Au Sénégal la prévalence du paludisme est passée de plus de 30% à moins de 5% entre le début des années 2000 et 2015 grâce à la mise en place de mesures de prévention préconisées par l’OMS telles que le traitement par combinaisons à base d’artémisinine, le diagnostic rapide et les moustiquaires imprégnées. Quel est l’impact de ces mesures de prévention sur l’immunité antipaludique des populations ?
Pour répondre à cette question plusieurs équipes de chercheurs de l’Institut Pasteur de Dakar en collaboration avec des collègues des Institut Pasteur de Madagascar et de Paris et de l’IRD ont comparé les quantités d’anticorps sanguins actifs contre des antigènes de différents stades du parasite dans des populations de deux villages entre 2002 et 2013.
Les chercheurs suivent en effet de manière active les populations des villages de Dielmo et Ndiop, situés au sud du pays près de la frontière avec la Gambie, depuis plus de 20 ans permettant ainsi de comparer les situations avant et après la mise en œuvre des stratégies de prévention du paludisme.
Les résultats de cette étude montrent une chute importante de l’immunité contre le paludisme dans toutes les tranches d’âge bien que les populations des deux villages continuent à être largement piquées par les moustiques. Cette immunité devient même quasi inexistante pour tous les antigènes testés chez les jeunes enfants et de niveau très bas chez les adolescents. Ces résultats témoignent donc d’une chute drastique de l’exposition au paludisme. Les profils des réponses immunitaires dans les deux populations sont à présent identiques à un niveau faible alors qu’au début des années 2000, Dielmo présentait un paludisme très élevé toute l’année et Ndiop présentait un paludisme modéré et saisonnier.
Cette étude montre à la fois la performance des stratégies de prévention qui ont permis de rompre la chaine de transmission du parasite mais aussi la nécessité de maintenir ces stratégies dans un contexte où les populations ont à présent une immunité très réduite contre le paludisme. La généralisation de l’approche sérologique utilisée par les chercheurs permettrait de suivre l’évolution de l’efficacité des mesures de lutte contre le paludisme à large échelle.
Source: Perraut R, Varela ML, Loucoubar C, Niass O, Sidibé A, et al. (2017) Serological signatures of declining exposure following intensification of integrated malaria control in two rural Senegalese communities. PLOS ONE 12(6): e0179146.
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