Les travaux de chercheurs de l'Institut Pasteur montrent que les bacilles à l'origine de la tuberculose seraient contemporains des premiers hominidés. Des études génétiques, menées sur des souches exceptionnelles de patients tuberculeux d'Afrique de l'Est, ont montré que ces bactéries et Mycobacterium tuberculosis, l'agent majeur de la tuberculose, ont tous évolué à partir d'un ancêtre commun vieux de 3 millions d'années. Cette étude publiée online sur le site de la Public Library of Science (PLoS), apporte un nouvel éclairage sur l'origine de M. tuberculosis et les bases moléculaires de son évolution.
Communiqué de presse
Paris, le 25 août 2005
Mycobacterium tuberculosis, l’agent majeur de la tuberculose infecte un tiers de la population mondiale et tue plus de 2 millions de personnes chaque année. En raison du faible taux de variation génétique entre les différentes souches de ce bacille, on estimait jusqu’à aujourd’hui que la tuberculose était une maladie relativement récente, apparue depuis environ 35 000 ans seulement. M. Cristina Gutiérrez, dans le Laboratoire de Référence des Mycobactéries dirigé par Véronique Vincent, a mené à l’Institut Pasteur un travail en collaboration avec les Unités de Biodiversité des Bactéries Pathogènes Emergentes et de Génétique Moléculaire Bactérienne de l’Institut Pasteur (Paris), l’Unité INSERM U629 (Institut Pasteur de Lille) et le Laboratoire de Biologie Clinique de l’HIA-Percy qui a montré que l’agent responsable de la tuberculose serait vieux de 3 millions d’années. Ce travail a été publié le 19 août dans le journal PLoS Pathogens.
Les chercheurs ont réalisé l’analyse génétique approfondie de souches exceptionnelles, responsables de tuberculose humaine en Afrique de l’Est. Ils ont déterminé que ces bacilles rares sont les représentants actuels de l’espèce progénitrice de Mycobacterium tuberculosis. Les différences génétiques entre Mycobacterium tuberculosis et les souches rares de l’Afrique de l’Est suggèrent que tous ces bacilles seraient dérivés d’un ancêtre commun, vieux de 3 millions d’années et contemporain des premiers hominidés vivant en Afrique de l’Est. Seul un clone de l’espèce progénitrice se serait dispersé dans le monde au cours des vagues de migration de nos ancêtres.
L’analyse moléculaire met également en évidence des traces d’échanges génétiques intervenus avant la dissémination de M. tuberculosis. Ces processus pourraient avoir joué un rôle crucial dans l’adaptation de ce pathogène à l’homme et contribué à son succès évolutif.
Sources
" Ancient Origin and Gene Mosaicism of the Progenitor of Mycobacterium tuberculoses " PLoS, 19 août 2005
M. Cristina Gutiérrez (1), Sylvain Brisse (2), Roland Brosch (3), Michel Fabre (4); Bahia Omaïs (1), Magali Marmiesse (3), Philip Supply (5), Véronique Vincent (1)
1. Laboratoire de Référence des Mycobactéries, Institut Pasteur, Paris
2. Unité de Biodiversité des Bactéries Pathogènes Emergentes, Institut Pasteur, Paris
3. Unité de Génétique Moléculaire Bactérienne, Institut Pasteur, Paris-
4. Laboratoire de Biologie Clinique, HIA Percy, Clamart, France
5. INSERM U629, Institut Pasteur de Lille, France
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