Des scientifiques ont reproduit le mécanisme de l’autophagie, stimulé par le jeûne intermittent. Ce processus permet la dégradation des déchets cellulaires ce qui est bon pour la santé. Mais ce processus perd naturellement en efficacité en vieillissant. Or l’autophagie est une piste pour « nettoyer » les neurones de leurs agrégats de protéines néfastes, dans des maladies comme Alzheimer ou Parkinson. Ainsi, en décryptant le mécanisme de l’autophagie, un espoir jaillit pour chercher à stimuler ce processus et peut-être guérir un jour les maladies neurodégénératives.
Le jeûne intermittent est devenu une pratique populaire au cours des dernières années. Ce régime est connu pour ses effets bénéfiques sur la santé. Plusieurs études1, 2, 3 ont montré que des pauses plus longues entre les repas réduisent le risque de crise cardiaque, d'accident vasculaire cérébral et de cancer.
En outre, le jeûne intermittent pourrait même prolonger notre durée de vie. Ces effets positifs sont liés à des processus biochimiques induits dans nos cellules par la privation de nourriture. L’un de ces processus s’appelle l’autophagie qui est une voie centrale de recyclage induite dans toutes les cellules de notre corps lorsque nous sommes affamés.
L’autophagie : un nettoyage cellulaire reproduit en laboratoire
La principale fonction de l’autophagie est de dégrader les composants cellulaires endommagés et indésirables. Au cours de l'autophagie, un sac membranaire se forme. Celui-ci fonctionne comme un sac poubelle et recueille les déchets cellulaires. Malgré d'intenses efforts de recherche, la manière dont les cellules produisent ces sacs poubelle restait un mystère.
Mais l’équipe Biochimie des membranes et transport de l’Institut Pasteur a percé ce secret4. Les chercheurs ont découvert que les cellules affamées produisent un conteneur composé de protéines, qui forme une coque pour stabiliser la membrane.
Les membranes de la cellule sont des barrières flexibles qui peuvent séparer les compartiments cellulaires. La flexibilité des membranes leur permet de prendre n’importe quelle forme. En ce qui concerne l’autophagie, les sacs poubelles cellulaires ont la forme d’un bol, ce qui leur permet de collecter et d’enfermer les déchets. La formation de ces bols membranaires dépend d’un échafaudage protéique qui s’assemble à la surface de la membrane. « Nous avons identifié les éléments de l’échafaudage et décodé la manière dont ils sont assemblés pour reproduire les sacs poubelles cellulaires », explique Jagan Mohan, chercheur au sein de l’équipe qui a fait cette importante découverte. « Pour comprendre le mécanisme moléculaire de ce processus, nous avons produit les composants de la poubelle cellulaire et avons ensuite assemblé l’échafaudage pas à pas sur des membranes artificielles. Cela nous a permis de reconstruire des sac poubelles cellulaires dans l’éprouvette et de révéler la structure et la fonction des composants de l’échafaudage protéique qui forme la poubelle ».
Vers la guérison des maladies liées à l’âge ?
« Notre découverte ouvre la voie à l’identification de médicaments qui activent l’autophagie en induisant la formation de sacs poubelles », explique Thomas Wollert, qui dirige l’équipe de recherche. En effet, « on sait que l’autophagie est une piste sérieuse pour dégrader les agrégats de protéines observés autour des neurones dans les maladies neurodégénératives ». Ce processus permet alors de ralentir le vieillissement. « Nous espérons utiliser ces médicaments pour traiter des patients souffrant des maladies d’Alzheimer ou de Parkinson. » Ces médicaments seraient également utiles pour prévenir le développement du diabète chez les patients à haut risque.
Jeûnes : attention aux régimes extrêmes et aux dérives sectaires !
Dans cette étude, les scientifiques font référence au jeûne intermittent 16/8 qui est une des méthodes de restriction alimentaire. Elle consiste à jeûner chaque jour durant 16 heures et se nourrir durant une fenêtre de 8 heures. Toutefois, pour obtenir des effets positifs, ce régime alimentaire doit être maintenu en permanence. Ce régime peut donc être déconseillé pour certaines personnes. Un avis médical est indispensable.
D’ailleurs, derrière la notion de jeûne intermittent se cachent des jeûnes plus extrêmes encore, risqués et déconseillés. Comme le 5:2 (jeûner 2 jours par semaine) ou le « Eat-Stop-Eat » (jeûner 24 heures, une ou deux fois par semaine). Ces pratiques extrêmes présentent des risques5, 6 pour la santé, et entrainent des carences nutritionnelles ou des troubles alimentaires. Des dérives sectaires sont parfois associées à ces régimes. Si vous désirez mettre en place un jeûne intermittent, demandez systématiquement conseil à votre médecin.
Sources
- Dong, TA et al. Intermittent Fasting: A Heart Healthy Dietary Pattern? Am J Med. doi: 10.1016/j.amjmed.2020.03.030. Epub 2020 Apr 21.
- Vasim, I et al. Intermittent Fasting and Metabolic Health. Nutrients. 2022 Jan 31;14(3):631. doi: 10.3390/nu14030631.
- Dong, H et al. Neuroprotective effects of intermittent fasting in the aging brain. Ann Nutr Metab. 2024 Apr 17.
- ATG16L1 induces the formation of phagophore-like membrane cups | Nature Structural & Molecular Biology
- Johnstone,A.(2015).“Fasting for weight loss : an effective strategy or latest dieting trend ?” Nature, International Journal of obesity
- Longo, V.D., & Mattson, M. P. (2014). “Fasting : molecular mechanisms and clinical applications.” Cell Metabolism. Fasting: Molecular Mechanisms and Clinical Applications - ScienceDirect