Nouveau coronavirus : trop peu transmissible à ce stade pour déclencher une épidémie mondiale

Communiqué de presse
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Dans une étude publiée le 5 juillet sur le site du journal The Lancet, une équipe de l’Institut Pasteur indique que le coronavirus MERS-CoV, n'est pas, sous sa forme actuelle, en mesure de provoquer une épidémie mondiale. Pour autant, ce scénario n’est pas à exclure, la transmissibilité du virus pouvant augmenter à l’occasion de mutations du virus ou de grands rassemblements de population. En conséquence, les chercheurs rappellent qu’il est urgent d'identifier l'animal réservoir du virus pour enrayer la transmission vers l'homme, et de maintenir une surveillance mondiale des cas suspects pour diagnostiquer, traiter et isoler le plus tôt possible les nouveaux patients.

 

 

Communiqué de presse
Paris, 5 juillet 2013

 

       

Le coronavirus Middle East Respiratory Syndrome (MERS-CoV) est un virus respiratoire appartenant à la même famille que celui du SRAS qui a sévi en 2003. L’infection par le MERS-CoV est à l’origine de manifestations respiratoires associées à une mortalité élevée, de l’ordre de 60%. Le virus touche principalement les personnes déjà fragilisées par des maladies chroniques ou

immunodéprimées. Jamais décrit chez l’homme, le MERS-CoV est aujourd’hui considéré comme un virus émergent. Le premier cas confirmé remonte à avril 2012 en Jordanie. Depuis, 64 cas d’infection par le MERS-CoV ont été recensés (21 juin).

Dans une étude à paraître le 5 juillet, l’unité d’Epidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur à Paris, dirigée par Arnaud Fontanet, épidémiologiste et professeur au CNAM, fournit une estimation du risque pandémique représenté par le MERS-CoV. En s’appuyant sur l’analyse des cas décrits dans la littérature, les chercheurs indiquent que le virus, dans sa forme actuelle, n’a pas encore atteint un potentiel pandémique.

Pour parvenir à cette conclusion, Romulus Bréban, chercheur dans l’unité a calculé le taux de reproduction de base du virus ; ce taux correspond au nombre de cas secondaires engendrés par chaque malade. Dans le scénario le plus pessimiste, ce dernier est estimé à 0,69. Pour avoir une épidémie, ce taux doit atteindre au minimum 1 (chaque malade « génère » plus d’un malade). En comparaison, avant qu’il ne devienne pandémique, le taux de reproduction de base du SRAS était de 0,8. Bien que les deux valeurs, 0,69 et 0,8 soient proches, le risque pandémique du nouveau coronavirus est moins évident : « les deux virus partagent des similarités sur le plan clinique, épidémiologique et virologique, cependant ils ont une biologie distincte, notamment l’usage de récepteurs différents à la surface des cellules humaines », explique Arnaud Fontanet. D’ailleurs, la diffusion du MERS-CoV est plus lente que celle du SRAS. Alors que l’adaptation de ce dernier à l’homme n’a pris que quelques mois, le MERS-CoV circule depuis plus d’un an et n’a toujours pas muté dans une forme pandémique.

Les chercheurs rappellent que le taux de reproduction du virus peut cependant évoluer à la faveur de mutations ou encore d’évènements exceptionnels, tels que des grands rassemblements de population. Enfin, pour éviter une situation analogue à celle du SRAS, les chercheurs préconisent la mise en oeuvre des moyens nécessaires pour stopper la progression du virus avant que celui-ci atteigne un potentiel pandémique. Ainsi, il est urgent d'identifier l'animal réservoir du MERS-CoV pour enrayer la transmission vers l'homme, et de maintenir une surveillance mondiale des cas suspects pour diagnostiquer, traiter et isoler le plus tôt possible les nouveaux patients.

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Illustration - Copyright Institut Pasteur
Légende - Particule virale du Coronavirus MERS-CoV observée en microscopie électronique.

Pour en savoir plus

Nouveau coronarivus, le rôle de l’Institut Pasteur

Source

Inter-human transmissibility of MERS-CoV: estimation of pandemic risk, The Lancet, 5 juillet 2013.
Breban R (1), Riou J (1), Fontanet A (1,2).

(1) Institut Pasteur, Emerging Diseases Epidemiology Unit, Paris, France
(2) Conservatoire National des Arts et Métiers, Paris, France

Contacts

Service de presse de l’Institut Pasteur
Jérémy Lescène - Jeremy.lescene@pasteur.fr - +33 (0)1 45 68 81 01
Nadine Peyrolo - nadine.peyrolo@pasteur.fr - +33 (0)1 45 68 81 47

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