L’Institut Pasteur, à Paris, se dote d’un nouvel insectarium de 140 m² pour l’élevage de moustiques qui peuvent potentiellement transmettre des arbovirus, des virus transmis entre vertébrés par l’intermédiaire de la piqûre d’un vecteur hématophage. Cette infrastructure va permettre d’élever des moustiques en grande quantité dans des conditions contrôlées et ainsi répondre, avec plus de précision aux défis des émergences de maladies vectorielles du futur.
L’Institut Pasteur à Paris, a inauguré une nouvelle infrastructure dédiée aux élevages de moustiques, et notamment le moustique tigre, Aedes albopictus, présent dans plus de 51 départements en France et 20 pays européens en plus de son aire de distribution naturelle dans la ceinture intertropicale. Ce sont donc 140 m² de locaux à accès règlementé qui ont été livrés en mai 2019. Les travaux ont commencé en septembre 2017 et, après des mois de poussières et d’efforts, le résultat est à la hauteur des espérances des entomologistes, en première ligne dans ce projet.
L’entrée dans l’insectarium se fait en passant par un sas à +4°C qui a pour fonction de débarrasser les visiteurs de tous intrus volants qui les accompagnent ou d’éviter qu’ils n’emportent des moustiques en sortant. Un long couloir dessert quatre salles d’élevage comprenant chacune un espace dédié à l’élevage des stades immatures et une chambre chaude pour les adultes en cages maintenus à 25°C ou 27°C, 75% d’humidité et une photopériode dépendante de l’espèce de moustiques. Certaines espèces piquent la nuit donc les pièces hébergeant les adultes sont plongées dans l’obscurité le jour !
Par un second sas avec asservissement, on accède à deux autres pièces, l’une dédiée aux dissections de moustiques (tubes digestifs, glandes salivaires, micro-injections, etc.) et l’autre à l’entretien des moustiques génétiquement modifiés.
L’Institut Pasteur a conservé une grande tradition en entomologie médicale, et notamment dans l’étude de la transmission des arbovirus tels que la dengue, le chikungunya, le zika, la fièvre jaune, le virus du Nil Occidental, etc. (découvrez nos fiches maladie). L’Institut Pasteur héberge un cours d’entomologie médicale depuis 1988 et a été la première institution française à se doter d’un laboratoire P3 dédiée aux infections de moustiques en 2000 ! De nombreuses équipes travaillant actuellement en France, en Europe et dans le Réseau International des Instituts Pasteur se sont formées à l’infection des moustiques à l’Institut Pasteur.
« Cette infrastructure va nous permettre de reproduire au mieux les conditions de vie des moustiques en mimant les températures, photopériode et humidité qui règnent sur le terrain. Il nous sera aussi possible de tenter l’élevage de moustiques plus délicats nécessitant des conditions plus contraignantes. En travaillant avec des moustiques qui ont été élevés dans des conditions proches des conditions naturelles, nous espérons mieux décrypter les facteurs qui conduisent à l’émergence des arbovirus dont ils sont vecteurs », explique Anna-Bella Failloux, qui dirige l’unité Arbovirus et insectes vecteurs au sein du département Virologie de l’Institut Pasteur.
Cette étude entre dans le cadre de l’axe scientifique prioritaire Maladies infectieuses émergentes du plan stratégique 2019-2023 de l’Institut Pasteur.