Le 22 Novembre 2022, le Conseil européen de la recherche a dévoilé la liste des récipiendaires des ERC Starting Grants, des financements destinés aux jeunes scientifiques. Parmi les 408 récompensés, deux chercheuses et un chercheur exerçant leur activité à l’Institut Pasteur.
Le Conseil européen de la recherche (European Research Council – ERC) finance les activités scientifiques en Europe par le biais de différentes subventions. Pour obtenir celles-ci, les chercheuses et chercheurs doivent présenter des projets de rupture, visant à repousser les frontières de la connaissance. Le seul critère de sélection est celui de l’excellence scientifique. Après les lauréats des Synergy Grants en Octobre, qui avaient récompensés trois scientifiques menant leur recherche à l’Institut Pasteur, l’ERC a dévoilé le 22 Novembre 2022 la liste des 408 lauréats pour les Starting Grants. Ces financements ont pour but d’aider au développement en Europe de projets scientifiques innovants et portés par de jeunes talents, quelle que soit leur nationalité. Dotés en moyenne d’1,5 million d’euros pour une période de cinq ans, les ERC Starting Grants sont destinés aux scientifiques en début de carrière, entre deux et sept ans après l’obtention de leur doctorat. Parmi les récompensés cette année figurent deux chercheuses et un chercheur exerçant leur activité à l’Institut Pasteur :
Projet BrainGate (Illuminating body-brain communication channels at the choroid plexus and their impact on brain physiology)
Lauréate : Aleksandra Deczkowska, Responsable du Groupe à 5 ans « Interactions cerveau-immunité »
Résumé : Le but du projet BrainGate est d’étudier comment le plexus choroïde entourant le cerveau contribue à une communication efficace entre ce dernier, les cellules immunitaires et le microbiote intestinal, et ceci dans plusieurs contextes biologiques (voir aussi le paragraphe Comprendre les zones frontières du cerveau et leurs rôles dans les maladies, dans le dossier « Décrypter les mystères du cerveau »). Ce travail cherchera à comprendre comment l’axe intestin-sang-cerveau s'établit au cours du développement postnatal et comment il répond aux perturbations du microbiote intestinal.
« C’est une distinction extraordinaire », explique Aleksandra Deczkowska. « Ce financement permettra de créer au moins trois emplois. Mon équipe bénéficiera d’une liberté scientifique totale et pourra poursuivre les idées les plus audacieuses. C'est un rêve professionnel devenu réalité. »
Projet ITSaMATCH (Mosquito-virus matchmaking: Elucidating the biological basis of compatibility between viruses and mosquitoes)
Lauréate : Sarah-Hélène Merkling, chargée de recherche CNRS au sein de l’unité « Interactions virus-insectes »
Résumé : Les populations de moustiques de différentes régions du globe présentent des capacités variables de transmission de virus pathogènes pour l'homme. Pourquoi ? Quelles sont les bases mécanistiques de ce phénomène ? Le projet ITSaMATCH cherchera à répondre à ces questions via des technologies de pointe, telles que la génomique unicellulaire et l'édition de gènes. L’ambition étant, à long terme, d’avoir un impact sur le développement de nouveaux outils de contrôle des maladies vectorielles. (voir aussi, sur notre chaine Youtube, une interview de Sarah-Hélène Merkling sur « comment les moustiques transmettent-ils leur virus ? »).
Pour Sarah-Hélène Merkling, recevoir une telle distinction est « très important bien sûr. En biologie fondamentale, disposer d'un soutien financier solide est essentiel pour mener à bien des projets ambitieux et risqués. Ce financement va me permettre de créer un groupe de recherche indépendant et d'aborder des questions de recherche ambitieuses pour les cinq prochaines années. »
Projet Bridging-Scales (From single cells to microbial consortia: bridging the gaps between synthetic circuit design and emerging dynamics of heterogeneous populations)
Lauréat : Jakob Ruess, chargé de recherche Inria au sein de l’unité mixte Inria/ Institut Pasteur « Méthodes expérimentales et computationnelles pour la modélisation des processus cellulaires » (InBio)
Résumé : Coupler les modèles mathématiques des processus biologiques unicellulaires à la dynamique des populations microbiennes et mieux comprendre l’interdépendance entre cellules, tel est l’objectif du projet Bridging-Scales. Le but ? Pouvoir mieux contrôler de larges populations microbiennes afin notamment d’optimiser les applications de biologie synthétique à grande échelle. (Voir aussi le communiqué de l’Inria à propos des projets de recherche de Jakob Ruess).
Selon Jakob Ruess, recevoir ce financement est « très gratifiant. C’est une récompense pour tous les efforts entrepris dans mes travaux ces dernières années. J’ai de nombreuses idées en tête. Seul, j’aurais dû abandonner certaines d’entre elles. Cet ERC Starting Grant me donne les moyens de constituer une équipe et de poursuivre de manière indépendante mes recherches. »
Pour en savoir plus sur l’ERC Starting Grant
ERC Starting Grant 2022 : la France 4e
Sur les 2932 projets déposés auprès du Conseil européen de la recherche, 408 ont été sélectionnés pour être financés, soit un taux de succès de 13,9%. Les 408 chercheuses et chercheurs récompensés sont hébergés dans 26 pays différents, principalement l’Allemagne (81), suivie du Royaume-Uni (70) et des Pays-Bas (40). La France hébergera 39 projets, principalement au sein du CNRS, de l’INSERM et du CEA.
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