Il est connu que la réponse immunitaire innée est due à la reconnaissance des génomes viraux par des récepteurs protéiques. En étudiant deux de ces récepteurs, face aux virus de la Dengue et Zika, des chercheurs de l’Institut Pasteur ont découvert qu’une région particulière des génomes viraux était reconnue par un récepteur appelé RIG-I. Cette découverte ouvre la voie au développement futur de vaccins contre ces maladies.
Les cellules se défendent des infections virales en déclenchant rapidement une réponse immunitaire innée. La mise en place de cette réponse commence par la reconnaissance des génomes viraux par des récepteurs protéiques, présents dans les cellules, de type RIG-I (aussi dénommés RLRs). La reconnaissance du génome du virus entraine la mise en place d’une cascade de signalisation aboutissant à l’expression de nombreux gènes capables de bloquer différentes étapes de la réplication virale.
Deux de ces récepteurs protéiques, RIG-I et MDA5, ont été préalablement identifiés comme étant important pour la réponse innée induite visant à contrer la réplication des flavivirus. Cette famille de virus comprend notamment le virus de la Dengue, le virus de la fièvre jaune et le virus Zika et sont transmis par les moustiques. Cependant, la nature des motifs viraux reconnus par les RLRs n’est pas connue.
Grâce à une technique de purification des RLRs couplé à une approche de séquençage à haut débit et une analyse bio-informatique, « nous avons montré que des régions précises des génomes des virus de la Dengue et Zika (appelées régions 5’ non traduites) étaient reconnues par RIG-I », explique Nolwenn Jouvenet, chercheuse au sein de l’unité Génomique virale et vaccination, à l’Institut Pasteur, et dernière auteure de l’étude. « Nous avons également établi que le récepteur MDA5 jouait un rôle mineur, voire inexistant, dans la reconnaissance de ces génomes. »
En disséquant ainsi les mécanismes moléculaires, par lesquels les cellules détectent les infections virales et activent une réponse innée, les chercheurs ont trouvé une clé pour comprendre les pathologies associées par ces virus. Ces informations pourraient également être utiles pour le développement de nouvelles souches virales qui induiraient une très forte réponse innée et qui seraient utilisables comme vaccins vivants atténués.
Rappelons que, contre la Dengue ou Zika, il n’existe aujourd’hui ni traitement spécifique ni vaccin efficace pour combattre ces maladies. Les seuls moyens de lutte existants sont le contrôle des moustiques vecteurs dans les zones concernées et la protection individuelle contre les piqûres de moustiques. Ces deux maladies sont en effet transmises à l’homme par des moustiques du genre Aedes, dont la surveillance est renforcée en France, de mai à novembre 2018, car le moustique tigre (Aedes albopictus) est actuellement présent dans 42 départements français, soit deux fois plus de départements qu’il y a deux ans.
Source
RIG-I Recognizes the 5’ Region of Dengue and Zika Virus Genomes, Cell Reports, 10 juillet 2018.
Maxime Chazal1,2,3, Guillaume Beauclair1, Ségolène Gracias1, Valérie Najburg1, Etienne Simon-Lorriere2,3, Frédéric Tangy1, Anastasia Komarova1, Nolwenn Jouvenet1
1. Unité Génomique virale et vaccination, Département de virologie, CNRS UMR 3569, Institut Pasteur, Paris, France.
2. Unité de Génétique fonctionnelle des maladies infectieuses, Institut Pasteur de Paris, Paris, France.
3. CNRS UMR2000 Génomique évolutive, modélisation et santé, Institut Pasteur, Paris, France.