En Afrique subsaharienne, le nombre de nouveau-nés infectés par l'hépatite B serait deux fois plus élevé que par le VIH.
Alors que le risque de transmission mère-enfant de l'hépatite B est bien documenté en Asie, les données concernant la situation en Afrique sont encore rares. Dans un article publié dans la revue Alimentary Pharmacology & Therapeutics, des épidémiologistes de l'Institut Pasteur, de l'École Pasteur / CNAM de Santé Publique et de l'hôpital universitaire Mater Misericordiae (Dublin) estiment que plus de 360 000 nourrissons en Afrique subsaharienne sont infectés par le virus de l’hépatite B (VHB) à la naissance chaque année. Ce chiffre représente près de deux fois le nombre annuel de nouveau-nés infectés dans la période périnatale par le VIH dans cette région (environ 190 000 par an).
Les chercheurs ont procédé par un recensement systématique et une méta-analyse de la littérature pour estimer le risque de transmission mère-enfant du VHB en Afrique subsaharienne. Ils ont identifié quinze études dans 11 pays africains qui incluaient des nourrissons nés de mères infectées par le VHB et qui procédaient à un test diagnostique de l’hépatite B chez ces enfants entre 3 et 12 mois d’âge.
Les résultats montrent que le risque de transmission mère-enfant de l'hépatite B est de 5% lorsque la mère est négative pour l'antigène HBe (un marqueur de forte réplication virale), mais il augmente jusqu'à 38% lorsque la mère porte cet antigène.
« La transmission mère-enfant du virus de l'hépatite B a été jusqu'ici négligée en Afrique subsaharienne. Notre résultat souligne clairement la nécessité de mettre en œuvre des stratégies de prévention. En particulier, depuis 2009, l'OMS recommande de vacciner tous les nouveau-nés dans les premières 24h de leur vie » explique le Dr. Yusuke Shimakawa, de l'unité d'Epidémiologie des Maladies Emergentes de l'Institut Pasteur.
Le Dr. Shimakawa dirige, avec le Dr Muriel Vray, responsable de l'unité d'épidémiologie de l'Institut Pasteur de Dakar, le programme NeoVac (Vaccination néonatale contre l'hépatite B en Afrique) dont le but d'identifier dans trois pays africains (Sénégal, Madagascar, Burkina Faso) la meilleure stratégie durable et adaptée localement pour vacciner les nouveau-nés contre l'hépatite B dans les 24 heures suivant la naissance. « Nous avons lancé cette année le projet NeoVac avec une première étude préliminaire qui nous aidera à développer une intervention qui dans chacun des pays partenaires sera coordonnée par des équipes de l'Institut Pasteur à Dakar, de l'Institut Pasteur à Madagascar et de LAMIVAC au Burkina Faso », commente Dr Shimakawa.
Les porteurs chroniques de l'hépatite B qui ont été infectés par leurs mères à la naissance ont un risque élevé de cirrhose, cancer du foie et in fine de décès. La vaccination des nourrissons à la naissance est donc une stratégie essentielle pour réduire le poids des maladies liée à l'hépatite B chronique.
Le projet est NeoVac est soutenu par la Fondation Total
Source
Keane, E., Funk, A. L. and Shimakawa, Y. (2016), Systematic review with meta-analysis: the risk of mother-to-child transmission of hepatitis B virus infection in sub-Saharan Africa. Aliment Pharmacol Ther, novembre 2016.