Des chercheurs de l'Institut Pasteur, au sein de l'unité des Agents antibactériens dirigée par Patrice Courvalin, ont étudié la résistance à la vancomycine chez des bactéries appelées entérocoques et ont montré pourquoi le mécanisme de résistance à cet antibiotique avait si bien disséminé dans le monde entier. Jusqu'ici, il était admis que seule l'utilisation massive des antibiotiques favorisait la dissémination des résistances. Or, cette étude révèle que certains mécanismes de résistance ont la capacité de se propager indépendamment de la présence des antibiotiques dans l'environnement et de persister même en leur absence.
Communiqué de presse
Paris, le 20 septembre 2010
Des chercheurs de l’unité des Agents antibactériens, dirigée par Patrice Courvalin, se sont intéressés au mécanisme de résistance à la vancomycine chez les entérocoques, l’une des principales causes d’infections nosocomiales. Dans un article publié dans PNAS, l’équipe de l’Institut Pasteur explique pourquoi les gènes responsables de la résistance à cet antibiotique ont disséminé très efficacement dans le monde. Au cours des dernières décennies, les entérocoques sont devenus multirésistants et la vancomycine est le traitement de dernier recours.
Les gènes de résistance à la vancomycine, au nombre de 7, sont portés par un élément génétique mobile, transférable à d’autres bactéries. Lorsqu’ils sont exprimés, ces gènes entraînent un profond remodelage de la paroi bactérienne. Cette modification, qui confère à la bactérie un haut niveau de résistance à la vancomycine, présente cependant un coût énergétique élevé, entraînant un ralentissement de sa croissance. D’où, des gènes de résistance qui s’expriment uniquement lorsque les bactéries sont en présence de l’antibiotique.
Dans le cas présent, il apparaît que, en l’absence d’antibiotique, ce mécanisme ne présente aucun coût énergétique et ne pénalise en rien les bactéries résistantes. Elles conservent, in vitro comme in vivo, les mêmes caractéristiques que les bactéries sensibles à la vancomycine, qu’il s’agisse de leur vitesse de croissance, de leur capacité à coloniser un milieu ou encore de leur aptitude à disséminer.
Ce résultat, démontré à partir d’isolats cliniques ainsi qu’à partir de mutants construits in vitro, pose un nouveau problème à la lutte contre les résistances aux antibiotiques. Il est la première démonstration d’un mécanisme de résistance complexe et coûteux, capable de se maintenir dans une bactérie, sans la désavantager.
Un constat qui incite à pousser la compréhension des mécanismes de résistance et de leur « coût biologique » pour les bactéries qui les hébergent. Des propriétés que l’équipe de l’Institut Pasteur continue d’explorer, notamment chez les bactéries responsables d’infections nosocomiales.
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Ce travail a reçu le soutien financier de la Commission Européenne
Source
Inducible expression eliminates the fitness cost of vancomycin resistance in enterococci, PNAS, vol 107, n° 39, p. 16964 – 16969, le 28 septembre 2010.
Marie-Laure Foucault, Florence Depardieu, Patrice Courvalin, and Catherine Grillot-Courvalin
Unité des Agents Antibactériens, Institut Pasteur, 75724 Paris Cedex 15, France
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