Mettant en œuvre leur stratégie de recherche collaborative, l’Institut Curie et l’Institut Pasteur, ont réuni un montant exceptionnel de 600 000 € pour financer deux projets de recherche structurants impliquant chacun deux équipes de leur établissement. Le projet MUCTOLIN, qui s’intéresse au rôle de la tolérance induite par le mucus pendant l'infection par Listeria, et le projet TicTac, qui vise à étudier les effets de la géométrie sur l’état sain ou cancéreux d’une cellule ou sur son développement, ont été retenus.
En 2022, l’Institut Curie et l’Institut Pasteur avaient témoigné leur souhait de développer une nouvelle stratégie de recherche collaborative, dans l’objectif affiché d’accélérer le développement d’inventions conjointes conduisant à la mise au point de produits ou services innovants en santé publique. La signature d’un accord-cadre avait formalisé ainsi la mise en commun des compétences scientifiques et des moyens techniques des deux centres dans le domaine de la recherche fondamentale, translationnelle et clinique. Cette convention assure notamment le maintien et la préservation d’une infrastructure technologique de pointe en Île-de-France au profit des chercheurs des deux instituts.
Afin d’initier les actions de collaboration, un financement exceptionnel de 600 000 € dédié au soutien de deux nouveaux projets de recherche structurants a été mis en place. Chaque groupe, composé d’au moins un collaborateur de l’Institut Curie et un collaborateur de l’Institut Pasteur, bénéficie alors d’une enveloppe de 300 000 € sur deux ans pour mener à bien ses travaux. Ainsi, le projet MUCTOLIN et le projet TicTac ont été retenus.
« A travers ce financement, l’Institut Curie et l’Institut Pasteur renforcent leur collaboration et partagent leurs expertises, se réjouit le Pr Alain Puisieux, directeur du Centre de recherche de l’Institut Curie. Cette coopération profitera assurément à l’amélioration des connaissances et à l’innovation dans les domaines de l’infectiologie et la cancérologie. »
« Le lancement de ces deux projets collaboratifs structurants est un temps fort de notre stratégie conjointe de recherche. Grâce à ces collaborations, l’Institut Pasteur et l’Institut Curie souhaitent contribuer significativement à l’avancement des connaissances dans les domaines phares de la biologie de l’infection et de celle du cancer », se félicite le Professeur Stewart Cole, directeur général de l’Institut Pasteur.
Projet MUCTOLIN : Le rôle de la tolérance induite par le mucus pendant l'infection par Listeria
Ce projet a pour but d'étudier le rôle du mucus intestinal dans l'immunité et plus particulièrement dans la capacité des phagocytes (macrophages, cellules dendritiques) à reconnaître des bactéries pathogènes. L'équipe du Dr Ana-Maria Lennon-Duménil a observé que le mucus jouait un rôle d'inactivation des phagocytes intestinaux. L'équipe de Marc Lecuit a, quant à elle, montré que, lors de l'invasion, le pathogène Listeria monocytogenes se couvrait de mucus. Sur la base de ces deux observations, ils ont émis l'hypothèse qu'en s'enrobant de mucus, la bactérie pouvait inactiver les phagocytes qui deviennent alors incapables de l'éliminer et/ou de les présenter aux lymphocytes T pour déclencher la réponse immune adaptative. La tolérance immunitaire intestinale est essentielle pour prévenir les pathologies inflammatoires. Ce travail pourrait ouvrir la voie à de nouvelles approches thérapeutiques pour ces maladies, qui représentent un problème social majeur.
Participants :
- Institut Curie : Dr Ana-Maria Lennon-Duménil, directrice de l’unité de recherche Immunité et cancer (Inserm U932) et cheffe de l’équipe de recherche Dynamique spatio-temporelle des cellules du système immunitaire (Inserm U932)
- Institut Pasteur : Marc Lecuit, responsable de l’unité Biologie des infections, directeur du département Biologie cellulaire et infection, et responsable du Centre national de référence Listeria
Projet Tictac : La géométrie intracellulaire du cancer et du développement
Comment la géométrie affecte-t-elle l’état sain ou cancéreux d’une cellule ? Peut-elle engager une cellule souche vers telle voie de différenciation plutôt qu’une autre ? Si on sait depuis longtemps que la géométrie est utilisée pour réguler l’information biologique, et que l’évolution l’utilise pour contrôler la manière dont les cellules traitent les informations encodées dans l’ADN, de nombreuses questions restent en suspens. En dépit d’études approfondies sur l’organisation de l’ADN, notre compréhension de la dynamique au niveau moléculaire des compartiments nucléaires sans membrane reste un défi. Les équipes de l’Institut Curie et de l’Institut Pasteur tenteront de décrypter l’influence des variants d’histone H3 sur le destin cellulaire dans le cancer (ainsi que dans d'autres contextes pathologiques) et au cours du développement. Ce projet fournirait de nouvelles approches pour comprendre l'encodage de l'information géométrique dans une cellule.
Participants :
- Institut Curie : Dr Geneviève Almouzni, cheffe de l’équipe de recherche Dynamique de la chromatine (CNRS UMR3664 / Sorbonne Université), Dr Bassam Hajj, chargé de recherche CNRS au sein de l’équipe du Dr Mathieu Coppey, Imagerie et contrôle optique de l'organisation cellulaire (CNRS UMR168 / Sorbonne Université)
- Institut Pasteur : Jean-Baptiste Masson, responsable du groupe à 5 ans Décision et processus Bayesiens ; Jean-Yves Tivenez, responsable du Hub d’analyse d’images ; Spencer Shorte et Nathalie Aulner, responsables de l’unité de technologie et service Biolmagerie Photonique (UtechS PBI) (S. Shorte est également responsable du Centre de ressources et de recherches technologiques) ; Stéphane Fournier, directeur délégué aux systèmes d'information.