Des chercheurs de l’Institut Pasteur, de l’Inserm et l’université Paris-Descartes viennent d’identifier un nouveau mécanisme de défense de l’organisme contre la bactérie Listeria monocytogenes. Ils ont montré que la bactérie induit la prolifération des cellules intestinales, entrainant la diminution du nombre de cellules caliciformes qui produisent le mucus. Ceci induit un blocage de l’infection, car ces cellules sont spécifiquement ciblées par la bactérie pour disséminer dans l’organisme. Ce mécanisme fait intervenir les cellules stromales, démontrant ainsi leur rôle dans la réponse immunitaire contre les infections.
Listeria monocytogenes est une bactérie qui peut contaminer les aliments et être responsable de la listériose, qui peut se traduire par une infection du fœtus chez la femme enceinte, et une infection du cerveau chez certains patients fragilisés (lire notre fiche maladie « Listériose »). Cette bactérie est également un outil remarquable utilisé en recherche en biologie, notamment pour l’étude du système immunitaire.
Listeria franchit la barrière intestinale par deux portes d’entrée distinctes. Elle traverse d’une part la barrière intestinale au niveau des cellules caliciformes des villosités intestinales, ce qui permet la dissémination de la bactérie dans l’organisme. Listeria traverse aussi la barrière intestinale au niveau des plaques de Peyer, qui sont des zones de l’intestin spécialisées dans la réponse aux infections, ce qui permet au système immunitaire de détecter la bactérie.
Dans cette étude, les chercheurs ont démontré que Listeria, en pénétrant au niveau des plaques de Peyer, induit une prolifération des cellules des villosités, qui entraine également une baisse du nombre de cellules caliciformes, ce qui a pour effet de bloquer l’infection des villosités par Listeria. Le mécanisme par lequel Listeria induit la prolifération des cellules intestinales et la diminution des cellules caliciformes était inconnu, et fait intervenir des cellules particulières situées au voisinage des cellules souches de l’intestin, appelées cellules stromales. Cette étude démontre que les cellules stromales sont impliquées dans la réponse immunitaire contre les infections. Les cellules caliciformes étant impliquées dans la production de mucus protégeant la barrière, leur diminution entraine également une augmentation de la susceptibilité de l’hôte à l’inflammation du côlon. Des études complémentaires seront nécessaires pour savoir si cette inflammation du côlon potentiellement favorisée par Listeria a un impact clinique.
Source
Peyer’s patch myeloid cells infection by Listeria signals through gp38+ stromal cells and locks intestinal villus invasion, J. Exp. Med., 24 octobre 2018.
Olivier Disson1,2, Camille Blériot1,2*, Jean‑Marie Jacob3,4*, Nicolas Serafini5,6*, Sophie Dulauroy4,7, Grégory Jouvion8, Cindy Fevre1,2, Grégoire Gessain1,2, Pierre Thouvenot1,2, Gérard Eberl4,7, James P. Di Santo5,6, Lucie Peduto3,4, and Marc Lecuit1,2,9
1. Institut Pasteur, Biology of Infection Unit, Paris, France ;
2. Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale U1117, Paris, France ;
3. Institut Pasteur, Stroma, Inflammation and Tissue Repair Unit, Paris, France ;
4. Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale U1224, Paris, France ;
5. Institut Pasteur, Innate Immunity Unit, Paris, France;
6. Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale U1223, Paris, France ;
7. Institut Pasteur, Microenvironnement and Immunity Unit, Paris, France ;
8. Institut Pasteur, Human Histopathology and Animal Models Unit, Paris, France;
9. Paris Descartes University, Department of Infectious Diseases and Tropical Medicine, Necker-Enfants Malades University Hospital, APHP, Institut Imagine, Paris, France.
*C. Blériot. J.-M. Jacob, and N. Serafini contributed equally to this paper.