Le diagnostic de la maladie du sommeil, une maladie tropicale négligée causée par les trypanosomes africains, repose sur la détection de parasites dans le sang. Après avoir découvert que la peau était un réservoir de trypanosomes, les chercheurs de l’Institut Pasteur et leurs collègues ont récemment confirmé et quantifié ce phénomène chez l’Homme, améliorant ainsi notre compréhension épidémiologique et ouvrant la voie à de nouvelles approches d’éradication de la maladie.
Parasites transmis par les mouches tsé-tsé, les trypanosomes africains sont responsables de la maladie du sommeil. Ils prolifèrent dans le sang et finissent par migrer vers le système nerveux central, entraînant la mort. Le diagnostic implique généralement deux étapes : un dépistage sérologique suivi de la détection au microscope de parasites vivants dans le sang. Il arrive cependant que les parasites vivants ne soient pas repérés chez certains individus pourtant dépistés, qui ne sont donc pas traités. Des chercheurs du groupe Transmission des trypanosomes de l’Institut Pasteur ont récemment démontré, dans des modèles de laboratoire, que la peau était un réservoir anatomique majeur pour les trypanosomes, facilitant leur accès par les mouches tsé-tsé mais les rendant difficiles à détecter dans le sang. Ils ont confirmé ce phénomène chez l’Homme en Guinée, foyer de la maladie du sommeil. Une recherche de trypanosomes a été effectuée dans les échantillons sanguins et les biopsies de peau de 11 témoins séronégatifs, 8 cas suspects et 18 cas confirmés sur les 5 417 individus dépistés sérologiquement pour la maladie du sommeil. Des trypanosomes ont été détectés dans le sang de tous les cas confirmés, mais pas dans celui des cas suspects, et dans la peau de tous les cas suspects et confirmés. Ces résultats démontrent que la peau est un réservoir anatomique de trypanosomes africains, y compris chez certains individus qui, apparemment non infectés, échappent au dépistage. Ces observations améliorent notre compréhension de l’épidémiologie de la maladie du sommeil aux fins de son éradication et désignent la peau comme nouvelle cible pour le diagnostic.
Source: Clin Infect Dis. 2020 Jul 8. doi: 10.1093/cid/ciaa897