L'herpèsvirus du sarcome de Kaposi provoque des cancers de la peau, notamment chez les personnes immunodéprimées. Une étude récente propose de nouvelles modélisations d'une protéine de surface du virus et de son récepteur sur les cellules humaines.
Certains cancers sont causés par une infection virale. C'est le cas du sarcome de Kaposi, une maladie qui se manifeste par des lésions cutanées, mais qui peut aussi toucher des organes comme les poumons. Elle menace particulièrement les personnes immunodéprimées, notamment celles infectées par le VIH, mais aussi les enfants et les hommes d'Afrique sub-saharienne, où le virus est endémique. Afin de mieux traiter cette maladie, il est essentiel de comprendre le fonctionnement de l'herpèsvirus associé au sarcome de Kaposi (KSHV, ou herpèsvirus humain 8 HHV8), qui en est la cause. Une étude à laquelle a participé l'équipe de virologie structurale de l'Institut Pasteur a permis d'étudier la manière dont cet herpèsvirus parvient à infecter les cellules humaines.
Pour se multiplier, le KSHV doit, comme tous les virus, faire entrer son matériel génétique dans une cellule, qui pourra le transcrire en protéines, lesquelles pourront être assemblées en nouveaux virus. Il doit donc réussir à fusionner sa propre membrane avec celle de la cellule cible. L'article montre comment le virus interagit avec un récepteur des cellules humaines, le récepteur EphA2, via un complexe protéique de surface composé des glycoprotéines H et L (gH/gL). Le complexe gH/gL a une structure qui imite les éphrines, les protéines qui se lient naturellement au récepteur EphA2. Cela la trompe, et il permet ainsi l'entrée du virus.
Grâce à une méthode de cristallisation des protéines, réalisée à l'aide de la plateforme de cristallographie de l'Institut Pasteur, et aux données de diffraction des rayons X recueillies au centre français de rayonnement synchrotron SOLEIL, les chercheurs ont pu obtenir la structure tridimensionnelle précise du complexe viral gH/gL lié au récepteur EphA2. La plateforme de biophysique moléculaire a également été mise à contribution. Ces avancées offrent un programme de recherche pour déterminer comment bloquer l'interaction entre la protéine virale et le récepteur.
Cette étude entre dans le cadre de l’axe scientifique prioritaire Maladies infectieuses émergentes du plan stratégique 2019-2023 de l’Institut Pasteur.
Source :
Human herpesvirus 8 molecular mimicry of ephrin ligands facilitates cell entry and triggers EphA2 signaling, PLOS Biology, 9 septembre 2021
Taylor P. Light1,2, Delphine Brun3,4, Pablo Guardado-Calvo3,4, Riccardo Pederzoli3,4, Ahmed Haouz4,5, Frank Neipel5, Félix A. Rey3,4, Kalina Hristova1,2, Marija Backovic3,4
1 - Department of Materials Science and Engineering, Johns Hopkins University, Baltimore, Maryland, United
States of America
2 - Institute for NanoBioTechnology, Johns Hopkins University, Baltimore, Maryland, United
States of America
3 - Department of Virology, Structural Virology Unit, Institut Pasteur, Paris, France,
4 - CNRS, UMR 3569, Paris, France
5 - Crystallography Platform C2RT, Institut Pasteur, Paris, France
6 - Virologisches Institut, Universitaetsklinikum Erlangen, Erlangen, Germany