Les infections urinaires (IU) forment un groupe de maladies infectieuses touchant principalement les femmes adultes en bonne santé, mais qui peuvent également affecter gravement les hommes. L’IU est la deuxième infection la plus prévalente après l’infection respiratoire*. La compréhension de la réponse immunitaire aux IU reste insuffisante, alors qu’elle pourrait contribuer à limiter le recours aux antibiotiques pour soigner ces infections courantes.
Généralement, lorsqu’une personne est infectée par des microorganismes, tels que des bactéries, elle développe une mémoire immunitaire. Si ces mêmes bactéries réapparaissent, l’organisme adoptera une réponse immunitaire capable de prévenir l’infection avant qu’elle ne se propage. Cependant, chez près de la moitié des individus souffrant d’une infection urinaire (IU), cette mémoire immunitaire est insuffisante pour éviter une seconde infection.
Le rôle des macrophages dans la suppression de la mémoire immunitaire
Une équipe de chercheurs de l’Institut Pasteur avait découvert que les macrophages (type de cellule immunitaire) jouaient un rôle dans l’inhibition du développement de la mémoire immunitaire dans la vessie. « Le macrophage a notamment pour vocation de s’assurer du fonctionnement normal de nos différents tissus. Une réponse immunitaire trop forte peut nuire au fonctionnement d’un organe, comme la vessie », explique Molly Ingersoll, cheffe du groupe Inflammation et immunité des muqueuses à l’Institut Pasteur, à Paris.
Un nouveau projet de recherche pour élucider le mécanisme sous-tendant cette inhibition
Comme l’explique un article publié dans la revue Science Advances, l’équipe s’est aperçue que deux sortes de macrophages cohabitaient en permanence dans la vessie. « Ils se trouvent à plusieurs endroits de l’organe et remplissent des fonctions distinctes au moment de l’infection. L’un des types de macrophages meurt très rapidement après l’infection, peut-être en raison de la perturbation de sa niche par la bactérie. L’autre mange la bactérie, puis active des protéines qui inhibent la réponse immunitaire », poursuit Molly Ingersoll. L’équipe a formulé l’hypothèse que ces actions contribuaient à limiter les lésions bactériennes de la vessie et la réponse immunitaire de l’hôte afin que la vessie puisse continuer à stocker les déchets métaboliques. Elle a observé expérimentalement que la mémoire immunitaire s’améliorait en réponse à une deuxième infection lorsque ces cellules étaient supprimées à l’occasion d’une IU.
Par conséquent, la compréhension des rôles de ces deux types de macrophages et des réponses spécifiques qu’ils déclenchent « pourrait permettre de mettre au point des stratégies ciblant des voies pertinentes d’amélioration de la réponse à des IU récurrentes et de limiter le recours aux antibiotiques pour soigner ces infections très répandues », indique Molly Ingersoll.
* Lire aussi Démystification de l’immunité de la vessie
Le groupe Inflammation et immunité des muqueuses de Molly Ingersoll a collaboré avec l’UtechS CB, l’UtechS PBI, le Hub d’analyse d’images et le département Biologie computationnelle, à l’Institut Pasteur (Paris).
Ses travaux sont financés par l’ANR (Agence nationale de la recherche).
Source
Functionally distinct resident macrophage subsets differentially shape responses to infection in the bladder, Science Advances, 25 novembre 2020.
Livia Lacerda Mariano
1Department of Immunology, Institut Pasteur, 75015 Paris, France.
2INSERM U1223 Paris, France.
3Bioinformatic and Biostatistic Hub, Department of Computational Biology, Institut Pasteur,USR 3756 CNRS, Paris, France.
4Biomics Platform, Center for Technological Resources and Research (C2RT), Institut Pasteur,Paris, France.
5Aix Marseille University, CNRS, INSERM, CIML, Marseille, France.
6Macrophages and Endothelial Cells, Department of Developmental and Stem Cell Biology,CNRS UMR3738, Department of Immunology, Institut Pasteur, Paris, France