Maladie bactérienne environnementale, la leptospirose cause près d’1 million d'infections cliniques par an. L’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie s’intéresse depuis de nombreuses années à cette maladie dont l’incidence est particulièrement élevée en Océanie. Les chercheurs de l’Unité de Recherche et d’Expertise sur la Leptospirose, dirigée par Cyrille Goarant, ont récemment isolé 12 nouvelles espèces du genre Leptospira.
Dans un article publié en collaboration avec l’Institut Pasteur à Paris et l’Institut Pasteur de Montevidéo, ces nouvelles espèces de leptospires sont décrites en détail et baptisées. Les noms choisis pour ces nouvelles espèces rendent hommage à la Nouvelle-Calédonie, avec Leptospira neocaledonica, mais aussi à des chercheurs Pasteuriens ayant contribué aux avancées dans le domaine de la leptospirose. Ainsi, Leptospira perolatii sp. nov est nommée en hommage au Dr Philippe Pérolat, chercheur et directeur de l’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie de 1998 à 2001. «Philippe Pérolat a largement contribué au développement de l’expertise sur les leptospires à l’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie. Il a été un des pionniers du typage et du diagnostic moléculaires des leptospires, un genre étudié uniquement avec des outils sérologiques à l’époque. Il a aussi initié des travaux sur la physio-pathologie de la maladie» explique Cyrille Goarant. Le Dr Isabelle Saint Girons est également mise à l’honneur avec Leptospira saintgironsiae sp. Nov. Cette ancienne chercheuse de l’Unité de Bactériologie Moléculaire et Médicale de l’Institut Pasteur (Directrice de cette unité de 2004 à 20006) a isolé le premier bactériophage de leptospire en 1990. Enfin, Leptospira barantonii sp. nov rend hommage au Pr Guy Baranton qui a dirigé le Centre national de référence de la Leptospirose à l’Institut Pasteur de 1986 à 2003. Le Pr émérite Ben Adler, de Monash University en Australie, membre du conseil scientifique de l’Institut Pasteur de Nouvelle Calédonie est aussi à l’honneur avec Leptospira adleri sp. nov.
Les chercheurs montrent en outre dans ce travail la capacité de la technique de spectrométrie de masse, MALDI-ToF, à identifier correctement les 35 espèces de Leptospira existantes « Les leptospires sont des bactéries très difficiles à isoler. Leur croissance est lente et elles ont besoin de milieux très spécifiques pour se développer. La spectrométrie de masse permet d’identifier une espèce en 3 min contre plusieurs jours ou semaines avec des techniques classiques » explique Cyrille Goarant. Les chercheurs de l’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie ont ainsi établi une base de données portable qu’ils partagent dans leur article avec l’ensemble de la communauté scientifique pour faciliter l’identification partout dans le monde des leptospires, ouvrant la porte à une science plus collaborative. Ce travail illustre à nouveau la bonne coopération entre les instituts du Réseau international des instituts Pasteur et la complémentarité entre les travaux de terrain et les approches plus fondamentales.
Source
Biodiversity of environmental Leptospira: improving identification and revisiting the diagnosis. Front. Microbiol. 9: 816. doi.org/10.3389/fmicb.2018.00816
Roman Thibeaux1, Dominique Girault1, Emilie Bierque1, Marie-Estelle Soupé-Gilbert1, Anna Rettinger2, Anthony Douyère3, Michael Meyer3, Gregorio Iraola4, Mathieu Picardeau5 and Cyrille Goarant1
1 Leptospirosis Research and Expertise Unit, Institut Pasteur in New Caledonia, Institut Pasteur International Network, Noumea, New Caledonia 2 Bacteriology and Mycology, Institute for Infectious Diseases and Zoonoses, Department of Veterinary Sciences, Faculty of Veterinary Medicine, Ludwig Maximilian University of Munich, Munich, Germany 3 Institut des Sciences Exactes et Appliquées, Plateau MET/MEB, Université de la Nouvelle-Calédonie, Noumea, New Caledonia 4 Bioinformatics Unit, Institut Pasteur Montevideo, Montevideo, Uruguay 5 Biology of Spirochetes Unit, Institut Pasteur, National Reference Centre and WHO Collaborating Center for Leptospirosis, Paris, France