Rarement, une morsure ou une griffure de chauve-souris peut transmettre un virus capable de provoquer la rage, comme ce fut le cas en France métropolitaine pour un patient en 2019. Les experts du centre national de référence de la rage à l’Institut Pasteur, en collaboration notamment avec des équipes de recherche de l’Institut Pasteur, de l’hôpital Necker Enfants Malades et celui de la Pitié-Salpêtrière, ont participé à une étude cette année revenant sur ce cas. L’occasion de rappeler les bons gestes pour prévenir cette maladie.
En aout 2019, un cas de rage vraisemblablement transmise par une chauve-souris a provoqué le décès d’un patient en Nouvelle-Aquitaine. Ce cas exceptionnel a été confirmé par le Centre national de référence (CNR) de la rage de l’Institut Pasteur en 2020, puis dans une étude parue en mai 2021 dans la revue Clinical infectious diseases. C’est la première fois qu’un patient est contaminé par le lyssavirus EBLV-1 en France métropolitaine, et il s’agit du premier cas de rage contracté sur le territoire métropolitain depuis 1924 ! Les cas de transmission par une chauve-souris chez l'homme demeurent exceptionnels puisqu’il s’agit seulement de la quatrième occurrence confirmée en Europe.
De rares cas de transmission ont aussi été décrits chez d’autres mammifères tel le chat domestique, notamment en France par le centre national de référence de la rage.
Cependant, ces épisodes très rares ne doivent pas faire oublier que le principal risque rabique pour l’homme dans le monde est lié à la rage circulant chez les carnivores, et plus particulièrement la rage du chien (rage canine). De ce fait, la France métropolitaine, comme la plupart des pays d’Europe, reste toujours exposée à cette maladie, que ce soit par l’introduction illégale d’animaux contaminés dans les zones où la maladie sévit (principalement en Asie et en Afrique), ou par des voyageurs s’infectant également dans ces zones.
Puisque les virus provoquant la rage ne se transmettent que par la salive d’un animal infecté suite à une morsure ou une griffure, il est grandement recommandé de ne pas manipuler d’animaux, qu’ils soient sauvages comme les chauves-souris (en particulier à mains nues) ou domestiques dans les pays où la rage circule. Pour le cas spécifique des chauves-souris et dans le cas d’une urgence qui nécessiterait de manipuler l’animal, il convient d’alerter un spécialiste, ou, exceptionnellement, de se munir de gants épais, de jardinage ou en cuir. Il est aussi possible dans ce cas de placer l’animal dans une boîte à l’abri des prédateurs à l’aide d’un instrument, afin de ne pas approcher la main. Ces bons gestes réduisent grandement les risques d’infection. Si malgré tout une morsure survient, il convient de bien nettoyer la plaie au savon, rincer abondamment et de la désinfecter à l’aide d’une solution antiseptique. Il faut ensuite prendre contact avec le centre antirabique le plus proche, par exemple le centre antirabique au sein du centre médical de l’Institut Pasteur.
La rage est une infection du système nerveux, une encéphalite, qui perturbe l’activité neuronale. Le temps d’incubation de la maladie est suffisamment long pour permettre un traitement de la maladie par vaccination avant l’arrivée des premiers symptômes. Cependant, si rien n’est fait avant l’apparition des symptômes, la maladie est systématiquement mortelle. Pour en savoir plus sur cette maladie, découvrez la fiche maladie Rage de l’Institut Pasteur.
First Case of Lethal Encephalitis in Western Europe Due to European Bat Lyssavirus Type 1, Clinical Infectious Disease, 15 mai 2021
Béatrice Regnault1,2 ; Bruno Evrard3,4 ; Isabelle Plu5,6 ; Laurent Dacheux7 ; Eric Troadec1,2 ; Pascal Cozette7 ; Delphine Chrétien1,2 ; Mathilde Duchesne8 ; Jean-Michel Vallat9 ; Anne Jamet10 ; Marianne Leruez10 ; Philippe Pérot1,2 ; Hervé Bourhy7 ; Marc Eloit1,2,11 ; Danielle Seilhean5,7.
1. Pathogen Discovery Laboratory, Institut Pasteur, Paris, France;
2. The OIE Collaborating Center for the Detection and Identification in Humans of Emerging Animal Pathogens, Institut Pasteur, Paris, France;
3. Medical-Surgical Intensive Care Unit, Dupuytren University Hospital, Limoges, France;
4. Inserm CIC 1435 and UMR 1092, Dupuytren Teaching Hospital, Limoges, France;
5. Sorbonne Université, Brain Institute (ICM; INSERM, UMRS 1127; CNRS, UMR 7225), Paris, France;
6. Département de Neuropathologie Raymond Escourolle, Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris, France;
7. Lyssavirus Epidemiology and Neuropathology Unit, National Reference Centre for Rabies, World Health Organization (WHO) Collaborative Centre for Reference and Research on Rabies, Institut Pasteur, Paris, France;
8. Pathology Department, Dupuytren University Hospital, Limoges, France;
9. Neurology Department, Dupuytren University Hospital, Limoges, France;
10. Department of Clinical Microbiology, Necker Enfants-Malades Hospital, AP-HP, Centre Université de Paris, Paris, France;
11. Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort, Maisons-Alfort, France.