La grippe est due à un virus. Donc inutile de compter sur les antibiotiques pour soigner cette maladie. Le plus souvent, le médecin vous prescrit des antalgiques pour soigner les symptômes, notamment la fièvre et les maux de tête. Et la plupart des personnes en bonne santé guérissent de la grippe, sans prendre de traitement, en 1 à 2 semaines, laissant toutefois l’organisme très affaibli.
Des traitements antiviraux
Il existe néanmoins des traitements antiviraux qui empêchent la réplication des virus dans l’organisme. S’ils sont pris suffisamment tôt, dès l’apparition des symptômes, ils peuvent limiter l’infection. En France, c’est le Tamiflu qui est prescrit. Cet antiviral, mis au point pour contourner les problèmes de résistance rencontré avec les premières molécules mises sur le marché, cible les protéines de surface des virus. Ces médicaments doivent être réservés aux formes graves ou aux patients présentant des risques de complications.
Pour protéger les personnes les plus vulnérables, une autre solution existe, une solution préventive. C’est la vaccination. « La vaccination, c’est très important, notamment chez la femme enceinte, poursuit Sylvie Behillil, responsable adjoint du Centre national de référence Virus des infections respiratoires (dont la grippe) à l’Institut Pasteur. Les femmes enceintes sont très peu vaccinées alors qu’elles font parties des personnes à risque depuis la pandémie de grippe H1N1 en 2009. Par ailleurs, quand une femme enceinte se vaccine, à n’importe quel moment de la grossesse, non seulement elle se protège mais elle protège aussi son bébé pour ses 2 ou 3 premiers mois de vie. »
Mais la vaccination ne doit pas concerner que les personnes sensibles. « Quand on se vaccine, on se protège soi mais on protège aussi les autres en évitant la transmission », rappelle Sylvie Behillil. « On casse la chaîne de diffusion, rajoute Vincent Enouf, responsable adjoint du Centre national de référence virus des infections respiratoires (dont la grippe) à l’Institut Pasteur (Paris). Et même si l’efficacité du vaccin est plus faible certaines années, suivant les virus qui circulent, il sauve des vies ».
Un vaccin à quatre souches
Si une personne a déjà attrapé la grippe, l’immunité qu’elle a acquise à cette occasion peut la protéger contre cette maladie. Mais encore faut-il qu’elle rencontre la même souche, du même type de virus de la grippe que la fois précédente. Et c’est bien là toute la difficulté avec la grippe : les virus évoluent tellement rapidement, et en permanence, que l’on n’est jamais complétement immunisé et que la composition du vaccin doit être revue chaque année.
Ainsi, le réseau mondial de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la surveillance de la grippe établit chaque année la composition du vaccin, en essayant de déterminer, par avance, quelles souches vont circuler lors de la prochaine épidémie saisonnière. Le vaccin contre la grippe renferme ainsi les 4 souches de virus qui peuvent être responsables des épidémies saisonnières, à savoir A(H1N1)pdm09, A(H3N2), B Yamagata et B Victoria.
Ces vaccins « inactivés » contiennent des virus morts. Comme tous les vaccins, le fait d’exposer l’organisme à ces virus va activer le système immunitaire sans le rendre malade, ce qui permettra à ce dernier, lors d’une prochaine infection, d’être prêt à la riposte. Des évaluations de l’efficacité vaccinale sont réalisées chaque année en fonction des types et sous-types circulants, et selon les groupes à risque ou non.
Vers un « vaccin universel »
Si certaines équipes de recherche tentent aujourd’hui d’améliorer l’efficacité des vaccins contre la grippe, en étudiant par exemple un mode d’administration par le nez qui stimulerait les mêmes mécanismes de défense que le virus de la grippe, d’autres travaillent à l’élaboration d’un vaccin universel. Mais comment réaliser un vaccin qui serait efficace contre toutes les souches de virus ? Les chercheurs explorent plusieurs pistes, l’idée principale étant d’identifier une caractéristique commune à tous les virus de la grippe, qui ne soit pas ou peu soumise aux mutations.
Certaines équipes tentent par exemple de mettre au point des vaccins en utilisant non pas la tête des protéines de surface (celles qui servent à pénétrer dans les cellules), mais la tige de ces protéines qui mutent beaucoup moins (8). D’autres équipes, comme celles de l’unité Génomique virale et vaccination de l’institut Pasteur, se sont focalisées sur une petite protéine de surface qui émerge à peine de sa surface et ne varie pas d’une souche virale à l’autre (9). « L’objectif du vaccin universel est d’être vaccinée une fois, d’avoir un rappel et puis c’est tout. », conclut Sylvie Behillil.