Le paludisme est une maladie transmise à l’être humain par la piqûre d’un moustique lui-même infecté par un parasite. Ce parasite s’installe dans le foie, puis infecte les globules rouges et les détruit. Une équipe Université Paris Cité – Inserm, dirigée par le Pr Pierre Buffet, directeur médical de l’Institut Pasteur, identifie deux médicaments susceptibles de décupler l’efficacité de la filtration du sang par la rate. Cette découverte pourrait aider à stopper la transmission de la maladie entre globules rouges.
Le paludisme est une maladie provoquée par des parasites du genre Plasmodium. Cette maladie infectieuse est potentiellement mortelle. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), elle a touché environ 241 millions de personnes dans le monde en 2020, et causé 627 000 décès (voir notre fiche maladie paludisme).
Transmis à l’Homme par la piqûre d’un moustique lui-même infecté, le parasite s’installe dans le foie, puis se multiplie au bout de quelques jours dans les globules rouges et les fait éclater. Il peut alors se disperser et infecter de proche en proche de plus en plus de globules rouges.
Améliorer la filtration du sang par la rate pour stopper la maladie
L’équipe du Professeur Pierre Buffet, actuel directeur médical de l’Institut Pasteur (UMRS 1134 Université Paris Cité – Inserm), s’intéresse aux proportions de globules rouges infectés par le parasite du paludisme présentes dans le sang et la rate. Dans une récente étude publiée dans la revue Nature Communications, l’équipe explique les mécanismes de filtration du sang par la rate et identifie deux médicaments susceptibles de décupler l’efficacité de cette filtration. Les globules rouges infectés seraient alors retenus dans la rate pour y être détruits et éliminés, stoppant ainsi la transmission de la maladie. « Nous pourrions passer en essai clinique dans les deux ans avec un résultat principal un an plus tard. Comme il s'agit de médicaments déjà existants, le tempo de la recherche pourrait être plus rapide que pour un développement standard », souligne le Pr Pierre Buffet.
Pour en savoir plus sur cette découverte, écouter le podcast de France Culture.
La rate humaine, cimetière et sanctuaire pour le parasite du paludisme
Dans l’organisme, la rate est l’organe simultanément chargé de générer une réponse immunitaire face aux microbes contenus dans le sang et de filtrer le sang pour détruire et éliminer les globules rouges anormaux, trop vieux ou infectés. « Dès le début des années 2000, avec Geneviève Milon, Peter David et d’autres membres de l’unité d’Odile Puijalon à l’institut Pasteur, nous avons commencé à étudier le rôle de la rate face aux globules rouges infectés par le parasite du paludisme », explique le Pr Pierre Buffet.
Déjà, dans une précédente étude en 2021, l’équipe UMRS 1134 du Professeur Pierre Buffet (Inserm – Université Paris Cité), en étroite collaboration avec l’équipe du Professeur Fabrice Chrétien (Institut Pasteur) et une équipe australo-indonésienne dirigée par le professeur Nick Anstey, observait chez les patients atteints de paludisme chronique une concentration de globules rouges infectés 20 à 4000 fois plus élevée dans la rate humaine que dans le sang circulant. Ces résultats confirmaient que l’essentiel du cycle parasitaire se produirait en réalité quasiment entièrement dans la rate, modifiant ainsi profondément la compréhension du paludisme.
A l’Institut Pasteur, de nombreux travaux portent sur le paludisme. Parmi quelques réussites récentes : Juin 2022 _ Une nouvelle cible médicamenteuse contre le paludisme Juillet 2022 _ Recréer le cycle sanguin du parasite in vivo pour mieux lutter contre la maladie |
Source
Safe drugs with high potential to block malaria transmission revealed by a spleen mimetic screening, Nature Communications, 15 mars 2023