En février 2017, Dr Halima Maïnassara devient la première femme nigérienne a occuper le poste de Directrice générale du Centre de Recherche Médicale et Sanitaire (CERMES) à Niamey. Médecin, épidémiologiste spécialiste des méningites, elle avait commencé à travailler au sein de cet établissement public de référence membre du Réseau international des instituts Pasteur en février 2005 comme enquêtrice de terrain.
Dès l’école primaire, Halima Boubacar Maïnassara savait qu’elle voulait devenir médecin : « je disais toujours que je voulais être la personne en blouse qui soigne les petits », raconte cette fille d’une enseignante et d’un conseiller pédagogique. Son bac avec mention lui permet d’obtenir une bourse pour aller étudier à l’étranger. Halima part au Mali où elle obtient en 2004 son diplôme à la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bamako : « j’aimais le contact avec les patients, la confiance qu’ils nous accordent. Le médecin a une place importante dans la société ». Sa thèse de médecine portant sur l’échographie, la jeune docteure travaille dans ce domaine à Niamey mais également comme médecin aux urgences médicales et chirurgicales à l’Hôpital National de la capitale nigérienne. Le CERMES cherche alors des médecins pour réaliser des enquêtes épidémiologiques ; Halima est embauchée comme enquêtrice contractuelle. « C’est comme cela que j’ai mis le pied dans la recherche. J’aimais beaucoup ce travail de terrain. En parallèle, je consultais pour le dispensaire du Centre [fermé depuis] et restais donc en contact avec les patients ».
Légende: 2007, Halima Maïnassara participe à une enquête de santé dans le village de Mozagué (sud du pays) - crédit photo CERMES
Halima Maïnassara complète ensuite son cursus : des cours à distance lui permettent d’obtenir un diplôme Inter-Universitaire de statistique appliquée à la médecine à l’Université Pierre et Marie Curie (UPMC) à Paris. Elle obtient en 2008 une bourse de la coopération française et passe un Master 2 Recherche en Statistiques pour les sciences de la santé – Epidémiologie puis un diplôme d’Université de troisième cycle en Pratique de la santé publique dans les pays en situation de développement à l’université de Montpellier. A l’Institut Pasteur, elle obtient un diplôme en Essais Cliniques et Maladies Infectieuses et Tropicales. A partir de 2012, Halima, mère de trois enfants âgés aujourd’hui de 19 ans, 14 ans et 7 ans, multiplie les aller-retours entre Niamey et Paris pour préparer sa thèse de science : elle obtient en 2017 un doctorat en Santé publique, option Epidémiologie et Sciences de l’Information Biomédicale, à l’UPMC.
2017, est une année clef dans la carrière d'Halima Maïnassara, elle est nommée comme directrice du CERMES (voir encadré). Halima Maïnassara n'imaginait pas en prendre la direction : « lors de l'appel à candidatures, j'étais occupée par ma thèse. Mais on m’a encouragé à postuler et j’ai tenté ma chance ! ». Cette spécialiste des méningites devient alors la première femme nigérienne directrice du CERMES.
Ses priorités ? La méningite, bien sûr : « c’est un sujet de travail historique de l’institution toujours d’actualité car il y a des épidémies de méningites chaque année au Niger et les décideurs attendent beaucoup des chercheurs » précise Halima - à chaque saison épidémique, les analyses du CERMES permettent de repérer le germe en cause et de trouver le vaccin approprié. Mais ajoute la nouvelle directrice, « il ne faut pas se limiter aux maladies infectieuses. Bien sûr, cela reste un problème majeur mais il faut s’ouvrir. Nous avons aussi des problèmes de santé publique comme l'hypertension ou le diabète qui méritent d’être investigués dans nos pays ». Autre sujet central : « la santé mère-enfants qui là encore ne se limite pas à travailler sur l’infectieux, c'est l'une de mes ambitions ». Pour mener à bien ses projets, Halima Maïnassara sait qu'elle peut s'appuyer sur le Réseau des instituts Pasteur : « au sein du Réseau, on ne se sent pas seul, on est dans un groupe. Nous menons beaucoup de projets communs, nous partageons des idées et des valeurs. C’est une force immense ! ».
Dr Halima Boubacar Maïnassara, Directrice générale, CERMES
- 1975 : naissance à Niamey (Niger)
- 2004 : doctorat d’Etat en Médecine (Bamako, Mali)
- 2009 : Master Recherche en Statistiques pour les sciences de la santé – Épidémiologie (Université de Montpellier, France)
- 2017 : doctorat en Santé publique, option Epidémiologie et Sciences de l’Information Biomédicale, (Paris, Université Pierre et Marie Curie)
- Depuis février 2017 : Directrice Générale du CERMES
Le CERMES en bref
Inauguré en 2012, ce centre sert de cadre de formation aux professionnels et étudiants du domaine des sciences de la santé au Niger. Enfin, le CERMES est un acteur majeur de la santé publique nigérienne en participant activant à la surveillance des maladies. Il est notamment laboratoire nationale de référence pour la résistance aux antipaludéens, la grippe, le choléra et la méningite.