Face à la survenue éventuelle d'épidémies dans les régions touchées par la catastrophe, l'Institut Pasteur, impliqué au quotidien dans la lutte contre les maladies infectieuses est mobilisé. L'expert responsable de la Cellule d'Intervention Biologique d'Urgence (CIBU) de l'Institut Pasteur est actuellement en mission au Sri Lanka, pour participer à l'évaluation des risques d'épidémies dans cette région. Dans le même temps, l'Institut Pasteur vient de remettre à des épidémiologistes d'Epicentre des tests de diagnostic rapide du choléra et de la dysenterie bacillaire, produits en urgence. La Cellule d'Alerte et de Réponse aux Epidémies (CARE) est par ailleurs prête à mettre experts et techniciens à la disposition de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en cas de besoin.
Communiqué de presse
Paris, le 11 janvier 2005
Le risque épidémique
Les regroupements de populations, le manque d’hygiène et les difficultés d’accès à l’eau potable, conséquences de la catastrophe survenue le 26 décembre dernier, font craindre l’apparition d’épidémies. Même si ce risque est actuellement considéré comme modéré, la vigilance est primordiale et l’organisation rapide d’un système de surveillance spécifique est indispensable. Les experts redoutent en effet l’apparition de foyers de choléra ou d’autres maladies diarrhéiques, par exemple. Les infections respiratoires risquent elles aussi de se développer. On peut également craindre l’émergence de virus n’étant pas habituellement en contact avec l’homme et nécessitant une expertise particulière. L’Institut Pasteur, spécialiste des maladies infectieuses, s’implique donc dans la veille microbiologique dans la région, et se tient prêt à intervenir en cas d’apparitions de foyers épidémiques.
Des experts de l'Institut Pasteur sur le terrain
La Cellule d’Intervention Biologique d’Urgence (CIBU) de l’Institut Pasteur s’est jointe à une mission du ministère français de la santé dans le cadre de l’aide aux sinistrés. Cette mission, partie le 2 janvier dernier pour le Sri Lanka, implique aussi l’Institut national de Veille Sanitaire (InVS), Véolia Environnement, Sanofi-Aventis et Action contre la Faim, notamment. L’objectif est avant tout d’évaluer les risques potentiels d’épidémies, et d’organiser un soutien efficace en cas de survenue d’un événement épidémique. L’Institut Pasteur prend actuellement contact avec les autorités sanitaires locales et les ONG sur place afin d’apporter une aide rapide en termes d’analyses microbiologiques et d’identification des agents pathogènes circulants.
La Cellule d’Alerte et de Réponse aux Epidémies (CARE) de l’Institut Pasteur, chargée de coordonner un soutien rapide aux interventions de terrain, a également proposé son aide à l’OMS : des experts et des techniciens en biologie appartenant au Réseau International des Instituts Pasteur pourront, si nécessaire, se rendre dans la zone de la catastrophe, notamment en Indonésie et au Sri Lanka . Des épidémiologistes de terrain sont également prêts à partir dans la région en collaboration avec Epicentre (MSF) afin de participer à la coordination des opérations de prévention et de diagnostic si des foyers épidémiques se déclarent.
Envoi de tests de diagnostic rapide du choléra et de la dysenterie bacillaire
Des tests de diagnostic rapide du choléra et de la dysenterie à Shigella flexneri, fabriqués en urgence à l’Institut Pasteur à Paris viennent d’être fournis à des épidémiologistes d’Epicentre pour une utilisation sur le terrain. L’Institut Pasteur de Madagascar vient également de lancer la fabrication de 5000 tests choléra, qui seront envoyés au " Groupe spécial mondial de lutte contre le choléra" de l’OMS pour une distribution en cas de besoin dans les zones concernées.
Ces tests de diagnostic rapide du choléra, sous forme de bandelettes, ont été mis au point dans les Instituts Pasteur de Paris et de Madagascar. Facilement transportables, leur utilisation est simple : il suffit de plonger la bandelette dans un échantillon de selles et d’attendre 2 à 15 minutes pour avoir le résultat. Sans ce test, le diagnostic classique nécessite le transport des échantillons vers un laboratoire d’analyses, ce qui peut prendre plusieurs jours à partir de régions isolées, puis deux à trois jours sont encore nécessaires pour obtenir les résultats au laboratoire. Les tests sur bandelettes pourraient aussi permettre d’améliorer considérablement la surveillance du choléra dans les régions les plus reculées.Sur le même principe, les tests de diagnostic rapide de la dysenterie bacillaire à Shigella flexneri - mis au point dans le Réseau international des Instituts Pasteur à Bangui, Madagascar, Ho Chi Minh Ville, Bucarest, Paris - ont fait l’objet d’une première évaluation au Vietnam. D’autres tests sont en développement : l’un, multivalent, pour détecter l’ensemble des Shigelles, d’autres pour le diagnostic des principaux agents responsables de dysenteries, Shigella dysenteriae, Entamoeba histolytica (amibiase) et E. coli O157 (colites hémorragiques).
La recherche de vaccins contre le choléra et la shigellose plus que jamais d'actualité
La catastrophe du tsunami met dramatiquement en lumière la menace infectieuse et l’importance des recherches visant à la prévenir.
Un candidat-vaccin contre la shigellose, en cours d’essais cliniques chez l’homme, a été mis au point à l’Institut Pasteur. Cette maladie sévit surtout dans les régions tropicales, où elle est endémique, avec des poussées épidémiques à certaines saisons ou lors de désastres humanitaires (guerres, camps de réfugiés). La shigellose tuerait entre 600 000 et 1 million de personnes chaque année dans le monde, pour l’essentiel des enfants de moins de 5 ans.
Le choléra est quant à lui présent dans de nombreux pays, et plus particulièrement dans le Golfe du Bengale qui est le berceau du choléra, sous forme de flambées épidémiques : il touche lui aussi chaque année des centaines de milliers de personnes, avec 25 à 50% de mortalité en l’absence de traitement. L’Institut Pasteur a expérimenté avec succès chez l’animal un candidat-vaccin contre ce fléau, qui devrait faire l’objet d’essais cliniques chez l’homme. Le seul vaccin disponible actuellement confère une bonne protection, mais seulement dans les six premiers mois. S’il est conseillé dans des situations à haut risque (réfugiés, habitants de bidonvilles,…), il ne peut être utilisé dans les programmes nationaux de vaccination. Selon l’OMS, il y a un besoin urgent de disposer d’un vaccin conférant une protection fiable et de longue durée, aussi bien chez l’adulte que chez l’enfant. Le candidat-vaccin de l’Institut Pasteur pourrait répondre à cet objectif.
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L'Institut Pasteur est une fondation privée à but non lucratif dédiée à la recherche biomédicale, à la santé publique et à l'enseignement. Près de 2600 personnes travaillent sur son campus à Paris, où une grande partie des recherches est axée sur les maladies infectieuses. Dans le monde, 29 Instituts Pasteur sont répartis sur les cinq continents, réunissant 9500 personnes.