L'OMS a adopté en mai 2016 une stratégie mondiale pour éliminer les hépatites B et C d'ici 2030. Sur la base d'analyses anthropologiques menées par plusieurs pays africains, un groupe de chercheurs, y compris certains de l'Institut Pasteur, suggèrent que pour atteindre ces objectifs d'élimination, il est essentiel d’améliorer la communication sur les hépatites virales.
Selon l'OMS, les hépatites virales ont causé 1,34 million de décès en 2015 (un nombre comparable aux décès dus à la tuberculose et plus élevé que ceux causés par le VIH) et environ 328 millions de personnes vivent avec une hépatite B ou C chronique dans le monde. Sur le continent africain, la prévalence de l'hépatite B est particulièrement élevée, avec plus de 8% de sa population adulte infectée de façon chronique.
Dans le cadre de sa stratégie d'élimination globale, l'OMS a publié récemment de nouvelles recommandations pour le diagnostic des hépatites B et C. Dans une communication publiée dans la revue The Lancet Infectious Diseases, un groupe de chercheurs dirigé par Yusuke Shimakawa et Tamara Giles-Vernick de l'Institut Pasteur, appellent à une meilleure formation des agents de santé autour de l'hépatite virale et à des stratégies de communication améliorées à l'intention du grand public en Afrique.
Des études anthropologiques menées dans différents pays africains (Burkina Faso, République centrafricaine, Côte d'Ivoire, Gambie et Madagascar) démontrent le manque d'informations et de mauvaises connaissances sur les hépatites. "La plupart des populations que nous avons étudiées ont très peu de connaissances sur les hépatites virales. Ils ne connaissent pas les voies de transmission et ont souvent des explications alternatives pour les symptômes qu'ils observent chez les personnes qui en souffrent, invoquant même parfois le VIH. Les recherches anthropologiques peuvent aider à développer des outils pour des communications plus adaptées et efficaces envers le public " explique Tamara Giles Vernick, responsable du groupe Anthropologie médicale et environnement à l'Institut Pasteur. La même situation a été observée en ce qui concerne les travailleurs de santé, qui n'ont pas de connaissances biomédicales et une formation suffisante pour expliquer la maladie aux patients. "Des thérapies antivirales abordables existent contre l’hépatite B et leur accès peut être considérablement amélioré en Afrique. Cependant, le traitement actuel doit être pris à vie pour la plupart des gens et, par conséquent, une véritable compréhension de l'hépatite virale est essentielle pour qu'ils s'engagent pleinement dans ce traitement à long terme. Un autre domaine important pour le contrôle de l'hépatite B est d'augmenter la couverture vaccinale à la naissance, comme le recommande l'OMS " explique Yusuke Shimakawa, de l'unité d'Epidémiologie des maladies émergentes à l'Institut Pasteur.
En Afrique, le virus est souvent transmis de la mère à l'enfant à la naissance et entre les enfants pendant les premières années de la vie. L'Institut Pasteur coordonne le projet NeoVac (vaccination néonatale contre l'hépatite B en Afrique), une vaste étude internationale menée en collaboration avec l'Institut Pasteur de Madagascar, Institut Pasteur de Dakar et Lamivac au Burkina-Faso. L'objectif de ce projet est de développer et d'évaluer dans chaque pays la meilleure stratégie adaptée localement pour améliorer la couverture à la naissance du vaccin contre l'hépatite B et d'autres pratiques de soins néonataux.
Source : Yusuke Shimakawa, Dolorès Pourette, Louis Bainilago, Catherine Enel, Roger Sombié, Ramanampamonjy Rado, Maud Lemoine, Tamara Giles-Vernick, Improving communication about viral hepatitis in Africa, The Lancet Infectious Diseases, Volume 17, Issue 7, July 2017, Pages 688-689