Les 22 et 23 octobre 2018, le colloque du Réseau francophone sur les maladies tropicales négligées (RFMTN) s’est tenu à Montpellier, sur le thème « Mieux comprendre et lever les barrières à l’élimination ». Organisé par Aviesan, l’IRD, le Cirad, l’Inserm, l’I-site Montpellier Université d'Excellence (MUSE) et la Fondation Mérieux, il a permis de définir une vision intégrée et spécifique du diagnostic des MTN, en vue de l’élimination de ces maladies.
Maladie du sommeil, maladie de Chagas, leishmanioses, ulcère de Buruli, onchocercose, lèpre, trachome, ou encore dengue, rage, échinococcose, cysticercose ... Ces maladies tropicales négligées (MTN) affectent les populations les plus pauvres et vulnérables de la planète, sans accès à des moyens de diagnostic, de traitement et de prévention. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recense un milliard de personnes touchées dans 149 pays.
Malgré le fort impact de ces maladies, qui représentent la « pandémie chronique » au 21e siècle, seulement 0,6 % des financements de la santé dans le monde leur sont consacrés. La notion de MTN a émergé de ce constat, les distinguant des trois maladies prises en compte par le Fonds Mondial (Sida, paludisme, tuberculose).
En 2012, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a lancé un plan d’action pour éliminer 17 maladies sévissant en zones tropicales. Une mobilisation internationale importante a depuis vu le jour, impliquant des fondations (notamment la Fondation Bill et Melinda Gates), des ONG, des institutions, des établissements de recherche qui se sont investis dans la création d’alliances, de collectes de fonds (Uniting to Combat NTDs...). Ainsi, en 2015, à l’initiative de la chancelière Angela Merkel, la thématique des MTN a été inscrite à l’ordre du jour du G7 à Berlin. L’objectif d’élimination des MTN est également inscrit dans les Objectifs de développement durable (ODD, 2030), en particulier le 3eme « Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge », adopté par l’ONU en 2015.
En France, grâce à la mobilisation de scientifiques de la francophonie, le réseau francophone sur les MTN (RFMTN) a été créé en 2016, sous l’égide de l’Institut thématique multi-organismes « Immunologie, Inflammation, Infectiologie et Microbiologie » (I3M) de l’Alliance des sciences de la vie et de la santé (Aviesan). Ce réseau regroupe les principales institutions de recherche françaises (IRD, Cirad, Institut Pasteur, Inserm, Universités, CNRS), mais également des ONG, fondations, partenaires publics et privés (Sanofi, DNDi, …) et les partenaires scientifiques et programmes de lutte des pays endémiques francophones où sévissent les MTN.
Les premières actions du RFMTN se sont focalisées sur le plaidoyer pour l’élimination des MTN. Le réseau s’est ainsi mobilisé pour définir une vision intégrée, et spécifique, du diagnostic des MTN et faire un bilan exhaustif des tests existants. Cette vision inclut, outre le développement de tests adaptés aux populations concernées dans leur contexte, les concepts d’accès, de formation, de qualité et de production locale et standardisée de tests. L’objectif est de promouvoir le concept d’accès au traitement plutôt que seulement d’accès au médicament, ce qui inclut de facto le diagnostic.
A l’heure où les chefs d’Etat et de gouvernement participants au XVIIe Sommet de la Francophonie, les 11 et 12 octobre 2018 à Erevan, ont adopté une résolution sur les maladies tropicales négligées, le RFMTN vient d’organiser son deuxième colloque à Montpellier les 22 et 23 octobre 2018, sur le thème « Mieux comprendre et lever les barrières à l’élimination ».
Ce colloque a été l’occasion :
- de faire le bilan des actions passées en particulier sur le diagnostic
- d’envisager de nouvelles activités de recherche et de formation sur les MTN
- de renforcer les partenariats avec les pays endémiques pour ces MTN
- de promouvoir l’approche One Health pour les MTN, et une meilleure intégration des traitements MTN dans les systèmes de santé
- de souligner à nouveau l’expertise française et francophone
- de poursuivre les interactions avec le réseau allemand sur les MTN dans le but de provoquer ensemble une plus forte mobilisation au bénéfice des populations affectées.