Les virus du genre hantavirus sont transmis par les rongeurs et provoquent de graves épidémies zoonotiques dans le monde entier, pour lesquelles il n’existe aucun traitement. L’étude aux rayons X de la structure du réseau des glycoprotéines de surface des hantavirus révèle un mécanisme intégré contrôlant l’insertion membranaire des glycoprotéines d’enveloppe. Cette étude fournit des informations importantes pour le développement d’immunogènes de protection contre ces virus mortels.
Les hantavirus transmis par les rongeurs forment un petit groupe de virus présents dans le monde entier. Ils sont classés en deux catégories – les hantavirus de l’Ancien monde (HAM) et les hantavirus du Nouveau monde (HNM) – selon leur répartition géographique et leurs réservoirs naturels (Jonsson et al., 2010 : « A Global Perspective on Hantavirus Ecology, Epidemiology, and Disease »). Les hantavirus provoquent des épidémies zoonotiques potentiellement mortelles de pneumopathies graves (HNM) et de fièvre hémorragique à syndrome rénal (HAM). Malgré la gravité de ces maladies, il n’existe aucun traitement efficace. L’inhalation d’aérosols contaminés par des excreta de rongeurs infectés constitue la principale voie de transmission, bien qu’il ait déjà été signalé des cas de transmission interhumaine d’un syndrome pulmonaire à hantavirus Andes (ANDV). Les HNM sont donc capables de s’adapter aux voies aériennes de transmission interhumaine, ce qui accroît leur potentiel épidémique.
Pléomorphes, les particules d’hantavirus présentent un réseau de surface carré caractéristique. Leurs glycoprotéines d’enveloppe Gn et Gc forment des hétérodimères qui s’assemblent ensuite en spicules tétramériques, constituant le réseau. Les glycoprotéines, qui sont les seules cibles des anticorps neutralisants, favorisent l’entrée du virus par endocytose médiée par les récepteurs et fusion de la membrane endosomale.
Dans cette étude aux rayons X haute résolution, Serris, A. et al décrivent la structure de l’hétérodimère de Gc et de la tête de Gn et celle de la base homotétramérique de Gn. Leur docking dans une carte de cryotomographie électronique d’une résolution de 11,4 Å de la surface de l’hantavirus a permis de représenter toute la partie extramembranaire de l’enveloppe glycoprotéique virale et de décrire en détail l’organisation de la surface de ces virions pléomorphes. Cette étude, qui révèle un mécanisme intégré contrôlant l’insertion membranaire de Gc à des fins de fusion, ouvre la voie au développement d’immunogènes de protection contre les hantavirus pathogènes.
Source: Cell, Oct 15, 2020. doi:10.1016/j.cell.2020.08.023