Insuffisance hépatique, cirrhose, cancer du foie… : les dommages du foie sont nombreux et fréquents et la seule alternative dans les cas graves est la greffe d'un organe sain. Mais le manque d'organes disponibles limite cette pratique : en 2002, en France, 882 transplantations hépatiques ont été pratiquées pour 1509 candidats à la greffe*. L'espoir pour l'avenir vise à pouvoir greffer des cellules souches capables de se différencier en hépatocytes et de se multiplier dans le foie pour le régénérer. Si on est encore loin de l'application chez l'homme, les recherches en ce sens sont actives chez l'animal. Un travail mené par une équipe de l'Institut Pasteur associé au CNRS, publié dans PNAS, devrait permettre d'accélérer considérablement les connaissances dans ce domaine.
Communiqué de presse
Paris, le 25 mai 2004
L’équipe de Mary Weiss (Unité de Génétique de la Différenciation, Institut Pasteur/CNRS URA 2578) a obtenu chez la souris des lignées de cellules souches hépatiques embryonnaires non transformées, c’est à dire incapables d’induire des cancers dans les modèles animaux testés. Grâce à une collaboration avec l’Unité Institut Pasteur/INSERM Carcinogenèse hépatique et Virologie moléculaire, ces cellules ont été greffées à des souris modèles de dégénérescence hépatique, et se sont différenciées en cellules du foie (hépatocytes), mais aussi en cellules des canaux biliaires. Les chercheurs ont démontré qu’elles devenaient alors parfaitement fonctionnelles.
L’avantage du modèle mis au point par les scientifiques réside dans l’obtention de lignées stables de cellules souches hépatiques : on dispose ainsi de cellules qui peuvent être stockées, puis multipliées à volonté, des caractéristiques importantes pour la thérapie cellulaire. De plus, on peut envisager d’y introduire des gènes préalablement à la greffe (allier en quelque sorte la thérapie cellulaire à une thérapie génique) : par exemple un gène qui contrôlerait la multiplication de ces cellules ou un gène-suicide qui permettrait de les éliminer facilement en cas de problème, ou encore un gène-médicament en cas de greffe dans un foie déficient en certaines enzymes.
Toutes ces voies doivent désormais être explorées par les chercheurs, qui ont en outre pour projet d’obtenir des lignées de cellules souches adultes. Ce type de lignées offrirait la possibilité d’utiliser les cellules du patient lui-même, et faciliterait l’avenir de cette thérapie, en terme d’éthique, comme d’un point de vue pratique. La réaction immunitaire de l’hôte contre les cellules greffées, qui limite aujourd’hui le succès de la thérapie cellulaire chez l’animal, pourrait ainsi être évitée.
Ces travaux sont menés dans le cadre du Grand Programme Horizontal "Cellules souches" de l’Institut Pasteur, dont le but est d’étudier divers aspects des cellules souches chez l’animal (identification, multiplication, différenciation) et les possibilités d’application à l’homme. Ce GPH, qui regroupe quinze laboratoires de recherche du campus pasteurien, est dirigé par Mary Weiss, directeur de l’Unité de Génétique de la Différenciation (IP/CNRS URA 2578), et Jean-Michel Heard, directeur de l’Unité Rétrovirus et Transfert génétique (IP/INSERM 622).
* D’après l’Etablissement français des Greffes
Sources :
"Bipotential mouse embryonic liver stem cell lines contribute to liver regeneration and differentiate as bile ducts and hepatocytes" : PNAS, 1er juin 2004.
Hélène Strick-Marchand (1), Serban Morosan (2), Pierre Charneau (3), Dina Kremsdorf (2), et Mary Weiss (1)
1. Unité de Génétique de la Différenciation, URA 2578 du CNRS, Institut Pasteur
2. Unité 370 INSERM/ Institut Pasteur, CHU Necker
3. Laboratoire de Virologie Moléculaire et Vectorologie, Institut Pasteur
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