Les chercheurs de l’équipe de Jean-Paul Latgé, directeur de l’unité des Aspergillus à l’Institut Pasteur, ont découvert une nouvelle voie de communication entre deux pathogènes qui colonisent la même niche écologique et sont impliqués dans des pathologies pulmonaires graves, en particulier chez les personnes atteintes de mucoviscidose (maladie génétique la plus fréquente en Europe).
Ils ont démontré que le champignon Aspergillus fumigatus était capable de se nourrir de composés organiques volatiles libérés par la bactérie Pseudomonas aeruginosa. Les chercheurs ont identifié que le composé organique volatile produit par les bactéries et responsable majoritairement de la stimulation de la croissance fongique était le sulfure de diméthyle. Son assimilation permet au champignon de combler le déficit en soufre libre rencontré dans la sphère pulmonaire alors que cet élément est absolument nécessaire pour la croissance végétative de A. fumigatus.
Ces résultats suggèrent que le soufre volatil produit et libéré suite à une infection par P. aeruginosa pourrait favoriser l’installation du pathogène fongique. Les résultats de l’unité des Aspergillus montrent que la communication à distance par volatiles interposés est un nouveau paramètre à prendre en compte pour comprendre la complexité du déroulement d’une infection et du rôle du microbiome dans son établissement.
Source
Volatile Compounds Emitted by Pseudomonas aeruginosa Stimulate Growth of the Fungal Pathogen Aspergillus fumigatus, mBio, 15 mars 2016
Benoit Briard (1), Christoph Heddergott (1), Jean-Paul Latgé (1)
(1) Aspergillus Unit, Institut Pasteur, Paris, France
Mis à jour le 06/04/2016