le projet UPECBCG d’étude du système immunitaire de la vessie visait à améliorer notre compréhension de l’infection urinaire et du cancer de la vessie et donc le traitement de ces maladies. Ses résultats sont totalement inattendus. La réponse des cellules immunitaires d’un organe sert généralement à limiter l’infection. Or, dans la vessie, ce n’est pas le cas, une forte proportion des cellules immunitaires présentes semblant compromettre son immunité après une infection. « Nous sommes assez surpris car nous pensions que ces cellules étaient indispensables à l’élimination des bactéries et à la disparition de l’infection », explique Molly Ingersoll. « Mais elles ne paraissent pas jouer ce rôle dans la vessie. »
Cette découverte a jeté les bases d’études – et de conclusions – complémentaires sur l’immunité de la vessie. Ainsi, en étudiant le niveau d’inflammation qui suit la pose d’une sonde à demeure, les chercheurs ont constaté que l’implantation de tels dispositifs augmentait le risque d’infections urinaires potentiellement multirésistantes au cours des premières 24 heures. « Nous avons également constaté chez les cellules immunitaires de la vessie différents modes de réaction aux infections selon le sexe », ajoute Molly Ingersoll. « Alors que l’infection urinaire disparaît d’elle-même chez les femmes, elle tend à devenir chronique chez les hommes, ce qui pourrait impacter les décisions cliniques en matière de traitement. »
Ces études ont amené le Dr Ingersoll et son équipe à examiner de plus près le rôle des cellules immunitaires vésicales et leurs possibles divergences selon le sexe dans leur réponse à l’immunothérapie du cancer de la vessie. Les chercheurs poursuivent leur travail en utilisant deux nouveaux modèles.
En quête de nouvelles approches de lutte contre l’infection vésicale
L’équipe du Dr Ingersoll s’appuie sur les résultats de son projet pour se concentrer désormais sur les immunothérapies de l’infection urinaire visant à traiter les bactéries uropathogènes multirésistantes sans utiliser d’antibiotiques. « Les uropathogènes figurent en nombre sur la liste de l’OMS des superbactéries contre lesquelles il faut lutter d’urgence en raison de leur multirésistance aux antibiotiques », souligne Molly Ingersoll. « Nous pensons pouvoir manipuler la réponse immunitaire de la vessie pour qu’elle résiste mieux aux infections, afin d’éviter le recours excessif aux antibiotiques. L’efficacité des antibiotiques est, en effet, menacée par la dissémination des bactéries uropathogènes multirésistantes. »
Les recherches du projet UPECBCG ont offert au secteur médical une meilleure compréhension de la réponse immunitaire de la vessie. Pour Molly Ingersoll et son équipe, cette dernière aboutira bientôt à la mise au point de nouveaux médicaments capables d’améliorer la réponse de la vessie à l’infection et le traitement du cancer.
Détails du projet
- Acronyme : UPECBCG
- Participant : France (coordinatrice)
- Coûts totaux : 100 000 €
- Contribution de l’UE : 100 000 €
- Durée : février 2013 à janvier 2017
Avec l’aimable autorisation de la Commission européenne.
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