La borréliose de Lyme est une maladie causée par des bactéries du genre Borrelia, transmises par une piqûre de tique du genre Ixodes. Des chercheurs de l’Institut Pasteur ont étudié, chez la souris, la transmission des bactéries par les tiques infectées par différentes espèces de Borrelia européennes et nord-américaines. La transmission des bactéries semble très rapide lors de la piqûre puisque l’infection se produit dans les premières 24 h suivant la morsure de la tique adulte, parfois même plus vite pour les nymphes. L’occasion de rappeler la nécessité d’enlever les tiques le plus tôt possible après la piqûre afin de prévenir l’infection.
La borréliose de Lyme est la maladie à transmission vectorielle la plus fréquente en Europe. Elle est causée par des spirochètes appartenant au complexe Borrelia burgdorferi, au sens large. Ce complexe comprend plusieurs espèces pathogènes pour l’homme: Borrelia burgdorferi sensu stricto, B. afzelii, B. garinii, B. bavariensis, B. spielmanii, B. valaisiana et B. lusitaniae. Les bactéries sont transmises par une piqûre de tique dure du genre Ixodes. En Europe, elle est transmise principalement par les tiques Ixodes ricinus. Les tiques peuvent parasiter un large éventail d’hôtes. L’homme est considéré comme un hôte accidentel et la transmission peut se produire lorsqu’il est en contact avec un environnement adapté à la tique.
Il existe plusieurs stades de développement de la tique (larve, nymphe et adulte) susceptible de mordre l’homme. Néanmoins, les transmissions de bactéries sont plutôt dues à des morsures de nymphes, dont la densité est plus élevée et qui du fait de leur petite taille passent plus facilement inaperçues.
Le temps d’attachement de la tique nécessaire à la transmission des bactéries à l’hôte vertébré est un paramètre essentiel dans la prise en compte du risque de transmission et des mesures de prévention de l’infection. Il est généralement indiqué que le risque de transmission augmente avec la durée de fixation de la tique. En Europe, il est régulièrement énoncé que le risque de transmission est réel après 24 heures d’attachement.
Dans cette étude, nous nous sommes intéressés à définir la cinétique de l’infection par les tiques Ixodes ricinus (nymphes et femelles adultes) infectées par différentes souches ou espèces de Borrelia (européennes et nord-américaines), chez un modèle murin. Nous avons également comparé la dissémination de différentes souches et espèces de Borrelia par divers modes d’inoculation (via des tiques infectées ou par injection de bactéries).
Contrairement aux souches américaines, toutes les espèces européennes de B. burgdorferi que nous avons étudiées ont été détectées dans les glandes salivaires des tiques adultes avant le repas sanguin, suggérant la possibilité d’une transmission rapide des bactéries lors de la piqûre. En bon accord, l’infection se produit dans les premières 24 heures suivant la morsure de la tique adulte. De plus, notre analyse montre que les nymphes infectées par les espèces européennes de B. burgdorferi sont capables de transmettre ces pathogènes dans les 12 heures qui suivent l’attachement des tiques. Notre étude prouve que la transmission de B. burgdorferi peut survenir plus rapidement que ce qui spécifié dans la littérature. Il est donc nécessaire d’enlever les tiques le plus tôt possible après la piqûre afin de prévenir l’infection.
De plus, notre étude démontre que le tropisme des Borrelia varie selon la souche et l’espèce étudiées, expliquant la variété des manifestations cliniques de la borréliose de Lyme. Nous montrons également une différence de tropisme des Borrelia après morsure de tique, confirmant le rôle de la salive des tiques dans l’efficacité de l’infection et la dissémination chez les hôtes vertébrés.
Source :
Infection Kinetics and Tropism of Borrelia burgdorferi sensu lato in Mouse After Natural (via Ticks) or Artificial (Needle) Infection Depends on the Bacterial Strain, Front. Microbiol., 31 juillet 2018
Natacha Sertour 1, Violaine Cotté1, Martine Garnier 1, Laurence Malandrin2, Elisabeth Ferquel 1†‡ and Valérie Choumet 1,3*†
1. CNR des Borrelia, Institut Pasteur, Paris, France,
2 BIOEPAR, INRA, Oniris, Université Bretagne Loire, Nantes, France,
3. Unité Environnement et Risques Infectieux, Institut Pasteur, Paris, France