L’étude de la couverture vaccinale contre les infections invasives à méningocoque, combinée à des analyses en génomique et physiopathologie, a permis de détecter un nouveau génotype du sérogroupe W du méningocoque et de caractériser l’émergence de la souche bactérienne résultante. Cette approche combinée est pertinente pour soutenir la prise de décision dans la mise en oeuvre de mesures de contrôle des infections invasives à méningocoque, dans la région Hauts-de-France.
Les infections invasives à méningocoque nécessitent des mesures rapides et efficaces en termes de santé publique ; leur survenue pouvant donner lieu à une épidémie ; du fait de la grande diversité des souches bactériennes circulantes, la surveillance épidémiologique de ces infections requiert des méthodes performantes permettant de distinguer les différentes souches et de détecter l’émergence de nouveaux variants. C’est pour assurer cette surveillance rapprochée que l’Unité des infections bactériennes invasives, qui héberge le Centre national de référence des méningocoques et de Haemophilus influenzae, travaille en étroite collaboration avec Santé Publique France.
En 2020, le séquençage du génome entier a permis de détecter en France des génotypes émergents, mettant en évidence de nouvelles souches du sérogroupe W du méningocoque, dans la région des Hauts de France. Ces souches appartiennent à un nouveau génotype identifié et nommé W/CC9316, qui se distingue du génotype circulant majoritaire en France (nommé W/cc11). Contrairement aux cas dûs aux isolats W/CC11, les cas imputés aux nouveaux isolats W/CC9316 ont été principalement observés chez les nourrissons de moins de 1 an, avec une mortalité plus faible comparée aux cas liés au génotype pré-existant W CC11. En outre, la comparaison génomique des isolats W/CC9316 et W/CC11 a permis de mettre en évidence l’absence de séquence du récepteur de l'hémoglobine dans l’isolat W/CC9316 ; le récepteur de l'hémoglobine constituant un facteur de virulence impliqué dans l'acquisition du fer. In vivo, dans un modèle d’infection de souris, ces souches W/CC9316 montrent en effet une virulence plus faible, comparée aux isolats W/CC11 et sont couvertes pas les vaccins anti-méningococciques.
Plus globalement, l’ensemble de ces travaux montrent l’intérêt d’une approche combinant à la fois analyse génomique et étude physiopathologique pour l’adaptation de mesures de contrôle en santé publique.
Source: J infect, feb 4, 2020. doi : 10.1016/j.jinf.2020.01.020