En suivant les recommandations de l’OMS, une étude de surveillance multicentrique auprès des personnels de santé a été mise en place dans cinq pays africains : Burkina Faso, Cameroun, Niger, République centrafricaine et Madagascar. Coordonnée par l’Institut Pasteur, cette étude de cohorte a pour objectifs d’identifier les facteurs de risque d’infection et d’améliorer les connaissances épidémiologiques de transmission/diffusion du virus. Les premières observations et recommandations sont présentées dans la revue International Journal of Infectious Diseases.
Les professionnels de santé sont en première ligne dans la gestion de l'épidémie de COVID-19. Avec la surveillance des cas et les soins administrés aux patients, ils sont quotidiennement exposés au risque de contagion. En cas d'infection ils peuvent devenir des transmetteurs potentiels du virus. Ils jouent donc un rôle essentiel dans la mise en œuvre de mesures adéquates de prévention et de contrôle des infections dans les établissements de soins.
Les équipes du projet MediLabSecure*, coordonné par l’Institut Pasteur à Paris et soutenu par les instituts européens partenaires (Laboratoire de réponse urgente aux menaces biologiques (CIBU) de l'Institut Pasteur, Istituto Superiore di Sanità (ISS) en Italie et Centre de recherche en santé animale (INIA-CISA) en Espagne), ont rapidement réagi en mettant en œuvre des actions visant à soutenir les capacités de surveillance nationales dans les pays bénéficiaires et au-delà.
Une étude de surveillance des professionnels de santé soutenue par l’OMS
Dans ce cadre et conformément aux recommandations de l'OMS d'établir une étude de cohorte sur les professionnels de santé, les équipes de MediLabSecure ont mis en place, dès le mois de mai 2020, une surveillance multicentrique et une étude d'impact dans 4 pays africains : Le Burkina Faso et le Niger (membres du réseau MediLabSecure), la République centrafricaine et Madagascar (membres du Réseau International des Instituts Pasteur - RIIP). Un cinquième pays, le Cameroun (également membre du Réseau International des Instituts Pasteur), participe aussi à l'étude via le Centre Pasteur Cameroun, qui a bénéficié du soutien apporté par la Task Force Coronavirus de l'Institut Pasteur à Paris grâce à la générosité du public.
Avec un objectif de 80 à 200 personnes inclues par pays, cette étude vise à identifier les facteurs de risque potentiels d'infection chez les professionnels de santé en contact avec des patients atteints de COVID-19 lors de la prise en charge des premiers cas et d’améliorer la compréhension des principales caractéristiques épidémiologiques dans la dynamique de la diffusion/transmission interhumaine du virus.
« Nous avons inclus 122 personnels de santé de 3 centres hospitaliers d’Antananarivo (Madagascar) qui prennent en charge les cas de COVID-19. Ils ont été suivis pendant 5 mois après leur inclusion dans l’étude. Nous avons collecté les données démographiques, les maladies existantes, les données sur l’utilisation des équipements de protection individuelle et les signes cliniques présents en cas de maladie. » explique le Dr Rindra Randremanana, Chef d’unité d’épidémiologie et de recherche clinique de l’Institut Pasteur de Madagascar.
« Les résultats de l’étude permettront aux autorités sanitaires de proposer des axes d’amélioration des mesures de lutte et de prévention amenant les établissements de soins à atteindre les normes internationales, toujours dans l’objectif d’éviter la propagation du SARS-CoV-2. » conclut Dr Lazoumar Hamidou Ramatoulaye , Responsable d’unité d’épidémiologie santé-environnement-climat du CERMES (Centre de Recherche Médicale et Sanitaire) au Niger.
Des premières recommandations déjà publiées
Après seulement 3 mois de suivi, l’étude montre qu’environ 40% des professionnels de santé sont infectés par le virus SARS-CoV-2 dans ces pays africains. En comparaison, le taux de contamination des professionnels de santé s’élève à 20% en Europe dans les pays les plus touchés.
Devant ces résultats, les investigateurs en charge de la coordination de cette étude, ont décidé de publier les premières observations à l’attention des pouvoirs publics. Les recommandations associées sont doubles : assurer un approvisionnement suffisant d’équipements de protection individuelle et former les personnels de santé à leur bonne utilisation pour éviter tout risque de contamination.
En ce sens le projet MediLabSecure a aussi mis à disposition gratuitement une formation hors ligne à destination de ces professionnels de santé pour acquérir les bons réflexes de prévention et de protection face au virus.
Pour en savoir plus :
Rindra Randremanana, Ramatoulaye Hamidou Lazoumar, Mathurin Cyrille Tejiokem, Alexandre Manirakiza, Brice Wilfried Bicaba, Soatiana Rajatonirina, Serena Battaglia, Guillaume Pons, Vincent Richard on behalf of the COVER-HCW Consortium.
*ce travail est financé par la Commission Européenne à travers l’Instrument contribuant à la stabilité et à la paix et l’initiative CBRN CoE.