Un médicament antiviral, le tecovirimat, est couramment utilisé chez les malades au mpox. Mais est-il vraiment efficace, en particulier contre la nouvelle souche du virus, plus pathogène et qui circule depuis 2024 ? Oui, conclut une étude de l’Institut Pasteur, présentée récemment dans The Lancet Infectious Diseases (1).
Début avril 2025, l’Angleterre a annoncé qu’un cas d’infection au mpox avait été constaté sur son territoire... et que le patient n’était pas allé en Afrique, ni n’avait été en contact avec des personnes infectées. De quoi étayer l’hypothèse d’une circulation à bas bruit du virus en Europe, y compris en France, où 48 cas ont été enregistrés au premier trimestre.
Face aux épidémies mondiales de mpox constatées depuis 2022, l’amélioration de la connaissance du virus et des traitements est cruciale. On sait que quatre formes (clades) connues du virus circulent : 2a, 2b, 1a et le clade 1b, le plus transmissible et le plus pathogène, apparu en 2024.
Pas de mutation de résistance chez le sous-type 1b
En cas d’infection au mpox, l’option thérapeutique la plus courante consiste à administrer, dès les premiers symptômes, un traitement par tecovirimat (TPOXX), afin de bloquer la dissémination des particules virales dans l’organisme du patient. Mais l’efficacité de cet antiviral n’avait pas encore été étudiée avec précision.
L’étude in vitro menée par l’unité Virus et Immunité de l’Institut Pasteur apporte des réponses. Olivier Schwartz, qui dirige l’unité, nous explique : « Dans des cellules en culture, nous avons analysé la sensibilité des quatre clades à l’introduction de tecovirimat. » Résultat ? « Le traitement s’est avéré efficace pour tous les sous-types : il bloque la multiplication virale (avec des « taux d’inhibition ») similaires. »
De plus, les scientifiques ont analysé 310 séquences génomiques de 1b pour voir si ce sous-type porte des mutations de résistance – puisque les variants mpox résistants au tecovirimat possèdent tous des mutations au niveau de l’enzyme F13 (2)… Or, ils n’en ont pas trouvé.
Les essais cliniques pour déterminer les conditions d’efficacité optimale du traitement
Ces enseignements suggèrent donc que le tecovirimat reste une option thérapeutique valable. Mais « des recherches cliniques doivent encore le confirmer, précise Olivier Schwartz. Elles nous permettront également de déterminer les conditions d’efficacité optimale du traitement chez les patients. »
Comme, par exemple, le délai d’administration. Des études cliniques récentes, menées avant l’apparition de 1b sur des patients dans plusieurs pays d’Afrique et d’Amérique du Sud, n’ont pas montré de bénéfice clinique à la prise du médicament… Mais le traitement avait généralement débuté plus de cinq jours après l’apparition des signes cliniques : probablement trop tard.
(1) Antiviral activity of tecovirimat against monkeypox virus clades 1a, 1b, 2a, and 2b. The Lancet Infectious Diseases, mars 2025.
(2) Nature Microbiology, février 2025.