L’Institut Pasteur a organisé, le 7 décembre 2018, une cérémonie en l’honneur des jeunes diplômés ayant réalisé leur thèse de science à l’Institut Pasteur au cours de l’année universitaire 2017-2018. Cette cérémonie existe depuis 2013. Ouverte par une conférence exceptionnelle du Pr. Serge Haroche, prix Nobel de Physique 2012, l’édition 2018 a mis à l’honneur, parmi ces jeunes scientifiques pasteuriens, cinq qui ont effectué leur thèse dans un institut membre du Réseau International des Instituts Pasteur.
« Nous sommes heureux et fiers d’accueillir sur le campus de l’Institut Pasteur ces jeunes diplômés qui incarnent une nouvelle génération de chercheurs du Réseau International des Instituts Pasteur» a déclaré Marc Jouan, Directeur International de l’Institut Pasteur.
Les cinq doctorantes ont réalisé leurs travaux dans les instituts Pasteur de Tunis, de Nouvelle-Calédonie, de Madagascar, Hellénique et au Pôle de Recherche Pasteur -Université de Hong-Kong sur des thématiques aussi variées que la caractérisation d’activités biologiques de protéines de glandes salivaires de tiques, l’étude des vecteurs d’arbovirose dans la région pacifique ou de la contribution des anophèles dans la propagation du parasite Plasmodium à Madagascar, l’étude des récepteurs liés aux maladies du système nerveux et l’étude de facteurs impliqués dans la réponse immune au cours de l’infection.
Chaima BEN SAOUD - Etude transcriptomique et protéomique des glandes salivaires de tiques
Laboratoire d'entomologie médicale, Institut Pasteur de Tunis
Université de Tunis-Elmanar
Chaima Ben Saoud a effectué ses travaux de thèse au sein du laboratoire d'entomologie médicale de l'Institut Pasteur de Tunis en collaboration avec le laboratoire de biochimie et de biophysique de l'institut Butantan-Sao-Paulo, Brésil. Durant sa thèse, Chaima a réalisé une étude transcriptomique et protéomique des glandes salivaires des tiques afin de découvrir de nouvelles molécules pharmacologiquement actives. Elle a aussi testé les effets des extraits des glandes salivaires sur les cellules tumorales et trouvé des résultats très prometteurs pour le développement de molécules antitumorales. Dans le cadre de ces travaux de recherche post doctorales, elle est impliquée dans un projet concernant la caractérisation de protéines recombinantes à intérêt pharmacologique.
Parallèlement à ces travaux de recherche, Chaima occupe, depuis Juin 2017, le poste de manager du projet H2020-InSPIRES. Ce projet réunit des praticiens et des experts d'Europe et d'ailleurs pour co-concevoir, piloter en commun, mettre en œuvre et développer des modèles innovants de Boutiques des Sciences (Science Shops).
Élodie CALVEZ - Amélioration des connaissances sur les épidémies d’arboviroses en Nouvelle‑Calédonie et dans la région Pacifique : importance du vecteur régional Aedes aegypti
Unité de Recherche et d’expertise Dengue et Arbovirus, Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie
Université́ de Nouvelle-Calédonie, École Doctorale du Pacifique
Après un Master 2 en Microbiologie Fondamentale et Appliquée obtenu en 2012 à Brest, Élodie Calvez rejoint l’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie (IPNC) pour travailler en tant qu’ingénieure dans le cadre d’un Volontariat de Service Civique. Pendant deux années, au sein de l’Unité de Recherche et d’expertise Dengue et Arbovirus, elle a travaillé sur divers projets, tels que l’étude génétique d’Aedes aegypti, principal vecteur d’arbovirus dans le Pacifique et a également commencé à étudier le virus Zika qui émergeait dans la région Pacifique.
À la suite de ces deux années, Élodie a souhaité réaliser sa thèse à l’IPNC. C’est en 2015 qu’elle débute son doctorat sous la direction de Myrielle Dupont-Rouzeyrol, sur un sujet principalement centré sur les interactions virus/vecteur, et en particulier sur la transmission des virus de la dengue et du Zika par le vecteur Ae. aegypti. Au cours de ces trois années de thèse, elle a complété sa formation en réalisant un stage de six mois à l’Institut Pasteur, dans l’unité Arbovirus et insectes vecteurs, dirigée par Anna-Bella Failloux et en participant au cours « Insectes vecteurs et transmission d’agents pathogènes » à l’Institut Pasteur.
Après l’obtention de son doctorat, Élodie a souhaité poursuivre ses recherches dans le Réseau International des Instituts Pasteur. Elle a ainsi rejoint l’unité Arbovirus et Maladies Virales Emergentes dirigée par Marc Grandadam à l’Institut Pasteur du Laos. Elle y étudie la caractérisation génétique et la transmission des arbovirus, et plus particulièrement le virus de la dengue, par les insectes vecteurs locaux. Élodie participe aussi activement à la formation en laboratoire du personnel lao.
Jessy Marlène GOUPEYOU YOUMSI - Contribution des anophèles dans la transmission de Plasmodium falciparum et Plasmodium vivax à Madagascar : établissement d’une plateforme expérimentale pour l’étude de leur compétence vectorielle
Unité d’Immunologie des maladies infectieuses, Institut Pasteur de Madagascar
Unité de Génomique évolutive modélisation et santé, Institut Pasteur
Sorbonne Université, École Doctorale Complexité du Vivant (ED515)
Originaire du Cameroun, Jessy Marlene GOUPEYOU est une entomologiste médicale. Vivant dans un pays d'endémie palustre, elle a très vite souhaité poursuivre ses études en parasitologie. Elle a ainsi rejoint, en 2012, une équipe de recherche de l'Organisation de coordination pour la lutte contre les espèces endémiques en Afrique centrale (OCEAC) afin de se former sur les méthodes approfondies de lutte anti-vectorielle et de résistance des moustiques et a obtenu, en 2013, son diplôme de maîtrise à l'Université de Yaoundé I (Cameroun).
Bénéficiant d’une bourse de doctorat Calmette et Yersin du Réseau International des Instituts Pasteur, Jessy Marlène a rejoint l'Unité Immunologie des maladies infectieuses de l'Institut Pasteur de Madagascar en 2015. Au cours de son doctorat, elle a grandement contribué à la mise en œuvre de la première plate-forme à Madagascar d’infection expérimentalement des moustiques locaux avec des parasites du paludisme humain. Jessy Marlène a participé à montrer la contribution majeure du moustique Anopheles coustani dans la transmission du paludisme dans la commune rurale d'Andriba à Madagascar. Dans le cadre de son projet de doctorat, elle a aussi été très active dans la formation d’étudiants en s’impliquant dans des activités de volontariat en tant que guide de projets de recherche de premier cycle. Jessy Marlène vient d'obtenir son doctorat à la Sorbonne Université (France), spécialisée en entomologie et en parasitologie. Son objectif pour les cinq années à venir est de poursuivre sa carrière scientifique dans le cadre de postdoctorats dans les domaines de la transmission du paludisme et à la lutte anti-vectorielle.
Dafni CHRONI-TZARTOU - Étude électrophysiologique et biochimique des récepteurs liés aux maladies du système nerveux central
Département de Neurobiologie, Institut Pasteur Hellénique
Département de Neurologie, hôpital Aeginition, Université d’Athènes
Université d’Athènes
Au cours de sa thèse, Dafni s’est intéressée aux relations expression/fonction des récepteurs neuronaux nicotinique de l’acétylcholine (nAChR ; sous-types a 2b2 et a 9a10) dans des lignées cellulaires de mammifères (HEK, CHO, TSA201) et dans des cultures cellulaires primaires (oocytes de Xenopus, lymphocytes et neurones), en utilisant les techniques de « voltage clamp avec deux électrodes » (TEV) et de « patch clamp ». Elle a ainsi acquis une expertise dans l’étude des propriétés électrophysiologiques des protéines de liaison voltage dépendantes aux ligands neuronaux (GABA, nAChRs, récepteurs au glutamate et à la glycine) dans les neurones humains dérivés iPSC. Son travail de recherche s’est aussi concentré sur l’étude de la cinétique des canaux ioniques ligands dépendants. Dafni a enfin travaillé sur la désensibilisation à la nicotine de nAChRs impliqués dans des tâches liées à la mémoire, telles que la mémoire de travail et l'amélioration de la cognition.
Akhee JAHAN - Étude des facteurs impliqués dans la régulation positive des déubiquitylases au cours de l’infection et de la réponse immune
Hong-Kong University-Pasteur Research Pole
Hong-Kong University
Akhee Jahan est née au Bangladesh et est citoyenne Hongkongaise. Au cours de son doctorat, Akhee s’est intéressée au interactions hôtes pathogènes dans le cadre des infections par le virus Influenza A. Elle s’est concentrée sur l’étude des facteurs impliqués dans la régulation positive des déubiquitylases au cours de l’infection et de la réponse immune. Elle a plus particulièrement étudié la contribution de l’ubiquitylation des récepteurs de reconnaissance de motifs moléculaires (PRRs, Pattern Recognition Receptors) impliqués dans la détection du virus Influenza A.
Une partie de son travail, incluant l’étude des déubiquitylases dans la signalisation des récepteurs des cellules T a été publié dans PNAS (Jahan et al., 2017). Son travail a aussi été présenté à l’oral aux symposiums à Keystone et à l’université de Hong-Kong et a fait l’objet de nombreux posters durant son doctorat. Les travaux réalisés par Akhee avant son doctorat ont été publiés, tels que l’étude du rôle médiateur des lipides dans l’inflammation (J Infect, 2015), de la sous-unité recombinante IAV Ha2 (Arch Virol, 2015) et la conservation de Chroococcidiopsis sp. (Mol Biol Evol, 2012).
Akhee a soutenu sa thèse en novembre dernier.