Diego est né et a grandi à La Paz en Bolivie. Son père était avocat comme l’était aussi son grand-père. Sa mère était enseignante en histoire et géographie. Ils ont expliqué très tôt à Diego qu’il y a deux façons de s’en sortir dans la vie et de subvenir correctement aux besoins de sa famille, soit en devenant avocat, soit en devenant médecin. Diego a finalement tracé un autre chemin : celui de devenir chercheur en sciences.
Ses parents ont toujours souhaité qu’il puisse bénéficier de toutes les chances possibles. Après l’école, pour lui comme pour son frère, la journée n’était pas terminée, il fallait aussi étudier les langues étrangères, à l’Alliance française, et à l’Institut anglais. Pour sa mère c’était autant de chance possible pour bénéficier, un jour d’une ouverture sur le monde et d’un bon emploi.
Pour se distraire il y avait le sport, le skate-board en loisir, que Diego affectionne toujours aujourd’hui et un entrainement quotidien de tennis pour participer à des compétitions. De cette éducation exigeante, Diego a gardé le goût de l’effort, la patience et la ténacité.
Départ pour les Etats-Unis
Lorsque ses études supérieures se sont achevées, Diego a poursuivi l’idée de faire une carrière scientifique, même s’il n’avait pas spécialement de facilités dans ces matières. Ses parents l’ont soutenu financièrement et il est parti étudier aux États-Unis à l’université de l’Utah à Salt Lake City pour obtenir une licence de chimie. Durant ces quatre années, il a étudié et travaillé en même temps dans deux laboratoires de recherche.
« Je sais que c’est une chance extraordinaire, quitter mon pays, apprendre de nouvelles choses ; dans le laboratoire on m’encourageait, c’était vraiment positif »
Puis c’est à Princeton et Harvard qu’il a approfondi ces connaissances. Diego garde un excellent souvenir de ces années. « Tu te retrouves dans une université à côté de scientifiques dont tu as lu les articles, tu croises des prix Nobel et toute cette excellence de travail devient contagieuse ! »
Lors de sa dernière année à Harvard, en plus de ses heures de cours, Diego travaillait en laboratoire. C’est dans le département Cellules souches et biologie régénérative qu’il va travailler sur un projet original mené par Lida Katsimpardi, qu’il retrouvera, d’ailleurs, plus tard à l’Institut Pasteur. Le travail de Lida consistait à répondre à ces multiples questions : « Peut-on ralentir le vieillissement et rajeunir le cerveau âgé ? Peut-on réparer un cerveau endommagé par les maladies neurodégénératives ? ». Et c’est au cours de cette collaboration, qu’un amusant et heureux hasard a permis à notre jeune chercheur de découvrir une technique innovante.
Un soir de Noël, Diego un peu pressé et attendu pour un dîner, a utilisé, en suivant un protocole existant*, un mauvais anticorps. Cette erreur, lui a permis de découvrir une nouvelle voie de marquage, à l’intérieur des vaisseaux sanguins. Cette technique originale a d’ailleurs été saluée par la communauté scientifique. C’est ensuite, au cours d’un séminaire que Lida donnait à l’Institut Pasteur à Paris, que les compétences de Diego, en histologie et en analyse d’imagerie microscopique ont été remarquées par Chiara Zurzolo, responsable de l’unité Trafic membranaire et pathogénèse. C’est ainsi qu’il a reçu une proposition pour réaliser sa thèse dans ce laboratoire parisien.
Je n’avais jamais envisagé de partir pour l’Europe, mon doctorat, je l’avais plutôt imaginé aux Etats-Unis ! Finalement, après un entretien avec Chiara, j’ai accepté ce nouveau projet.
Un post-doctorat à Paris
Au début, Paris m’a semblé trop dense, trop petit, tout était trop petit… mais j’étais encore ignorant, depuis j’ai beaucoup appris et je me rends compte que la France et l’Europe en général, sont riches de leurs cultures, de leurs mélanges. »
A ce jour, Diego doit se concentrer sur la rédaction de sa thèse, qu’il soutiendra à la fin de l’année 2019. Récemment, l’équipe vient de publier dans Nature Communications un article qui démontre l’existence de liens microscopiques appelés « tunneling nanotubes » par lesquels les cellules « communiquent » et échangent entre elles du matériel biologique. Diego, co-auteur de cette publication a réalisé, était responsable de la rédaction du manuscrit, de la mise en page de la publication et de l'analyse de données obtenues par microscopie électronique.
Il ne sait pas encore ce qu’il envisagera après. Paris ou ailleurs… Le monde est vaste et la communauté scientifique, où qu’elle se trouve, parle, après tout, le même langage. Pour ce voyageur qui visite le monde souvent au gré de son travail, l’envie de découvrir encore de nombreux pays est à l’ordre du jour.
* Protocole nommé i-Disco et mis au point dans le laboratoire du professeur Mark Tessier-Lavigne à l’université Rockefeller aux États-Unis qui permet de rendre les tissus transparents pour une observation au microscope.
Diego Cordero Cervantes en quelques dates
2016-présent : Doctorant dans le cadre du programme PPU, laboratoire de Chiara Zurzolo, département Biologie cellulaire et infection, Institut Pasteur
2014-2016 : Technicien de recherche dans le laboratoire de Lee Rubin, département Cellules souches et de biologie régénérative à l’université de Harvard
2013-2014 : Assistant de recherche dans le laboratoire d'Asif Ghazanfar, Institut de psychologie et neurosciences à l’université de Princeton
2012-2013 : Assistant de recherche en premier cycle dans le laboratoire de Megan Williams, département de Neurobiologie et d'anatomie à l’université de l'Utah
2009-2013 : Assistant de recherche en premier cycle dans le laboratoire de Daryl Kropf, département de Biologie à l’université de l'Utah
2009-2013 : Licence en chimie avec distinctions en recherche à l’université de l'Utah