L’immunothérapie, ou l’idée de « rééduquer » le système immunitaire d’un patient, est une avancée majeure dans la lutte contre le cancer. La thérapie par cellule CAR T montre de très bon résultat mais son efficacité reste difficile à prédire. Des travaux de chercheurs de l’Institut Pasteur ont permis de mieux appréhender le fonctionnement de ces cellules.
L’une des stratégies d’immunothérapie est basée sur la reprogrammation génétique des lymphocytes T (appelés aussi cellules tueuses) du patient. Les cellules sont reprogrammées pour exprimer un récepteur antigénique chimérique CAR (de l’anglais Chimeric Antigen Receptor), qui permet la reconnaissance et la destruction spécifique des cellules tumorales qui expriment une molécule cible.
Les cellules CAR T, outil thérapeutique prometteur mais imprévisible
La thérapie par cellules CAR T a montré d’impressionnants résultats thérapeutiques conduisant à sa mise sur le marché en France en 2018 pour le traitement des cancers du sang (lymphomes et leucémies B) chez l’enfant et l’adulte. Néanmoins, le taux de succès du traitement par cellules CAR T varie grandement d’un patient à l’autre. La composition du produit de cellules CAR T infusé (c’est-à-dire les cellules T du patients récupérées, modifiées en culture, multipliées puis réinjectées dans le patient) contribue vraisemblablement à l’hétérogénéité des réponses.
Une meilleure compréhension de l’interaction entre les cellules CAR T et la tumeur
En combinant des techniques d’imagerie innovantes et divers outils offrant des informations à l’échelle unicellulaire in vivo, les travaux de l’Unité Dynamiques des Réponses Immunes de l’Institut Pasteur ont permis d’identifier comment les différentes sous-populations de cellules CAR T agissent au sein du microenvironnement tumoral. Les résultats démontrent que les cellules CD4+ CAR T et CD8+ CAR T présentent des fonctions très complémentaires, étant spécialisées respectivement dans l’activation immunitaire et la destruction des cellules tumorales. De plus, ces recherches redéfinissent le mode d’action des cellules CAR T, jusqu’alors considérées comme des cellules tueuses au fonctionnement complètement autonome. En effet, ces travaux révèlent que les cellules CAR T dialoguent étroitement avec le microenvironnement tumoral grâce à la production d’une cytokine (l’interféron-gamma) et que ce dialogue est essentiel pour l’activité thérapeutique des cellules CAR T.
Cette compréhension plus fine du mode d’action des cellules CAR T offre de nouvelles pistes pour améliorer encore leur efficacité thérapeutique.
Source :
A cross-talk between CAR T cell subsets and the tumor microenvironment is essential for sustained cytotoxic activity, science immunology, 26 Mars 2021
Morgane Boulch1,2*, Marine Cazaux1,2*, Yann Loe-Mie3, Ronan Thibaut1, Béatrice Corre1, Fabrice Lemaître1, Capucine L. Grandjean1, Zacarias Garcia1, Philippe Bousso1
1Dynamics of Immune Responses Unit, Equipe Labellisée Ligue Contre le Cancer, Institut Pasteur, INSERM U1223, 75015 Paris, France.
2 University Paris Diderot, Sorbonne Paris Cité, Paris, France.
3 Institut Pasteur, Hub Bioinformatique et Biostatistique, Département de Biologie Computationnelle (USR 3756 IP CNRS), Paris, France.
*These authors contributed equally to this work.
Cette étude entre dans le cadre de l’initiative Cancer du plan stratégique 2019-2023 de l’Institut Pasteur.