Le 7 novembre, 14 étudiants* de l’équipe iGEM-Pasteur 2017 ont pris l’avion pour Boston. Le Massachusetts Institute of Technology (Etats-Unis) y organisait du 9 au 13 novembre le concours international iGEM (international Genetically Engineered Machine), qui fait chaque année la promotion de la recherche en biologie synthétique. Revenue avec une médaille de bronze, l’équipe pasteurienne conclut, pour la troisième année consécutive, une intense année de travail.
* Issus de l’ESPCI (Ecole Nationale Supérieure de Chimie et Physique Industrielle de la ville de Paris), l’ENSCI (Ecole Nationale Supérieure de Création Industrielle), Université Paris Sud – Jean Monnet (Droit), Université Pierre-et-Marie-Curie (Sciences de la vie), Ecole polytechnique, Centrale-supélec et Chimie ParisTech.
Le concours iGEM était encore cette année de très haut niveau. Avec près de 5000 participants, venus de 46 pays, il est toujours prisé par les étudiants qui y voient une occasion unique de présenter un projet très abouti dans le domaine de la recherche en biologie synthétique. La plupart d’entre eux a fait le déplacement à Boston (Etats-Unis) pour le Giant Jamboree, ce rassemblement géant point d’orgue de la compétition, organisé le 13 novembre. Parmi eux, les 14 étudiants de l’équipe iGEM-Pasteur 2017 et leurs deux coachs, venus défendre leur projet ÆTHER, un kit de dépollution de l’air intérieur. Contrairement aux filtres à air du commerce, ce nouvel objet capture ici les polluants de l’air en phase condensée, c’est-à-dire dans de l’eau. Objectif : récupérer aussi des polluants organiques comme certains perturbateurs endocriniens, puis traiter et dégrader biologiquement par des enzymes l’ensemble des polluants organiques collectés pour les destiner à un recyclage.
D’où est venue cette idée ? « La pollution de l’air tue », assènent les étudiants de l’équipe iGEM, pour qui la question de santé publique reste un leitmotiv important de ce projet. Avec quatre millions de morts par an dus à la pollution de l’air intérieur, trois millions dus à celle de l’air extérieur, des lois voient le jour pour essayer de contenir ces pollutions. Comme la loi française sur la qualité de l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie (LAURE - Law on air and the rational use of energy), votée en 1996, qui met en œuvre « le droit reconnu à chaque personne de respirer un air qui ne nuit pas à sa santé ». Mais se débarrasser des sources de pollution prendra du temps et l’équipe iGEM a réfléchi à un moyen complet de dépolluer l’air intérieur. « Comme l’an passé, nous avons réuni, dès janvier, l’équipe d’étudiants iGEM-Pasteur, pour des séances de brainstorming et de bibliographie, jusqu’en mars, explique Deshmukh Gopaul. L’idée kit de dépollution a semblé la plus intéressante et réalisable. » L’équipe a pourtant mis la barre très haute pour réaliser un produit compact, abordable, biodégradable, et permettant de décomposer les produits polluants pour qu’ils soient moins toxiques. « Les polluants sont capturés dans de l’eau et cette phase organique va être traitée et dégradée, avant de rejoindre le stock de la phase inorganique pour recyclage. »
Les étudiants aux multiples casquettes scientifiques (biologie, chimie…) ont repéré l’eau comme un vecteur intéressant pour solubiliser les produits polluants. Restait à capturer ces polluants et l’idée d’une toile d’araignée (soie hydrophobe) qui accumulerait les gouttelettes d’eau a germé. Des enzymes décomposent les polluants et l’eau est récupérée. Le dispositif peut même être adapté au lieu, habitation individuelle ou collective, pour capturer au mieux les polluants qui y circulent. Les deux étudiants juristes de l’équipe iGEM ont aidé le groupe à monter un projet original avec des technologies brevetables.
Une médaille de bronze dans la catégorie Environnement a récompensé leur travail. « Nous sommes très fiers de ce prix car il traduit la diversité des compétences, avec des étudiants formés dans des domaines aussi variés que la biologie, la chimie, la physique, le droit, ou encore le design industriel », insiste Deshmukh Gopaul, chercheur du pôle Design de la Biologie, et pilote du projet iGEM-Pasteur, qui rappelle que le projet iGEM doit s’envisager, comme à chaque édition, sur trois ans :
- une année exploratoire où le projet se crée, et qui s’achève par le Giant Jamboree à Boston ;
- une année de consolidation où le projet peut être valorisé par les équipes de l’Institut Pasteur, en droit, en lien avec des partenaires industriels… ;
- et une année d’innovation où la technologie peut trouver un débouché commercial.
« Nous sommes une équipe pluridisciplinaire composée de biologistes (UPMC), de chimistes (Chimie ParisTech), d'ingénieurs (Centrale-Supélec, Ecole Polytechnique, ESPCI), de juristes (Université Paris Saclay) et de designers industriels (ENSCI-Les Ateliers). Cette expertise pluridisciplinaire a été un atout important pour notre projet car elle nous a permis de créer des synergies entre nos spécialités et d'apprendre constamment les uns des autres. »
L'équipe iGEM-Pasteur 2017