Juillet 2021 marque les 100 ans de la première vaccination d’un nourrisson avec le vaccin BCG. Si la tuberculose reste l’une des dix premières causes de mortalité dans le monde, ce vaccin, mis au point à l’Institut Pasteur, a fait diminuer fortement le nombre de cas. Retour sur sa découverte.
Albert Calmette arrive à Lille en 1897, en tant que directeur de la filiale de l’Institut Pasteur qui venait d’y être créée. C’est alors qu’il commence à s’intéresser à la tuberculose. Lille est encore une ville très ouvrière, et cette maladie y est répandue et mortelle.
Calmette et Guérin, deux chercheurs en quête d’un vaccin
Calmette commence un travail de longue haleine : la recherche d’un vaccin contre la tuberculose. Il fait alors appel à Camille Guérin, vétérinaire diplômé de l’école de Maison-Alfort et jeune chercheur de 24 ans. Guérin pourra notamment aider Calmette pour les expériences sur les animaux. Les bovins sont touchés par une souche de tuberculose bovine très proche de celle de l’homme, qu’on pensait à l’époque identique.
En 1908, Calmette et Guérin mettent en culture, afin de l’étudier, une souche de la tuberculose bovine isolée d’une mammite de vache. Ils ne se doutent alors pas que c’est cette mise en culture, sur un milieu constitué de fragments de pomme de terre autoclavé et de bile de bœuf, qui les mènera à la découverte du vaccin. Toutes les trois semaines, ils effectuent un repiquetage des bactéries. Le repiquetage consiste à prendre une partie des bactéries cultivées pour les mettre sur un nouveau milieu, toujours avec la même composition.
Une souche inoffensive obtenue après 13 ans et 230 repiquetages
Les bactéries issues de ces enchaînements de repiquetage sont ensuite inoculées à des jeunes bœufs. Ils observent tout d’abord une augmentation de la virulence des bactéries. Mais, à partir d’une trentaine de repiquetages, la virulence diminue. Calmette et Guérin continuent leurs expériences jusqu’à arriver, 13 ans et 230 repiquetages après la première mise en culture, à une souche totalement inoffensive ! Ils réalisent des expériences sur les bœufs qui montrent que cette souche ne les rend pas malades, mais leur confère une immunité contre la tuberculose.
En juillet 1921, le premier essai sur un nourrisson est réalisé. Calmette accepte de réaliser cet essai car le nourrisson est en danger de mort : sa mère est atteinte de tuberculose. L’enfant est sauvé grâce au vaccin. Celui-ci est alors administré à quelques centaines de nourrissons jusqu’en 1924, avant d’être généralisé sous le nom de BCG (Bilié de Calmette et Guérin, le nom donné au bacille atténué servant de vaccin).
Le vaccin BCG devient obligatoire en France à partir de 1950. Il a permis de faire chuter la mortalité due à la tuberculose, et fait partie du programme de vaccination élargie pour les pays en voie de développement de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il n’est plus obligatoire en France depuis 2007, mais reste fortement recommandé pour les populations à risque d’avoir été exposé à la tuberculose et les résidents de Guyane, Mayotte ou d’Île-de-France où la tuberculose circule encore.
Pour en savoir plus :
Un nouveau concept pour améliorer le BCG - Communiqué de presse Institut Pasteur
Cette étude entre dans le cadre de l’initiative Vaccinologie et immunothérapie du plan stratégique 2019-2023 de l’Institut Pasteur.