Recherche sur l’épidémiologie et la macro-évolution des poliovirus et des entérovirus non-polio

Missions du CCOMS Entérovirus/Poliomyélite

RAPPEL SUR LES ENTÉROVIRUS ET LA POLIOMYÉLITE

Les Entérovirus, virus de la famille des Picornaviridae , sont responsables de nombreuses pathologies humaines aiguëes, telles que paralysies de type poliomyélitique, encéphalites ou conjonctivites hémorragiques. Ils pourraient être à l’origine de maladies chroniques, comme des myocardiopathies et/ou diabètes. Ces virus se répliquent essentiellement dans le tractus digestif et on les trouve en abondance dans les selles. Cela fait des entérovirus un agent de contamination de l’environnement et, notamment, des eaux de surface. Leur multiplication dans le tractus digestif n’occasionne que rarement des troubles chez l’individu infecté, cependant dans un nombre de cas très limité ces virus peuvent infecter d'autres organes et sont alors à l’origine de maladie.

L’un de ces virus, le poliovirus est l’agent pathogène de la poliomyélite. Cette maladie se caractérise par des paralysies provoquées par l’infection et la destruction par le virus des neurones moteurs du système nerveux central. Ce virus est l’un des virus humains les mieux caractérisés et constitue un modèle pour l’étude des entérovirus.

- Voir : poliomyélite
Une prophylaxie efficace contre la poliomyélite s’est mise en place dans les années 1960 grâce à la mise au point de deux vaccins, le vaccin polio injectable (VPI) constitué de virus tué, et le vaccin polio oral (VPO). Ce dernier est constitué de trois souches de poliovirus vivant atténué (Sabin, sérotype 1, 2 et 3) qui stoppent la transmission de poliovirus sauvage grâce à leur capacité d'induire une immunité digestive. Ce sont en grande partie les propriétés du VPO qui ont permis d’envisager la mise en place de campagnes mondiales de vaccination de masse visant à éradiquer la poliomyélite. L'OMS est le chef d'orchestre du programme Initiative pour l'Eradication Mondiale de la Poliomyélite mis en place en 1988 suite à la décision de l'Assemblée Mondiale de la Santé.
- Voir Site de l’OMS : poliomyélite
- Voir : Global Polio Eradication Initiative

Des progrès considérables ont été obtenus depuis la mise en place du programme et les virus sauvages ne circulent plus que dans un nombre très limité de pays du globe (Afghanistan, Pakistan, Inde et Nigeria). Cependant, l'on assiste depuis plusieurs années à une baisse importante de la couverture vaccinale avec le VPO dans certains pays en développement dans lesquels les efforts passés avaient permis la disparition des virus sauvages. Cette couverture vaccinale faible permet d'une part, l'importation des souches sauvages en provenance des pays où la maladie reste endémique et d'autre part, elle favorise la circulation interhumaine des souches du VPO, leur dérive génétique et l'acquisition de caractères pathogènes. En fait un certain nombre d'épidémies de poliomyélite dues à des souches pathogènes dérivées du VPO (appelées VDPV pour vaccine-derived polioviruses) ont été rapportées dans le monde: 12 épidémies jusqu'en en 2009. 

Les épidémies de poliomyélites dues à l'importation de souches sauvages et à l'émergence de VDPVs sont une menace pour le programme d'éradication. Elles attirent l'attention sur le fait qu'une couverture vaccinale élevée doit être maintenue dans toutes les régions du monde tant que des souches sauvages circulent et tant que le VPO est employé. Par ailleurs, cette nouvelle situation demande une amélioration des méthodologies de surveillance virale et une meilleure connaissance des facteurs et mécanismes qui interviennent dans la dérive génétique et phénotypique et dans l'évolution des entérovirus.

OBJECTIFS

Le Centre Collaborateur, créé en 1989, se fixe pour activité principale l’étude de l’évolution et de la circulation des entérovirus et, plus particulièrement du poliovirus. Une partie importante de ses travaux concernent l’étude des souches du Vaccin polio oral (VPO).
Membre du Réseau International des Laboratoires Polio de l’OMS (réseau de surveillance unique au monde de plus de cent laboratoires spécialisés dans le diagnostic virologique de la poliomyélite), le CCOMS de l’Institut Pasteur à Paris fait, dans ce cadre, partie des Laboratoires Spécialisés de l’OMS à travers le monde et des Laboratoires Régionaux de Référence.
- Voir : Global laboratory network
- Voir : Polio laboratory network
- Voir : Polio laboratory publications

Les objectifs du CCOMS sont :

- Le développement de nouvelles méthodes et l’amélioration des méthodes existantes pour l’identification, la surveillance et l’étude de l’évolution des poliovirus et autres entérovirus. 
- L’amélioration des compétences scientifiques et techniques et de l’infrastructure des laboratoires de virologie qui participent au Réseau International des Instituts Pasteur et au Réseau Mondial de Laboratoires de l’OMS. La formation du personnel, le transfert technologique et le contrôle des compétences de ces laboratoires.
- L’étude de la circulation et de l’évolution des entérovirus et, en particulier, des souches dérivées des poliovirus du vaccin polio oral et des entérovirus de l’espèce C. L’étude des facteurs favorisant l’émergence et la circulation des souches pathogènes dérivées du VPO (VDPV). 
- L’expertise scientifique pour aider et conseiller l’OMS en ce qui concerne la vaccination contre la poliomyélite, la virologie des entérovirus et les problèmes liés à la surveillance.

INTÉRÊT POUR LA SANTÉ PUBLIQUE

Le succès définitif de l’éradication nécessite d'une part, la mise en place et le maintien d'une couverture vaccinale élevée dans toutes les régions du monde et d'autre part, une amélioration des méthodes de surveillance de la maladie et des poliovirus. De plus, une meilleure connaissance de la variabilité génétique et phénotypique des entérovirus et, plus particulièrement, des souches vaccinales de poliovirus chez l’homme est requise. En effet, au cours de leur multiplication dans l'intestin de l'homme, les virus du VPO perdent leur caractère atténué et peuvent être à l'origine de rares cas de poliomyélite paralytique associée à la vaccination et, comme mentionné précédemment, ils peuvent être à l'origine d'épidémies de poliomyélite.

La dérive génétique et la circulation des souches vaccinales doivent être prises en grande considération, surtout dans les perspectives actuelles d'éradication du virus car les souches vaccinales pourraient entretenir un réservoir de souches pathogènes. Des travaux de recherche sur ce sujet sont indispensables car ils permettent d’accroître les connaissances scientifiques nécessaires pour envisager les stratégies permettant éventuellement d’arrêter sans danger la vaccination après la disparition des souches de poliovirus sauvage. Le Centre Collaborateur de l'OMS participe d'ailleurs activement aux réunions organisées par l'OMS sur ce problème.
L’étude de la circulation et de l'évolution des entérovirus non-poliovirus est indispensable car, après la disparition probable du poliovirus, ces virus resteront des agents pathogènes infectieux dangereux pour l’homme car fréquemment à l’origine de maladies graves à caractère épidémique comme entre autres les méningites, encéphalites ou conjonctivites hémorragiques.

Mis à jour le 12/12/2014

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