Une vaste étude immuno-épidémiologique, publiée dans PLoS Medicine, vient de confirmer l'intérêt d'un candidat-vaccin contre le paludisme, nommé MSP3, en développement à l'Institut Pasteur. Elle montre que les anticorps dirigés contre cette molécule et produits par les sujets exposés sont étroitement associés à la protection contre la maladie, et ce y compris chez le jeune enfant, -contrairement aux anticorps dirigés contre d'autres candidats-vaccins. Ces résultats, qui confirment ceux des premiers essais cliniques, apportent l'espoir de pouvoir induire, dès le jeune âge, une bonne protection contre le paludisme.
Plasmodium falciparuLe paludisme est une des maladies infectieuses les plus meurtrières : l’Organisation mondiale de la santé estime qu’un enfant en meurt toutes les 30 secondes et qu’il provoque de 1 à 3 millions de décès chaque année. Il menace 2 milliards d’individus et est responsable de quelque 500 millions de cas annuels dans le monde. Les nombreux essais de candidats-vaccins menés jusqu’à présent se sont révélés pour la plupart décevants.
Communiqué de presse
Paris, le 13 novembre 2007
Les réponses anticorps contre six antigènes candidats-vaccins, dont MSP3, ont été comparées dans le cadre d’une étude particulièrement rigoureuse menée en zone d’endémie palustre : pendant 14 ans, les 247 habitants du village de Dielmo, au Sénégal, ont fait l’objet d’une étude prospective incluant un suivi médical quotidien et des prélèvements de sérum. Ces données ont permis aux chercheurs d’évaluer le pouvoir protecteur des anticorps étudiés, en se basant sur une trentaine de paramètres immunologiques. Leur conclusion est que seuls les anticorps anti-MSP3 sont corrélés à une protection, que cette corrélation est très forte et influence fortement le devenir clinique pendant une longue durée (6 ans). Cette corrélation a été constatée non seulement chez des adultes, mais également chez des enfants.
Moustique anophèle, vecteur du paludisme Pierre Druilhe souligne que « ces résultats concordent avec ceux d’une série d’études expérimentales, menées in vitro et in vivo, et avec les résultats du premier essai clinique (1), qui ont montré un effet anti-parasitaire puissant des anticorps anti-MSP3 ».
L’antigène MSP3, par ailleurs très bien « conservé », c’est-à-dire qui ne varie pas d’une souche de parasite à l’autre, a déjà fait l’objet d’un essai concluant de phase I chez des volontaires sains (1). Deux essais de phase Ib, en zone d’endémie, sont actuellement en cours au Burkina-Faso et en Tanzanie. Il faudra attendre l’essai de phase II, qui devrait également se dérouler en Tanzanie, pour vérifier l’efficacité vaccinale de MSP3, candidat qui a largement prouvé, conceptuellement, son intérêt.
Sources
"Long term clinical protection from falciparum malaria is strongly associated with IgG3 antibodies to Merozoite surface protein 3" : PLoS Medicine, 2007.
Christian Roussilhon (1), Claude Oeuvray (1), Christine Müller-Graf (2), Adama Tall (3), Christophe Rogier (3), Jean-François Trape (4), Michael Theisen (5), Aissatou Balde (6), Jean-Louis Pérignon (1), Pierre Druilhe (1).
1 Laboratoire de Parasitologie bio-médicale, Institut Pasteur, Paris, France.
2 Laboratoire d’Ecologie parasitaire évolutive, Pierre et Marie Curie Université, Paris, France.
3 Unité d’épidémiologie, Institut Pasteur de Dakar, Sénégal.
4. UR 077 Paludologie Afro-tropicale, Institut de Recherche pour le Développement, Dakar, Sénégal.
5. Statenseruminstitut, Copenhagen, Danemark.
6. Unité d’immunologie parasitaire, Institut Pasteur de Dakar, Sénégal.
Contact presse
Service de presse de l’Institut Pasteur, Corinne Jamma (cjamma@pasteur.fr) ou Nadine Peyrolo (npeyrolo@pasteur.fr) – tél : 01 40 61 33 41