Inauguré le vendredi 17 mai, le Centre Pasteur-Fiocruz d’immunologie et d’immunothérapie de Fiocruz-Ceará rassemble des chercheurs de l’Institut Pasteur et de la Fiocruz, deux membres du Pasteur Network, et œuvrera au développement d’une approche intégrative des immunothérapies appliquées aux maladies infectieuses et non transmissibles. Cette coopération scientifique vise à accélérer les recherches en immunologie et immunothérapie aux niveaux régional, national et international. Elle s’appuie sur le soutien du gouvernement de l’État du Ceará et du ministère français de l’Europe et des affaires étrangères, par l’intermédiaire de son ambassade à Brasilia.
Ce nouveau Centre est implanté sur le campus de la Fiocruz Ceará ’Eusébio, à 30 minutes de Fortaleza (la capitale de l’État situé au nord-est du Brésil), dans un bâtiment de 2 350 m². Il pourra également tirer parti des locaux de l’unité régionale de la Fiocruz, créée en 2008, qui constitue aujourd’hui le site technologique du pôle de santé industriel et technologique du Ceará (Polo Industrial e Tecnológico da Saúde, PITS).
« L’inauguration du Centre d’immunologie et d’immunothérapie de Fiocruz Ceará instaure un nouveau modèle de collaboration au sein de ce partenariat centenaire entre la Fiocruz et l’Institut Pasteur », explique Mario Moreira, président de la Fiocruz. « Ce centre, axé sur l’innovation, nous permettra d’accélérer la recherche translationnelle en immunologie et en immunothérapie, ce qui profitera directement au système de santé unifié brésilien (SUS) et garantiera à la population brésilienne l’accès à des traitements de pointe. Les travaux menés aboutiront sans nul doute à des traitements qui bénéficieront non seulement à notre pays, mais aussi nos voisins d’Amérique latine et du Sud, qui pourront également en bénéficier. Ce partenariat renforce, par conséquent, l’engagement pris par la Fiocruz et l’Institut Pasteur de promouvoir la santé et le bien-être des personnes en s’appuyant sur l’excellence scientifique », souligne-t-il.
Le développement de nouvelles immunothérapies s’intègre dans une stratégie de santé publique majeure. Basés sur la modulation du système immunitaire, ces types de traitements sont capables de cibler directement un agent infectieux, ainsi que des cellules et des tissus endommagés, ou de réguler le microenvironnement immunitaire en favorisant une réponse immunitaire adaptée à la maladie à combattre. Ils ont révolutionné le traitement du cancer ces dernières années, mais ne se limitent pas au domaine de l’oncologie. En effet, leur application à d’autres maladies non transmissibles (MNT) et aux maladies infectieuses gagne rapidement de l’ampleur.
Le Centre s’est fixé trois axes de recherche prioritaires : le cancer, les maladies infectieuses et négligées et les maladies auto-immunes, neurodégénératives et inflammatoires. Plusieurs projets y seront menés, parmi lesquels : le développement d’inhibiteurs d’intégrine dans le traitement des maladies neurodégénératives, le développement de conjugués anticorps-médicaments, le développement de nanobodies / fragments d’anticorps contre les maladies tropicales négligées, les cellules CAR-T et les immunothérapies d’amélioration des fonctions des cellules T dans la lutte contre les maladies infectieuses.
« La Fiocruz et l’Institut Pasteur ont constitué un partenariat historique solide, qui les lie l’un à l’autre depuis leur fondation. La création du Centre Pasteur-Fiocruz d’immunologie et d’immunothérapie marque une étape ambitieuse et stratégique de plus dans notre partenariat, ainsi que dans les relations franco-brésiliennes. Grâce à ce centre bilatéral, nos deux institutions contribueront à accélérer l’élaboration d’approches inédites en immunothérapie, en mettant en commun leur expertise incomparable afin de faire progresser la recherche fondamentale et appliquée et ainsi découvrir et produire les immunothérapies de demain », ajoute Yasmine Belkaid, directrice générale de l’Institut Pasteur.
Le Brésil et la France possèdent de vastes territoires diversifiés. Leurs populations sont fréquemment touchées par des maladies infectieuses transmissibles et des maladies tropicales négligées provoquées par des virus, des bactéries, des parasites et des morsures de serpent. En outre, les maladies transmises par les moustiques, comme la dengue, le chikungunya, la fièvre jaune, le paludisme et Zika, sont endémiques de certaines régions des deux pays. Et puis, cCes derniers sont confrontés par ailleurs à une augmentation des cas de maladies non transmissibles. Ce constat laisse présager une demande croissante de traitements innovants.
Le premier accord-cadre bilatéral prévoyant la création du Centre a été conclu en 2015 et renouvelé en 2021. L’année suivante, il a été décidé que Fiocruz Ceará accueillerait un chercheur de l’Institut Pasteur pour participer aux efforts de recherche intégrée. C’est donc Caroline Pereira Bittencourt Passaes, immunologiste brésilienne qui fut nommée. Dr. Pereira est titulaire d’un master et d’un doctorat de l’Instituto Oswaldo Cruz (IOC/Fiocruz) et travaille à l’Institut Pasteur depuis onze ans. Elle est notamment co-auteure de l’étude sur le troisième cas de guérison du SIDA.
« Les activités du Centre s’articulent autour de projets de recherche fondamentale et translationnelle destinés à la mise au point de nouvelles immunothérapies », indique Caroline Pereira Bittencourt Passaes. « Ce modèle de coopération entre l’Institut Pasteur et la Fiocruz favorise le développement d’initiatives communes innovantes, qui exploitent toutes les ressources disponibles non seulement au Centre d’immunologie et d’immunothérapie, mais également au sein des instituts partenaires. La promotion de la mobilité des chercheurs et étudiants et la formation des ressources humaines constituent un aspect central de ce partenariat. »
Caroline Pereira Bittencourt Passaes coordonne, avec João Hermínio Martins da Silva, ancien coordinateur de recherche de Fiocruz Ceará, le Centre Pasteur-Fiocruz d’immunologie et d’immunothérapie. Malgré l’amélioration de la capacité mondiale de développement et de production des immunothérapies, un nombre limité de patients bénéficie d’un accès universel à ces traitements pour soigner leurs maladies en raison de leur coût élevé. « La contribution du Centre sera certainement primordiale pour le SUS », déclare JoãoHermínio Martins da Silva.
« Aux avant-postes de la recherche médicale, nous explorons les nouvelles frontières de l’immunothérapie. En ciblant le système immunitaire pour lutter contre des maladies comme le cancer, nous pourrions augmenter la tolérance des traitements. Les approches proposées par le Centre visent à faciliter l’accès aux immunothérapies, à réduire les coûts pour le SUS et à mettre les traitements à la disposition d’un plus grand nombre de patients », ajoute-t-il. « Le partenariat entre la Fiocruz et l’Institut Pasteur consolide un échange de connaissances essentiel. Ensemble, nous pouvons accélérer les découvertes, améliorer les protocoles et élargir l’accès à des traitements efficaces, au service de la santé publique locale et mondiale. »
Le Centre Pasteur-Fiocruz d’immunologie et d’immunothérapie relève directement de la Direction générale de l’Institut Pasteur et de la Présidence de la Fiocruz. Il est doté d’un comité de coordination et d’un conseil scientifique consultatif (SAB). Le comité de coordination est composé de trois représentants de l’Institut Pasteur, de trois représentants de la Fiocruz, d’un représentant de l’ambassade de France au Brésil et d’un représentant du gouvernement de l’État du Ceará. Le SAB compte, lui, six membres, des experts indépendants qui exercent leurs activités scientifiques en Europe et en Amérique du Sud, nommés conjointement par l’Institut Pasteur et la Fiocruz.
Le Centre Pasteur-Fiocruz d’immunologie et d’immunothérapie collaborera étroitement avec l’Immunobiological Technology Institute (Bio-Manguinhos/Fiocruz), au travers d’un laboratoire de recherche et développement en cours de structuration. Il travaillera également en partenariat avec des universités, des instituts de recherche et des entreprises publiques ou privées. Son fonctionnement s’appuie sur un modèle multi-utilisateurs, permettant l’accès aux équipements à tout collaborateur qui en fait la demande. Outre les contributions de la Fiocruz et de l’Institut Pasteur, le Centre peut compter sur le soutien financier du ministère français de l’Europe et des affaires étrangères (par l’intermédiaire de son ambassade à Brasilia), du gouvernement du Ceará et de l’agence gouvernementale brésilienne pour le développement de la science (Funcap).
Un partenariat inscrit dans la durée
Les liens qui unissent l’Institut Pasteur et le Brésil remontent à la fin du 19e siècle, lorsque Pierre II, alors empereur du Brésil et fervent défenseur de la recherche scientifique, s’intéresse de près aux travaux de Louis Pasteur. En 1879, Pierre II invite Louis Pasteur au Brésil pour étudier et combattre l’épidémie de fièvre jaune. Bien que Louis Pasteur ne s’y rende pas, une collaboration fructueuse naît alors, aboutissant au soutien financier conséquent de l’empereur et à la création de l’Institut Pasteur, à Paris, en 1887. En 1897, le chercheur brésilien Oswaldo Cruz se rend à Paris pour coopérer avec la première génération de Pasteuriens, dont Émile Roux. Au milieu de l’année 1899, ses études terminées, Oswaldo Cruz rentre au Brésil et fonde, le 25 mai 1900, l’Institut national de sérothérapie, à l’origine de la Fondation Oswaldo Cruz. La création du Centre Pasteur-Fiocruz d’immunologie et d’immunothérapie ouvre donc un nouveau chapitre très prometteur de ce partenariat.
Le Pasteur Network
L’Institut Pasteur et la Fondation Oswaldo Cruz sont tous deux membres du Pasteur Network (PN), qui regroupe une trentaine d’instituts plaçant la science, l’innovation et la santé publique au service des enjeux de santé mondiaux. Le PN se distingue par sa diversité et sa vaste portée géographique, couvrant 25 pays sur 5 continents et favorisant l’instauration d’une communauté dynamique de connaissances et d’expertise. Il est reconnu comme un acteur non étatique de l’OMS, et ses membres relèvent souvent de ministères de la Santé locaux. Il s’appuie sur une infrastructure mondiale comptant plus de 50 laboratoires de référence nationaux et régionaux, dont plusieurs de sécurité biologique de niveau 3 (BSL3), et 17 centres collaborateurs de l’OMS.
Les activités du Pasteur Network s’articulent autour de quatre piliers stratégiques : 1) la préparation aux épidémies et la veille épidémique, notamment dans le domaine des maladies sensibles au climat, 2) la recherche, le développement et l’innovation, 3) la création d’équipes pluridisciplinaires collaboratives et 4) la promotion d’une gouvernance équitable.
Inauguration du Centre Pasteur-Fiocruz d’immunologie et d’immunothérapie au Ceará
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